TEHERAN : L'Iran a convoqué dimanche les ambassadeurs d'Allemagne et de France à Téhéran pour protester contre la condamnation ferme, la veille par l'Union européenne et Paris, de l'exécution de l'opposant iranien Rouhollah Zam, selon l'agence officielle iranienne Irna.
Le directeur pour l'Europe au ministère des Affaires étrangères à Téhéran a dénoncé devant l'ambassadeur Hans-Udo Muzel, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, le communiqué européen comme «une ingérence inacceptable dans les affaires intérieures iraniennes», écrit Irna.
Il a également dénoncé ce qu'il a qualifié «d'indulgence» montrée par «certains pays européens» «à l'égard d'éléments propageant de la violence et perpétrant des actes terroristes» contre l'Iran, ajoute l'agence.
Après son collègue allemand, l'ambassadeur de France à Téhéran, Philippe Thiébaud, a lui aussi été convoqué au ministère à la suite de la déclaration «interventionniste du ministère français des Affaires étrangères sur la mise en oeuvre de la condamnation à mort» de Zam, a indiqué Irna dans l'après-midi.
L'UE a condamné samedi «dans les termes les plus forts» l'exécution de Rouhollah Zam, rappelant son opposition à la peine de mort et jugeant «impératif que les autorités iraniennes respectent les droits des accusés et cessent d'avoir recours à des aveux télévisés pour établir et démontrer leur culpabilité».
La France a elle dénoncé un «acte barbare et inacceptable».
Fait inhabituel, le ministère iranien des Affaires étrangères n'avait toujours pas publié de communiqué en début de soirée sur la convocation des deux représentants européens.
Rouhollah Zam, qui disposait du statut de réfugié en France, a été exécuté par pendaison samedi en Iran, après la confirmation de sa condamnation à mort pour son rôle dans la vague de contestation ayant touché des dizaines de villes iraniennes entre le 28 décembre 2017 et le 3 janvier 2018.
L'arrestation par les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique d'Iran, de l'opposant quadragénaire avait été annoncée en octobre 2019, mais l'Iran n'avait alors précisé ni le lieu ni la date des faits, accusant Rouhollah Zam d'être «dirigé par le renseignement français et soutenu» par les services secrets des Etats-Unis et d'Israël.
Rouhollah Zam, qualifié de «journaliste et dissident» par Amnesty International, a été reconnu coupable d'avoir joué un rôle actif (par le biais de la chaîne Amadnews qu'il dirigeait sur la plateforme de messagerie cryptée Telegram) dans la contestation de l'hiver 2017-2018, au cours de laquelle au moins 25 personnes ont été tuées.
Téhéran avait qualifié de «sédition» ce mouvement de protestation contre la vie chère ayant rapidement pris un tour politique.