Restrictions sur l’exportation du riz indien: Quel sera l'impact dans le monde arabe?

Le riz est un aliment de base dans le Golfe, mais l'interdiction par l'Inde d'exporter des variétés non basmati pourrait entraîner une hausse des prix (Photo, AFP).
Le riz est un aliment de base dans le Golfe, mais l'interdiction par l'Inde d'exporter des variétés non basmati pourrait entraîner une hausse des prix (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 01 août 2023

Restrictions sur l’exportation du riz indien: Quel sera l'impact dans le monde arabe?

  • La décision indienne de privilégier le marché intérieur fait suite au retard des pluies de mousson et à la hausse des prix
  • L'effet de la réduction de l'offre et de la hausse des prix variera d'un pays à l'autre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

DUBAÏ/NEW DELHI: La décision de l'Inde d'interdire l'exportation de plusieurs variétés de riz afin de garantir des approvisionnements suffisants dans le pays fait grimper les prix sur le marché mondial. Les experts s'inquiètent de l'impact de cette décision sur les pays souffrant d'insécurité alimentaire.

Bien que l'interdiction ne concerne pas le riz basmati, qui est un aliment de base dans les pays du Golfe, elle entraîne une augmentation des prix de toutes les variétés de riz. Ce phénomène aggrave la vulnérabilité des économies du Moyen-Orient et de l'Afrique, qui dépendent des importations.

Bien que les prix puissent être affectés dans la région arabe, les économistes spécialisés dans le domaine de l'agriculture ne prévoient pas de pénurie de riz. «L'impact ne sera pas lié aux exportateurs vers les pays arabes, ni aux niveaux de production de riz dans la région arabe», a déclaré à Arab News Fadel el-Zubi, consultant principal pour l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture en Jordanie et ancien chef de l'agence en Irak.

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Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du Fonds monétaire international, a déclaré la semaine dernière que cette mesure accentuerait la volatilité des prix et devrait être réexaminée (Photo, AFP).

«L'impact sera visible sur les prix mondiaux dans les marchés boursiers.»

Il a ajouté que les hausses de prix ne se limiteraient pas aux céréales produites en Inde, mais qu'elles s'appliqueraient également au riz produit dans d'autres marchés, des États-Unis à l'Australie.

«Ce sera le principal impact. Cependant, l'augmentation des prix ne sera pas similaire à celle des prix du blé. L'augmentation des prix du riz sera de courte durée. C'est ce que je prévois», poursuit-il.

M. El-Zubi fait ici référence à la flambée des prix du blé sur le marché mondial, conséquence de la guerre entre la Russie et l'Ukraine qui, avant février 2022, assuraient à elles deux près d'un tiers de la production mondiale de blé et d'orge.

Le blocus des ports ukrainiens de la mer Noire par la Russie à la suite de son invasion a fait craindre des pénuries de céréales et une flambée des prix des denrées alimentaires, dont les conséquences auraient été principalement ressenties par les pays les plus touchés par l'insécurité alimentaire dans le monde, en particulier en Afrique. L'été dernier, un accord conclu entre la Russie et l'Ukraine sous l'égide des Nations unies et de la Turquie a permis aux deux pays de continuer à exporter des céréales. Mais au début du mois, Moscou s'est retiré de l'initiative sur les céréales de la mer Noire, ravivant les craintes d'une inflation des prix des denrées alimentaires.

L'interdiction des exportations de riz blanc non-basmati imposée le 20 juillet par l'Inde – le plus grand fournisseur de riz au monde, représentant près de 40% du commerce mondial – a renforcé ces craintes.

En réponse à la décision indienne, Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef au Fonds monétaire international (FMI), a déclaré la semaine dernière que cette mesure augmenterait la volatilité des prix et devrait être réexaminée.

«Dans le contexte actuel, ce type de restrictions est susceptible d'exacerber la volatilité des prix des denrées alimentaires dans le reste du monde et d'entraîner des mesures de rétorsion», a-t-il déclaré.

«Nous encourageons la suppression de ce type de restrictions à l'exportation, car elles peuvent être préjudiciables à l'échelle mondiale.»

Cependant, Devinder Sharma, analyste indien de la politique alimentaire, estime que l'interdiction était la bonne réponse pour garantir la sécurité alimentaire de l'Inde. Selon lui, le FMI ne pouvait pas critiquer les contrôles du marché indien alors que les pays occidentaux continuaient à utiliser de grandes quantités de céréales pour produire des biocarburants.

«Malgré la menace du FMI, je pense que le gouvernement indien a pris la bonne décision. La sécurité alimentaire intérieure de l'Inde est d'une importance capitale», a indiqué M. Sharma à Arab News.

