Sauver le voilier du célèbre Jacques Brel, une aventure de 15 ans pour deux frères flamands

Cette photographie prise le 27 juillet 2023 montre l'ancien voilier du chanteur belge Jacques Brel, l'Askoy II, à Zeebruges. (Photo Simon Wohlfahrt / AFP)
Cette photographie prise le 27 juillet 2023 montre l'ancien voilier du chanteur belge Jacques Brel, l'Askoy II, à Zeebruges. (Photo Simon Wohlfahrt / AFP)
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Publié le Samedi 29 juillet 2023

Sauver le voilier du célèbre Jacques Brel, une aventure de 15 ans pour deux frères flamands

  • Depuis juin, le bateau de 20 mètres pesant 40 tonnes a été sorti de son hangar pour les derniers travaux dans la cabine, l'aménagement d'une cuisine
  • Gustaaf et Piet Wittevrongel sont intimement liés à l'histoire de l'Askoy II, et de la traversée de deux océans jusqu'aux îles Marquises que Brel entreprend en 1974 avec ce yacht alors considéré comme un des plus beaux du monde

ZEEBRUGES, Belgique : Dans le port de Zeebruges, sur la côte belge, deux frères passionnés par le célèbre chanteur Jacques Brel veulent offrir une seconde vie à son voilier l'Askoy II, récupéré à l'état d'épave il y a quinze ans sur une plage néo-zélandaise.

A en croire Gustaaf et Piet Wittevrongel, ce projet «inouï» n'a jamais été aussi près de son but.

Depuis juin, le bateau de 20 mètres pesant 40 tonnes a été sorti de son hangar pour les derniers travaux dans la cabine, l'aménagement d'une cuisine.

La coque rouge et bleue semble comme neuve et sa première remise à l'eau, maintes fois retardée par les aléas d'un chantier très coûteux, est désormais programmée pour septembre, assurent les deux frères.

Le mât est encore à l'horizontale. Il reste quelques interventions «techniques», explique Gustaaf, l'aîné. «Et puis le feu vert de l'inspection maritime, sans lequel on ne peut avoir de police d'assurance pour aller en mer».

Gustaaf et Piet Wittevrongel, aujourd'hui âgés de 84 et 75 ans, sont intimement liés à l'histoire de l'Askoy II, et de la traversée de deux océans --jusqu'aux îles Marquises-- que Brel entreprend en 1974 avec ce yacht alors considéré comme un des plus beaux du monde.

Avant de lever l'ancre à Anvers, c'est dans le commerce de voiles et de gréements tenu par le père Wittevrongel, à Blankenberge entre Ostende et Zeebruges, que le chanteur-aventurier (1929-1978) vient s'équiper.

-  «Naufrage en Nouvelle-Zélande» -

Gustaaf y travaille alors comme apprenti. Il raconte qu'il ne reconnaît pas Brel quand ce dernier passe la porte du magasin familial, «à l'improviste, sans s'annoncer».

«Je ne savais pas qui me parlait. Je lui dis que son achat va se chiffrer en centaines de milliers de francs belges... Quand il me dit son nom, je comprends qu'il a les moyens de s'offrir un jeu de voiles», poursuit l'octogénaire dans un éclat de rire. «Alors on a fait les voiles pour lui».

Sur l'Askoy II, qu'il a acheté d'occasion à un homme d'affaires anversois, l'auteur de «Ne me quitte pas» emmène sa compagne Maddly Bamy, avec laquelle il passera la fin de sa vie aux Marquises.

Le bateau a eu une vie mouvementée après que Jacques Brel (1929-1978), qui s'était mis à l'aviation, a décidé de le revendre en Polynésie.

Selon les Wittevrongel, il y a eu au moins trois autres propriétaires, «des hippies, des trafiquants de drogue etc».

Avec le temps la trace du voilier se perd dans le Pacifique, avant de réapparaître au début des années 2000 au détour d'une discussion à la Fondation Brel à Bruxelles, lors d'un hommage au «Grand Jacques».

