D'une gravité sans précédent, l'inculpation de Trump teste la démocratie américaine

Des ouvriers installent des barricades de sécurité devant le Capitole à Washington, DC, le 2 août 2023, avant la mise en accusation de l'ancien président américain Donald Trump. (AFP).
Des ouvriers installent des barricades de sécurité devant le Capitole à Washington, DC, le 2 août 2023, avant la mise en accusation de l'ancien président américain Donald Trump. (AFP).
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Publié le Jeudi 03 août 2023

D'une gravité sans précédent, l'inculpation de Trump teste la démocratie américaine

  • Dans l'acte d'accusation de 45 pages publié mardi, celui qui reste le favori des républicains pour la présidentielle de 2024 est décrit comme ayant mis au point un «projet criminel» pour empêcher une transition pacifique
  • Il s'agit des accusations les plus sérieuses à être portées contre l'ex-chef de l'Etat, déjà poursuivi au pénal dans l'affaire de la gestion supposée négligente des documents confidentiels de la Maison Blanche

WASHINGTON : Chaque inculpation de Donald Trump ces derniers mois a été, à sa façon, historique. Mais la dernière atteint un nouveau palier: en l'accusant de complot contre l'Etat, elle dépeint un ancien président si déterminé à rester au pouvoir qu'il a mis en danger les fondations de la démocratie américaine.

Dans l'acte d'accusation de 45 pages publié mardi, celui qui reste le favori des républicains pour la présidentielle de 2024 est décrit comme ayant mis au point un "projet criminel" pour empêcher une transition pacifique.

Pour l'historien Jon Meacham, l'inculpation vient sanctionner "l'un des épisodes les plus sombres" de l'histoire américaine, au cours duquel l'ex-président "a placé sa propre ambition au-dessus de tout le reste".

"La Constitution a plié après l'élection de 2020. Elle ne s'est pas brisée. Mais cela ne veut pas dire qu'elle ne se brisera pas", a-t-il averti sur MSNBC, soulignant les enjeux pour la démocratie américaine.

Si le milliardaire de 77 ans avait le droit, affirme l'acte de mise en accusation, de contester haut et fort sa défaite à l'élection de 2020, il est entré dans l'illégalité en "conspirant" avec d'autres - non nommés - pour inverser le résultat de l'élection, remportée par le démocrate Joe Biden.

Et il a diffusé des mensonges en toute connaissance de cause, selon le texte, "pour créer une atmosphère nationale de méfiance et de colère et saper la confiance publique dans la gestion de l'élection".

A l'issue d'une enquête de plusieurs mois, supervisée par le procureur spécial Jack Smith, Donald Trump est accusé d'avoir "poussé des responsables dans certains Etats à ignorer le vote populaire"; d'être à l'origine d'un stratagème impliquant de "faux grands électeurs"; d'avoir fait pression sur son vice-président Mike Pence pour qu'il use de son rôle cérémoniel lors de la certification des résultats afin de modifier ces derniers à son avantage.

Et aussi d'avoir "exploité" l'assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, pour "redoubler d'efforts et faire état de fausses allégations de fraude électorale".

«Le plus important»

Il s'agit des accusations les plus sérieuses à être portées contre l'ex-chef de l'Etat, déjà poursuivi au pénal dans l'affaire de la gestion supposée négligente des documents confidentiels de la Maison Blanche et celle des paiements suspects à une ancienne actrice de films X.

"Les inculpations de Trump sont véritablement historiques" car aucun ancien président américain n'a été "accusé de répandre des mensonges concernant une élection et d'avoir tenté d'utiliser l'autorité du gouvernement pour contrer la volonté des électeurs exprimée lors d'une élection présidentielle", affirme à l'AFP Carl Tobias, professeur de droit à l'université de Richmond.

Et l'acte d'accusation est "légalement extrêmement solide", ajoute-t-il, parce qu'il explique "clairement et de manière exhaustive les lois et les faits montrant comment Trump était conscient de ses mensonges".

Pour Richard Hasen, professeur de droit à l'université de Californie Los Angeles, "ce n'est pas une hyperbole de dire que la manière dont ces poursuites sont menées" aura un impact sur la direction que prendra la démocratie américaine après 2024.

"Il s'agit peut-être de l'acte d'accusation le plus important jamais émis pour protéger la démocratie américaine et l'Etat de droit devant un tribunal américain contre qui que ce soit", a-t-il écrit sur Slate.com.

L'ex-président continue, lui, de dénoncer une chasse aux sorcières visant à perturber sa candidature en 2024. Et il assure toujours, contre toute évidence, que l'élection de 2020 lui a été "volée".

Le procureur spécial Jack Smith a sévèrement jugé ces allégations mardi.

L'attaque du Capitole par des partisans de M. Trump, qui cherchaient à empêcher la certification des résultats, "a été encouragée par des mensonges. Des mensonges de l'accusé destinés à entraver une fonction essentielle de l'Etat américain: le processus par lequel la nation collecte, compte et certifie les résultats de l'élection présidentielle", a-t-il asséné.

Donald Trump doit comparaître devant un juge jeudi à Washington pour répondre de ces chefs d'inculpation. Jack Smith a indiqué vouloir un procès "sans délai".


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.