«En ce qui concerne la diminution de l'offre mondiale, pourquoi ne demandez-vous pas à l'Amérique et à l'Europe de réduire leur production d'éthanol? L'Amérique consomme 90 millions de tonnes de céréales alimentaires pour sa production d'éthanol, tandis que l'Union européenne (UE) utilise 12 millions de tonnes. Ils devraient y mettre un terme.

«L'Inde doit veiller à sa propre sécurité alimentaire. Il suffit d'imaginer que 3 millions de personnes sont mortes lors de la famine de 1943 au Bengale parce que la nourriture a été détournée. Je pense que l'Inde a pris la bonne décision».

Pour l'instant, des preuves anecdotiques suggèrent que peu de consommateurs dans les pays arabes s'inquiètent de l'impact de l'interdiction d'exporter imposée par l'Inde.

«En Jordanie, nous consommons du riz basmati et non le riz blanc non-basmati qui a été inclus dans l'interdiction», a déclaré Jamal Amr, représentant des produits alimentaires à la Chambre de commerce de Jordanie, à Arab News.

Selon lui, la Jordanie achète la majeure partie de son riz aux États-Unis, à l'UE, aux pays d'Asie de l'Est, à l'Uruguay et à l'Argentine.

«Je ne stocke pas de riz et je n'ai pas l'intention de le faire. Les choses me semblent normales», a déclaré à Arab News Um Mohamed, une femme au foyer émiratie résidant à Dubaï. «Ma famille et les employés de maison consomment tous du riz comme aliment de base.»

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Un agriculteur récolte du riz dans une rizière à la périphérie de Srinagar, en Inde (Photo, AFP).

Il en est ainsi en Arabie saoudite également. «Le riz est la principale source de nourriture en Arabie saoudite», explique Abu Akram, ingénieur à la retraite.

«À chaque repas principal, nous devons mettre du riz basmati sur la table. Les familles saoudiennes stockent généralement des quantités de riz qui peuvent durer un mois ou deux. Il affirme ne pas s'inquiéter d'une éventuelle hausse des prix, mais envisage de demander à ses fils d'acheter davantage de riz, «au cas où».

À l'ère de la mondialisation, qui implique la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux, les habitudes d'achat des consommateurs de riz du monde arabe ne sont pas à l'abri des fluctuations de l'agriculture indienne.

Les agriculteurs indiens commencent généralement à planter du riz et d'autres cultures à forte consommation d'eau à partir du 1ᵉʳ juin pour coïncider avec la saison annuelle de la mousson. Cependant, le pays a reçu 10% de pluie en moins que la moyenne pour le mois de juin, ce chiffre atteignant même 60% dans certains États.

Bien que les pluies de mousson soient maintenant arrivées, ce retard a retardé la plantation des cultures d'été, ce qui, selon les experts, a incité le gouvernement indien à limiter les exportations de riz.

Quelques jours seulement après l'imposition de cette restriction, les Émirats arabes unis ont annoncé leur propre interdiction d'exportation et de réimportation de toutes les variétés de riz pour une durée de quatre mois à compter du 28 juillet.

Les Émirats arabes unis importent près de 90% de leurs denrées alimentaires, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux fluctuations des prix mondiaux. Selon les données de Reuters, les Émirats arabes unis figuraient parmi les dix premiers importateurs de riz non-basmati en provenance de l'Inde en 2020, avec près de 346 000 tonnes achetées.

L'Arabie saoudite, l'Irak, l'Iran, le Yémen, le Koweït, Oman, le Qatar, le Royaume-Uni et les États-Unis figurent également parmi les 10 premiers importateurs.

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Un agriculteur étale du riz non poli pour le faire sécher le long d'une route à Toopran Mandal dans le district de Medak, à environ 55 kilomètres d'Hyderabad, le 11 novembre 2021 (Photo, AFP).

De grandes quantités de riz importées par les Émirats arabes unis sont ensuite exportées après avoir été conditionnées dans les zones franches. L'interdiction de réimportation affectera donc les pays qui achètent du riz conditionné aux Émirats arabes unis.

D'autres pays susceptibles de ressentir les effets de l'interdiction d'exporter imposée par l'Inde sont des importateurs africains tels que le Bénin. Mais même les grandes économies comme la Chine seront touchées, bien qu'elle soit elle-même un grand producteur de riz.

Les pays arabes susceptibles de souffrir le plus de l'interdiction d'exporter imposée par l'Inde sont l'Égypte, l'Algérie et le Soudan, tous déjà confrontés à des difficultés économiques et aux effets de la hausse des prix du blé. Dans le cas du Soudan, une querelle meurtrière entre deux généraux depuis le 15 avril a aggravé les malheurs d'une population ravagée par la faim et la malnutrition.

Certains observateurs estiment que l'Inde a pris la mauvaise décision, sapant ainsi son image soigneusement cultivée de partenaire commercial fiable et de leader potentiel du Sud.