Les frères apprennent que le voilier a fait naufrage en Nouvelle-Zélande où il a ensuite été abandonné.

- «Retourner aux Marquises» -

Désensabler l'épave rongée par la rouille paraît hors de portée. Un amateur belge de yachting a caressé un temps le projet, mis de côté faute d'argent.

Les frères Wittevrongel, eux, ne se laissent pas décourager, et décident de relever le défi avec l'aide d'entrepreneurs néo-zélandais qui apportent grues et bulldozers.

Et celle d'un transporteur maritime qui accepte de ramener gratuitement de Tauranga (près d'Auckland) vers Anvers la coque du voilier calée entre deux conteneurs.

Dans le hangar de Zeebruges, un mur entier de photos témoigne du moment mémorable que fut ce chantier sur une plage des antipodes.

«Avant le retour de la marée haute qui l'inondait, on n'avait que quatre heures pour voir le bateau et creuser, tirer, pomper», poursuit Gustaaf. «On a fait ça trois jours et on l'a sorti».

En avril 2008, l'Askoy II était de retour en Belgique.

Désormais les deux frères rêvent de le faire de nouveau voguer sur un océan. L'intérieur a été réaménagé avec des couchettes supplémentaires.

«Brel l'a fait à deux, mais il faut au minimum six équipiers si on veut retourner aux Marquises dans le futur», lâche Piet Wittevrongel.


Des luttes à l'innovation : Comment le calligraphe saoudien Abdulaziz Al-Rashedi a révolutionné l'écriture arabe

3punt 5. (Fourni)
3punt 5. (Fourni)
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  • « Je ressens une lumière sacrée dans les lettres », déclare Abdulaziz Al-Rashedi

DUBAÏ : La première passion du calligraphe saoudien et professeur d'arts Abdulaziz Al-Rashedi a toujours été le stylo. Son intérêt pour l'écriture a commencé à l'école primaire dans les années 1980, dans sa ville natale de Médine.

Al-Rashedi parle de tenir un stylo comme un musicien pourrait parler de son instrument. Aux yeux du calligraphe, l'écriture est un acte artistique, comme une danse, qui possède sa propre magie.

« Ce que j'aimais dans le stylo, c'était la façon dont l'encre en coulait », confie-t-il à Arab News. « Le stylo m'a conduit à mon amour pour la calligraphie arabe. »

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Al-Rashedi parle de la tenue d'un stylo comme un musicien parlerait de la tenue de son instrument. (Fourni)

Cependant, il a dû faire face aux défis posés par l'environnement social conservateur du Royaume dans les années 1980 et 1990.

« Les gens ne considéraient pas l'art comme quelque chose d'important. À cette époque, ils pensaient que l'art ne rapportait pas d'argent. Pour eux, c'était une perte de temps », explique-t-il. « Dans un tel environnement déprimant, je souffrais du manque d'intérêt des gens. Ils disaient que l'écriture me distrairait de mes études. Mais en réalité, cela m'encourageait à étudier. »

Son intérêt pour la calligraphie n'a pas échappé à tout le monde. Le père d'Al-Rashedi, aujourd'hui décédé, l'a toujours soutenu.  

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3punt 2. (Fourni)

« Il croyait en l'écriture et en sa préservation », déclare Al-Rashedi. « Il pensait que je faisais quelque chose d'important de ma vie, même si d'autres pensaient le contraire. Ils comparaient cela à des gribouillages. En réalité, je faisais de l'art tout seul. Aucun de mes amis ne partageait cet intérêt avec moi et il n'y avait aucun institut de calligraphie pour encourager ce talent. La situation était très difficile. »

Mais en 1993, Al-Rashedi a appris qu’il existait en effet un maître calligraphe saoudien vivant à Médine : Ahmad Dia. Ce dernier a gentiment accepté de lui enseigner les bases de la calligraphie arabe. Et, peut-être tout aussi important, il l’a fait dans sa maison, qu'Al-Rashedi compare à une école, un musée et un lieu de rencontre pour calligraphes.

