Niger: Les militaires au pouvoir s'en prennent à la France à la veille d'un important sommet

Un partisan du Conseil national nigérien pour la sauvegarde de la patrie (Photo, AFP).
Un partisan du Conseil national nigérien pour la sauvegarde de la patrie (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 10 août 2023

Niger: Les militaires au pouvoir s'en prennent à la France à la veille d'un important sommet

  • Le régime militaire a accusé la France d'avoir violé dans la matinée l'espace arien nigérien, fermé depuis dimanche
  • Les Etats-Unis ont exprimé mercredi leur inquiétude à propos des conditions de détention du président Bazoum

NIAMEY: Les militaires qui ont pris le pouvoir par un coup d'Etat à Niamey ont accusé mercredi la France, normalement un allié du Niger, d'avoir libéré des djihadistes et violé l'espace aérien du pays, à la veille d'un important sommet sur cette crise.

Les dirigeants des pays membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), opposés au coup d'Etat au Niger, donnent toujours la priorité à la diplomatie, tout en maintenant la menace d'intervention armée.

Ils doivent se réunir jeudi lors d'un sommet de la Cedeao à Abuja, la capitale du Nigeria, pour évaluer la situation au Niger.

Mercredi soir, un ex-émir de l'Etat de Kano (nord du Nigeria) et proche du président nigérian Bola Tinubu, qui dirige actuellement la Cedeao, a tenté une médiation avec le régime militaire à Niamey.

"Nous avons parlé avec le chef de l'Etat", le général Abdourahamane Tiani, nouvel homme fort du Niger, et "nous allons retourner au Nigeria pour transmettre au président" Bola Tinubu un "message" du général, a déclaré l'ex-émir, Sanusi Lamido Sanusi, à la télévision nationale nigérienne.

Mardi, une délégation conjointe de la Cedeao, de l'Union africaine (UA) et de l'ONU n'avait pu se rendre à Niamey, sa mission ayant été annulée par les militaires pour des raisons de "sécurité", face à la "colère" des "populations".

Le report de la visite de cette délégation s'ajoutait à un autre signe de défiance des nouveaux dirigeants nigériens: la nomination lundi soir d'un Premier ministre civil, Ali Mahaman Lamine Zeine, qui semble être la première étape vers la désignation d'un gouvernement de transition.

S'envolant pour Abuja mercredi soir, le président de Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo a lancé: "Le seul président que nous reconnaissons (au Niger), c'est (le président renversé Mohamed) Bazoum".

"Si vous ne voulez pas d'un gouvernement ou d'un président, sanctionnez-le par les urnes (...) Les coups d'Etat doivent être bannis", a-t-il ajouté, estimant que la Cedeao, dont son pays et le Niger font partie, jouait son existence après les putsch dans trois autres Etats membres (Mali, Guinée, Burkina Faso) depuis 2020.

L'existence de la Cedeao en jeu, selon le président de Guinée-Bissau

Le président de Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo a déclaré mercredi que l'existence de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) était en jeu dans la crise nigérienne, à la veille d'un nouveau sommet de l'organisation sur le coup d'Etat militaire à Niamey.

M. Embalo a déclaré à des journalistes que le président Mohamed Bazoum, destitué par les militaires nigériens, était seul légitime, au moment de prendre l'avion pour Abuja, où la Cedeao tient sommet jeudi.

"Le seul président que nous reconnaissons, c'est Bazoum. C'est lui que le peuple a choisi", a-t-il dit.

Inquiétudes pour Bazoum
Les Etats-Unis ont exprimé mercredi leur inquiétude à propos des conditions de détention du président Bazoum, détenu depuis le coup d'Etat du 26 juillet dans sa résidence présidentielle.

"Nous sommes fortement inquiets pour sa santé et sa sécurité ainsi que celle de sa famille", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller, à la suite d'un appel entre le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et M. Bazoum.

Selon M. Miller, les inquiétudes des Etats-Unis sur la santé du dirigeant étaient l'une des raisons pour lesquelles l'adjointe par intérim du secrétaire d'Etat, Victoria Nuland, avait cherché à rencontrer le président Bazoum lors d'un déplacement inopiné au Niger lundi - en vain. Mme Nuland avait rencontré certains auteurs du coup d'Etat, une réunion à laquelle n'a pas participé le général Abdourahamane Tiani. Les discussions "ont été extrêmement franches et par moment assez difficiles", avait-elle reconnu.

Le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) de M. Bazoum a affirmé que le président était séquestré sans eau ni électricité et vivait sur des réserves.

Mercredi, le régime militaire a accusé la France d'avoir violé dans la matinée l'espace arien nigérien, fermé depuis dimanche, avec un avion de l'armée française venu du Tchad, et d'avoir "libéré des terroristes".

Sans faire de lien direct avec cette "libération" de jihadistes, mais dans un même communiqué, le régime nigérien a annoncé que, mercredi matin, "la position de la garde nationale de Boukou", dans la zone des trois frontières entre Niger, Burkina Faso et Mali, "a fait l'objet d'une attaque" dont "le bilan n'est pas encore établi".

"Nous assistons à un véritable plan de déstabilisation de notre pays", affirme le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) au pouvoir à Niamey, dont le but est de le "discréditer" et de "créer une rupture avec le peuple qui le soutient, de créer un sentiment d'insécurité généralisée".

Des accusations aussitôt démenties par Paris. "Le vol effectué ce matin (mercredi) a été autorisé et coordonné avec l'armée nigérienne", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale française. "Et aucun terroriste n'a été libéré par les forces françaises".

Le régime militaire accuse la France d'avoir violé son espace aérien, libéré «des terroristes»

Les "forces françaises ont fait décoller" mercredi de N'Djamena, au Tchad, "un avion militaire" à "6H01 locales", indique un communiqué du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) qui a pris le pouvoir au Niger, ajoutant: "Cet aéronef a volontairement coupé tout contact avec le contrôle aérien à l'entrée de notre espace de 6H39 à 11H15 locales".

Dans le même communiqué, le CNSP accuse Paris d'avoir "d'une façon unilatérale libéré des terroristes prisonniers", le mot "terroriste" désignant des jihadistes armés.

Dans le même communiqué, le CNSP accuse Paris d'avoir "d'une façon unilatérale libéré des terroristes prisonniers"

Mali et Burkina solidaires
La France, régulièrement vilipendée lors de manifestations en Afrique de l'Ouest, a fait savoir mardi de source diplomatique qu'elle appuyait "les efforts des pays de la région pour restaurer la démocratie" au Niger.

Plusieurs dignitaires et ministres nigériens ont été arrêtés, le dernier en date connu étant mardi le fils de l'ambassadrice du Niger en France, Aïchatou Boulama Kané, qui avait refusé d'abandonner son poste en dépit de l'injonction des militaires ayant pris le pouvoir.

Le Mali et le Burkina Faso, également dirigés par des militaires ayant pris le pouvoir par la force respectivement depuis 2020 et 2022, ont de leur côté affiché leur solidarité avec le Niger. Ils ont affirmé que si le pays était attaqué par la Cedeao, ce serait "une déclaration de guerre" pour eux.

Mardi, ils ont adressé des lettres conjointes à l'ONU et à l'UA en en appelant à leur "responsabilité" pour empêcher "toute intervention militaire contre le Niger dont l'ampleur des conséquences sécuritaires et humanitaires serait imprévisible".


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.