«J'ai le sentiment que l'interdiction d'exporter du riz est une réaction impulsive visant à contrôler les prix sur le marché intérieur en vue des élections», a déclaré Gokul Patnaik, ancien président de l'autorité indienne de développement des exportations de produits agricoles et alimentaires transformés, affiliée au gouvernement. 

«Mais cela donne une très mauvaise image de l'Inde, qui est en train de devenir un exportateur de produits agricoles. Auparavant, l'Inde était un importateur net et, depuis peu, elle s'est forgé une bonne réputation en tant qu'exportateur. Les pays qui achètent à l'Inde ressentiront certainement ce type de réaction. Si l'on veut être un exportateur cohérent, il n'est pas bon de faire des allers-retours. »

«Le gouvernement aurait pu contrôler les taxes. Il aurait pu augmenter les taxes à l'exportation. Si l'on veut faire du commerce international, il faut toujours être ouvert à l'importation et à l'exportation. Il ne faut pas interdire», a-t-il ajouté.

«Les pays importateurs attendent de vous que vous soyez cohérent et que vous ne soyez pas seulement un ami des beaux jours. L'import-export est une question de confiance. Si vous perdez la confiance, personne ne voudra continuer.»

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L'interdiction des exportations de riz blanc non basmati a été imposée par l’Inde le 20 juillet (Photo, AFP).

Le riz n’est pas la seule denrée à avoir renchéri en Inde ces dernières semaines. Les prix des tomates et d'autres denrées de base ont également augmenté à la suite de l'arrivée tardive des pluies de mousson dans certaines régions du pays et de pluies diluviennes inattendues dans d'autres.

Les fortes pluies ont endommagé les cultures sur pied dans certaines régions, laissant présager de mauvaises récoltes et des prix encore plus élevés pour les produits agricoles. La colère de l'opinion publique face à l'inflation des denrées alimentaires pourrait devenir un désavantage évident pour le gouvernement, qui doit affronter plusieurs élections régionales cette année avant le scrutin national.

Brajesh Jha, professeur à l'Institute of Economic Growth de Delhi, estime que l'Inde est mal équipée pour devenir un exportateur majeur, mais pense que l'interdiction est largement liée aux élections générales de l'année prochaine, qui priment sur les relations internationales.

«L'Inde est un exportateur de céréales alimentaires. (Mais) le type de terres arables et la population qui dépend des céréales alimentaires (font que) l'Inde ne peut pas être un exportateur», a-t-il déclaré à Arab News.

«Le riz est exporté depuis les régions semi-arides. Compte tenu de l'augmentation de la population, l'Inde a besoin de grandes quantités de céréales alimentaires.»

«Il ne fait aucun doute que la position de l'Inde au sein de la communauté des nations sera mise à mal par ce type de décision, mais les élections sont bien plus importantes (pour le gouvernement) que l'impression que les gens se font de lui», a-t-il ajouté.

D'autres experts estiment que le gouvernement indien aurait dû mettre en œuvre des politiques alternatives qui auraient évité d'aggraver la crise alimentaire mondiale tout en stabilisant les prix intérieurs.

«L'Inde aurait pu profiter de cette occasion pour être un leader mondial qui aide à lutter contre une crise alimentaire potentielle», a déclaré à Arab News Anupam Manur, économiste spécialisé dans le commerce international à la Takshashila Institution de Bengaluru.

«Au contraire, imposer une interdiction sur un produit de base essentiel à un tel moment affaiblira les arguments de l'Inde contre d'autres pays qui militent pour des chaînes d'approvisionnement en imposant des contrôles à l'exportation sur les semi-conducteurs, les éléments de terre rare ou l'interface de programmation d'applications médicales.»

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Des ouvriers repiquent du riz paddy dans le Bengale occidental, en Inde (Photo, Getty Images).

«S'il veut vraiment atténuer la hausse des prix intérieurs, le gouvernement peut ouvrir les entrepôts qui disposent de stocks de riz plus qu'adéquats», a-t-il ajouté.

«L'Inde pourrait ne pas céder à la pression internationale, mais si la production intérieure augmente, elle pourrait faire le grand geste d'assouplir l'interdiction.»

Alors qu'un tel geste apaiserait les inquiétudes mondiales, M. El-Zubi affirme que de nombreux pays arabes, dont l'Égypte, l'Irak, la Syrie et la Jordanie, ne sont pas en mesure de répondre à leur propre demande de blé et de riz, car ils ne disposent pas des ressources en eau nécessaires.

«La Jordanie ne produit que 3% du blé dont elle a besoin», a-t-il déclaré à Arab News.

