A la veille d’une possible intervention militaire, Niamey retient son souffle

Une femme tient l'image du président nigérien déchu Mohamed Bazoum, 63 ans, détenu par des conspirateurs avec sa famille dans sa résidence officielle de Niamey depuis le 26 juillet, lors d'une manifestation devant l'ambassade du Niger, à Paris, le 5 août 2023. (AFP)
Une femme tient l'image du président nigérien déchu Mohamed Bazoum, 63 ans, détenu par des conspirateurs avec sa famille dans sa résidence officielle de Niamey depuis le 26 juillet, lors d'une manifestation devant l'ambassade du Niger, à Paris, le 5 août 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 06 août 2023

A la veille d’une possible intervention militaire, Niamey retient son souffle

  • Le putsch est vécu comme une libération pour nombre de petits commerçants aux prises avec une situation économique morose
  • Face à une classe politique jugée corrompue, l’armée nationale a conservé son prestige. Et en cas de guerre contre les forces de la Cedeao, la victoire ne fait aucun doute

NIAMEY: Déterminés, ou inquiets. A la veille d’une possible intervention des forces ouest-africaines contre la junte au pouvoir, nombre d’habitants de Niamey s'élèvent contre une opération militaire aux conséquences potentiellement dévastatrices.

La capitale est un fief des opposants au régime déchu du président Mohamed Bazoum, toujours retenu en otage par les militaires. Et dans les ruelles poussiéreuses du quartier Boukoki, la perspective d’une intervention des forces de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est accueillie avec défi.

"On va se battre pour cette révolution, on ne va pas reculer devant l’ennemi, on est déterminés", martèle Adama Oumarou, résidente du quartier. "Ce coup, on l’attendait depuis longtemps. Quand il est arrivé pour nous, ça a été un ouf de soulagement !" assure-t-elle.

Une détermination largement partagée dans ces allées bordées d’échoppes où résonnent les saccades des machines à coudre.

Victoire certaine 

"Si la Cedeao intervient, ça va encore aggraver la situation. Mais les gens sont prêts et la population va soutenir les nouveaux dirigeants, parce que nous voulons du changement", assure Jackou, commerçant dans le textile, assis à l’intérieur d’une boutique aux murs fanés.

Le putsch est vécu comme une libération pour nombre de petits commerçants aux prises avec une situation économique morose dans un pays classé parmi les plus pauvres au monde, après douze années de pouvoir du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS).

Face à une classe politique jugée corrompue, l’armée nationale a conservé son prestige. Et en cas de guerre contre les forces de la Cedeao, la victoire ne fait aucun doute.

"On a confiance en nos soldats !", lance Abdoulaye Issaka, assis derrière sa machine à coudre, au milieu de piles de tissus enchevêtrés.

"On a le soutien du Mali, du Burkina, ça nous a beaucoup renforcés", assure cet artisan, alors que Bamako et Ouagadougou ont averti que "toute intervention militaire contre le Niger serait considérée comme une déclaration de guerre" à leur encontre.

"Comment progresser dans une ville ou toute la population est hostile à la Cedeao? On va se battre dans tous les recoins", promet Amadou Bounty Diallo, analyste et ancien militaire qui se dit prêt à renfiler l’uniforme.

Conflit fratricide

Plus qu’une défaite militaire jugée improbable, c’est la perspective d’un conflit fratricide qui inquiète.

Dans ce quartier populaire, nombre de boutiques sont tenues par des expatriés du Nigeria voisin: ils disent craindre des représailles en cas d’intervention des forces de leur pays.

"Nous n’avons pas besoin de ce conflit, estime Muhammad, couturier installé au Niger depuis cinq ans. "Nous savons que les gens du Niger seront en colère, ils vont nous regarder comme des ennemis. Si quelque chose se passe, on va rentrer au Nigeria ", assure-t-il.

"Mes parents m’ont appelé pour que je rentre au pays mais moi je reste, je n’ai pas peur", affirme Mustapha Ousmane, employé dans la boutique d’Abdoulaye Issaka.

Un collègue nigérien fait mine de lui trancher la gorge avec son pouce, et éclate de rire.

L’heure est encore à la plaisanterie et la perspective d’un conflit entre pays "frères" reste inimaginable pour les ressortissants des deux pays, qui entretiennent des liens commerciaux, linguistiques et familiaux étroits.

"Si les pays de la Cedeao prennent les armes, ils vont tuer leurs frères, et nous aussi on va les tuer, et après comment on va se regarder ? Ça n’a pas de sens !", souffle Jackou.

Et si les partisans d'une intervention se font discrets, même les soutiens du régime déchu ne sont pas tous convaincus du bien-fondé d’une opération qui pourrait faire des victimes civiles.

"Il n’y a qu’à laisser la transition puis aller aux élections. La guerre, ce n’est pas la solution. Il peut y avoir beaucoup de morts, et pas seulement au palais, mais aussi dans les quartiers", s’inquiète Indou, employée d’une agence de transfert d’argent par téléphone.

"Où est-ce que je vais aller ? J’ai pas les moyens de me défendre, on n’a que nos doigts pour prier", dit la jeune femme, fataliste.

Indou s’en remet à Dieu, comme nombre d’habitants d’un pays à 98% musulman, où la religion rassemble quand la politique divise.

"On prie Allah pour qu’il protège notre pays. Dans les mosquées, à la maison, dans les rues, chaque instant", déclare Adama Oumarou.

Face à des lendemains incertains, le flegme domine et une formule revient dans toutes les bouches : "Dieu seul sait… Inch'allah !"


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

 Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.