BEYROUTH: Malgré tout le battage médiatique autour de leur livraison en 2022, de nombreux bus français offerts par la France au Liban ne sont toujours pas en service.
En mai 2022, la Régie autonome des transports parisiens (RATP) a fait don de cinquante bus au Liban dans le cadre d'un accord visant à améliorer le réseau de transport du pays, qui repose en grande partie sur des bus gouvernementaux délabrés et des microbus privés. Aujourd’hui, ces bus français sont «abandonnés sur un parking» à Beyrouth, selon un reportage de Brut.
Ce don avait pour but de répondre à un besoin urgent, tout en encourageant le développement des transports publics du pays du Cèdre. Mais plus d'un an après, ces bus ne sont toujours pas opérationnels. En l'absence d'itinéraires, d'horaires et d'arrêts clairs, prendre l'un de ces bus offerts par la France semble être une mission impossible.
Le directeur général de l'Autorité des chemins de fer et des transports publics, Ziad Nasr, a indiqué à The National en mai 2002 que seuls quinze des cinquante bus étaient en service, sur quatre itinéraires différents à Beyrouth. Il en a expliqué la raison.
«Nous n'avons pas la capacité de faire fonctionner l'ensemble des bus, en raison de nos ressources humaines et matérielles limitées: nous devons payer le carburant, les pièces détachées et les salaires des employés», a-t-il déclaré au média.
Le prix d'un voyage en bus est passé de 20 000 livres libanaises en 2022 à 100 000 (1 euro) en août 2023. Désormais, aucun de ces bus ne circule, non seulement à cause de l’inflation qui empêche les autorités de procurer à ces véhicules de l’essence, mais aussi à de nombreuses grèves dans le secteur de l'inspection mécanique.
Les travailleurs des centres d'inspection mécanique se sont mis en grève à plusieurs reprises en raison de la détérioration de leurs conditions de travail. Le syndicat des importateurs de voitures d'occasion s'est organisé pour protester contre la fermeture des centres d'inspection et les promesses de réouverture non tenues, mais en vain.
Depuis ce fameux mois de mai 2022, l'examen mécanique des voitures est suspendu jusqu'à nouvel ordre, ainsi que toutes les opérations liées à l'immatriculation des voitures, au renouvellement ou à l'octroi du permis de conduire. Bien que les bus de la RATP aient été immatriculés, un autre obstacle persiste sous la forme d'une pénurie de chauffeurs due à l'absence de fonds pour leur recrutement.
Outre le manque de fonds, le pays nécessite une stratégie complète de la part des autorités afin d’élaborer un système officiel de gestion des transports publics. Par ailleurs, ces autorités ne semblent pas en mesure de contrôler le transport public libanais, et encore moins d’assurer la circulation de ces bus français «abandonnés».