Possible intervention militaire au Niger: le compte à rebours a commencé

Des centaines de personnes soutenant le coup d'État au Niger se sont rassemblées le 3 août 2023 pour un grand rassemblement dans la capitale Niamey, certaines brandissant des drapeaux russes géants. (Photo AFP)
Des centaines de personnes soutenant le coup d'État au Niger se sont rassemblées le 3 août 2023 pour un grand rassemblement dans la capitale Niamey, certaines brandissant des drapeaux russes géants. (Photo AFP)
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Publié le Samedi 05 août 2023

Possible intervention militaire au Niger: le compte à rebours a commencé

  • Vendredi, les chefs d'état-major de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest ont «défini les contours d'une «éventuelle intervention militaire» contre la junte nigérienne
  • Le 30 juillet, quatre jours après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, la Cédéao avait donné sept jours aux putschistes, soit jusqu'à dimanche soir, pour le rétablir dans ses fonctions, sous peine d'utiliser «la force»

NIAMEY, Niger : La pression de la communauté internationale s'accentuait samedi sur les putschistes qui ont pris le pouvoir au Niger, à la veille de la fin d'un ultimatum du bloc ouest-africain (Cedeao) qui s'est dit prêt à intervenir militairement, tandis que les Etats-Unis ont suspendu certaines aides au développement.

Vendredi, les chefs d'état-major de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest ont «défini les contours d'une «éventuelle intervention militaire» contre la junte nigérienne, selon un responsable de l'organisation régionale.

«Tous les éléments d'une éventuelle intervention ont été élaborés lors de cette réunion, y compris les ressources nécessaires, mais aussi la manière et le moment où nous allons déployer la force», a déclaré le commissaire chargé des Affaires politiques et de la Sécurité, Abdel-Fatau Musah, à l'issue d'une réunion à Abuja.

Le 30 juillet, quatre jours après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, la Cédéao avait donné sept jours aux putschistes, soit jusqu'à dimanche soir, pour le rétablir dans ses fonctions, sous peine d'utiliser «la force».

Plusieurs armées ouest-africaines comme le Sénégal se sont dites prêtes à envoyer des soldats, tout comme la Côte d'Ivoire, selon une source proche de la délégation ivoirienne à Abuja qui n'a pas précisé le nombre éventuel d'hommes mobilisés.

«La décision d'intervenir est entre les mains des politiques», a ajouté cette source.

- Solution diplomatique -

D'autres pays ouest-africains, le Mali et le Burkina, gouvernés par des militaires putschistes et suspendus des instances de la Cedeao, ont eux prévenu qu'ils seraient solidaires du Niger et que toute intervention militaire serait considérée comme «une déclaration de guerre» à leur encontre.

Le Tchad, importante puissance militaire africaine et pays voisin du Niger a d'ores et déjà indiqué qu'il ne participerait à aucune intervention.

«Le Tchad n'interviendra jamais militairement. Nous avons toujours prôné le dialogue. Le Tchad est un facilitateur», a déclaré Daoud Yaya Brahim, le ministre de la Défense de ce pays qui n'est toutefois pas membre de la Cedeao.

Les putschistes de Niamey, dirigés par le général Abdourahamane Tiani, ont de leur côté promis une «riposte immédiate» à «toute agression».

La solution diplomatique continue toujours d'être privilégiée selon M. Musah, rejoint sur ce point par le Bénin, pays voisin du Niger et membre de la Cedeao.

Si plusieurs chancelleries occidentales ont également prôné le dialogue, notamment l'Allemagne qui a appelé à poursuivre les «efforts de médiation», la possibilité d'une intervention n'est pas écartée.

«C'est une menace crédible», a jugé la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, samedi sur France info.

La cheffe de la diplomatie française estime qu'«il faut prendre très au sérieux la menace de recours à une intervention par ces pays», tout en rappelant qu'il reste «encore un peu de temps pour les putschistes» pour rendre le pouvoir.

- «Veille» citoyenne -

Après la France, l'Allemagne et les Pays-Bas, les Etats-Unis, partenaire important du Niger, ont suspendu des programmes d'aide tout en maintenant leur aide humanitaire «vitale».

L'aide au gouvernement «dépend d'une gouvernance démocratique et du respect de l'ordre constitutionnel», a écrit vendredi le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.

A Niamey, plusieurs manifestations rassemblant tantôt des centaines tantôt des milliers de pro-putschistes, ont eu lieu ces derniers jours.

«Le Niger sera le tombeau de la Cedeao des chefs d’Etat au profit de la Cedeao des peuples», déclarait vendredi devant environ 200 étudiants le secrétaire général de l’Union des scolaires nigériens, Bakin Batoure Almoustapha, en appelant les étudiants à soutenir sans réserve les putschistes.

Des «brigades de veille» citoyennes ont également été mises en place sur plusieurs ronds-points de la capitale pour «surveiller la menace extérieure».

Dans un décret lu jeudi soir à la télévision, la junte avait appelé «la population nigérienne à la vigilance à l'égard des espions et des forces armées étrangères», et invité les citoyens à transmettre aux autorités «toute information relative à l'entrée ou au mouvement d'individus suspects».

Les relations entre la junte au Niger et l'ancienne puissance coloniale française se sont rapidement dégradées.

Les putschistes ont dénoncé jeudi soir des accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec la France, qui déploie au Niger un contingent militaire de 1.500 soldats pour la lutte antiterroriste.

-L'appui de Paris-

La France a souligné samedi qu'elle appuyait «avec fermeté et détermination» les efforts de la Cedeao pour faire échouer la tentative de putsch au Niger, à la veille de la fin d'un ultimatum de ce bloc ouest-africain, qui se dit prêt à intervenir militairement.

«Il en va de l'avenir du Niger et de la stabilité de toute la région», a souligné le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le 30 juillet, quatre jours après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, la Cedeao avait donné sept jours aux putschistes, soit jusqu'à dimanche soir, pour le rétablir dans ses fonctions, évoquant un recours à «la force».

«C'est une menace crédible», a jugé la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, samedi sur France info.

Elle a reçu dans la matinée au Quai d’Orsay, le Premier ministre de la République du Niger, Ouhoumoudou Mahamadou, a indiqué le ministère dans son communiqué, précisant que le chef du gouvernement était accompagné de l'ambassadrice du Niger en France, Aichatou Boulama Kane.

«La ministre a réaffirmé le plein soutien de la France au président Bazoum, élu par le peuple nigérien, et à son gouvernement, qui sont les seules et uniques autorités légitimes du Niger», a-t-elle dit.

Alors que l'ultimatum expire dimanche, Paris «appelle solennellement les responsables de cette tentative de coup d'Etat à libérer le président Bazoum et tous les membres de son gouvernement, et à permettre le retour immédiat à l'ordre constitutionnel et démocratique», déclare enfin le Quai d'orsay.

 


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.