Selon lui, les pays arabes dont les économies sont fragiles sont confrontés à de graves pénuries alimentaires. Ils devraient donc élargir les sources auprès desquelles ils achètent des denrées alimentaires de base stratégiques, diversifier les méthodes de paiement et élargir leurs chaînes d'approvisionnement alimentaire et leurs itinéraires.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban : le Hezbollah accuse Israël de « centaines de violations » de la trêve

Le chef adjoint du Hezbollah libanais, Cheikh Naim Qassem, prend la parole lors d'un rassemblement de soutien aux Palestiniens de Gaza, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, à Beyrouth, au Liban. (File/Reuters)
Le chef adjoint du Hezbollah libanais, Cheikh Naim Qassem, prend la parole lors d'un rassemblement de soutien aux Palestiniens de Gaza, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, à Beyrouth, au Liban. (File/Reuters)
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  • Son discours est intervenu alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, se trouve au Liban, à l'approche de la date butoir du 26 janvier pour l'application complète de l'accord de cessez-le-feu.
  • « J'appelle l'État libanais à faire preuve de fermeté face à ces violations qui ont dépassé les centaines, cela ne peut pas continuer », a-t-il dit dans un discours diffusé par la télévision du Hezbollah, al-Manar.

BEYROUTH : Le chef du Hezbollah libanais, Naïm Qassem, a accusé  samedi Israël de « centaines de violations » de l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur fin novembre et averti de nouveau que sa formation pourrait « perdre patience ».

Son discours est intervenu alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, se trouve au Liban, à l'approche de la date butoir du 26 janvier pour l'application complète de l'accord de cessez-le-feu.

« J'appelle l'État libanais à faire preuve de fermeté face à ces violations qui ont dépassé les centaines, cela ne peut pas continuer », a-t-il dit dans un discours diffusé par la télévision du Hezbollah, al-Manar.

« Nous avons fait preuve de patience à l'égard de ces violations pour donner une chance à l'État libanais, qui est responsable de cet accord, ainsi qu'aux parrains internationaux, mais il ne faut pas tester notre patience », a-t-il ajouté.

L'accord de cessez-le-feu stipule que l'armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays, d'où l'armée israélienne doit se retirer dans un délai de 60 jours, soit jusqu'au 26 janvier.

Sorti affaibli de la guerre, le Hezbollah doit, lui, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne.

Vendredi, M. Guterres, qui s'est rendu auprès des Casques bleus dans le sud, a affirmé que l'« occupation » de cette région par Israël et ses opérations militaires devaient « cesser ».

Il a révélé que les soldats de maintien de la paix avaient découvert « plus de 100 caches d'armes appartenant au Hezbollah ou à d'autres groupes armés depuis le 27 novembre », jour de l'entrée en vigueur de la trêve.

Le chef du Hezbollah, qui avait des réserves sur la nomination de M. Salam, un juriste international respecté, a averti que « personne ne peut nous exclure de la participation politique effective dans le pays ».


Gaza : le cessez-le-feu est prévu pour entrer en vigueur dimanche à 06 h 30 GMT d'après un médiateur qatari

Un garçon court avec un drapeau palestinien sur un monticule de décombres dans un camp pour personnes déplacées par le conflit à Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 janvier 2025, suite à l'annonce d'une trêve dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas. (Photo Eyad BABA / AFP)
Un garçon court avec un drapeau palestinien sur un monticule de décombres dans un camp pour personnes déplacées par le conflit à Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 janvier 2025, suite à l'annonce d'une trêve dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas. (Photo Eyad BABA / AFP)
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  • « Conformément à l'accord conclu entre les parties concernées et les médiateurs, le cessez-le-feu dans la bande de Gaza commencera à 8 h 30, dimanche 19 janvier, heure locale à Gaza », a écrit sur X Majed al-Ansari, le porte-parole qatari .
  • « Nous conseillons aux habitants de faire preuve de la plus grande prudence et de respecter les instructions des sources officielles », a-t-il ajouté.

DOHA : Le cessez-le-feu entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et Israël dans la bande de Gaza entrera en vigueur dimanche à 04 h 30 GMT, a indiqué samedi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, pays médiateur.

« Conformément à l'accord conclu entre les parties concernées et les médiateurs, le cessez-le-feu dans la bande de Gaza commencera à 8 h 30, dimanche 19 janvier, heure locale à Gaza », a écrit sur X Majed al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères.

« Nous conseillons aux habitants de faire preuve de la plus grande prudence et de respecter les instructions des sources officielles », a-t-il ajouté.

L'accord de cessez-le-feu, annoncé mercredi par le Qatar et les États-Unis, autre pays médiateur, prévoit dans une première phase de six semaines la libération de 33 otages retenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

En échange, Israël va relâcher 737 prisonniers palestiniens, selon le ministère israélien de la Justice, qui a précisé que leur libération n'interviendrait pas avant 16 heures dimanche (14 heures GMT).


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.