« J'étais jeune, mais il me traitait comme un homme », se souvient l'artiste. « Pour nous, les calligraphes, il était comme un père spirituel, qui a planté en nous une graine de détermination. Il nous a toujours encouragés et ne nous a jamais réprimandés si notre écriture n'était pas parfaite. »

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3punt 4. (Fourni)

Al-Rashedi est resté en contact avec son mentor jusqu'à la mort de Dia en 2022, lors de la pandémie de COVID. « Lorsqu'il est mort, c'est comme si la lumière s'était éteinte », confie-t-il.

Al-Rashedi s'est également formé en recopiant les œuvres d'une autre figure importante : Hashem Al-Baghdadi, le calligraphe et éducateur irakien influent, qui a publié des ouvrages sur les règles de la calligraphie arabe. Al-Rashedi décrit l'époque avant les réseaux sociaux comme une « période véritablement sombre », où il n'y avait aucune opportunité d'organiser des expositions ou de partager son travail avec les autres.

« Les gens ne communiquaient pas entre eux. C’était une période qui manquait (d’opportunités) et même de bons matériaux, comme des stylos et du papier », se souvient-il.

Mais avec l’avènement des réseaux sociaux, notamment Facebook, et l’ouverture de quelques galeries d’art, dont Athr Gallery à Djeddah en 2009, les choses ont considérablement changé. Aujourd’hui, Al-Rashedi peut partager ses œuvres sur Instagram et d’autres plateformes, montrant les compétences qu’il a perfectionnées au cours de trois décennies de pratique.

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Sa fascination pour l'écriture a commencé à l'école primaire, dans les années 80, dans sa ville natale de Madinah. (Fourni)

La calligraphie arabe est une forme d’art respectée à l’échelle internationale, existant depuis des milliers d’années, utilisée dans les textes islamiques et présente sur des monuments à travers le monde. Quel est donc son secret de longévité ?

« Je me demande souvent pourquoi les courbes de la calligraphie arabe fascinent les gens depuis si longtemps, et je pense que cela a inévitablement un lien avec sa sainteté », explique-t-il. « Allah a été une source d’inspiration pour les calligraphes et leur innovation dans l’écriture. Je ressens une lumière sacrée dans les lettres de la calligraphie arabe. »

Mais Al-Rashedi pense également que, pendant de nombreuses années, la calligraphie est restée figée dans une ornière, sans être touchée par l’innovation ou la créativité modernes.

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3punt 6. (Fourni)

« Beaucoup de calligraphes ont littéralement affirmé que la calligraphie arabe avait atteint sa limite et que personne ne pouvait y ajouter quoi que ce soit de nouveau », dit-il. « Une telle idée est incorrecte. »

En effet, Al-Rashedi a inventé sa propre forme de calligraphie arabe, qu’il appelle « 3punt ». (Il explique que le nom fait référence à la taille des lettres, qui sont écrites à l’aide de trois stylos différents.)

« Cela repose sur l’idée de réduire l’épaisseur des lettres. Habituellement, un seul stylo est utilisé en calligraphie arabe. Mais j’ai découvert que l’épaisseur traditionnelle de l’écriture arabe et l’utilisation d’un seul stylo empêchent l’ajout de nouvelles formes d’écriture au système. »

Basée sur un ensemble de règles strictes, la calligraphie 3punt d’Al-Rashedi contient 55 « sous-types d’écriture », explique-t-il. Elle possède une légèreté et une élégance propres, avec des lignes fluides et soigneusement chorégraphiées en écriture arabe fine.

En fin de compte, Al-Rashedi estime que la calligraphie arabe est une question de liens.  

« Si nous regardons l’écriture latine ou chinoise, sur des lettres comme ‘n’, ‘e’ ou ‘r’, elles se composent de parties distinctes. Mais avec la calligraphie arabe, vous pouvez connecter six ou sept lettres d’un seul trait », dit-il. « Sans aucun doute, l’écriture arabe — en tant que forme d’art — est supérieure à d’autres types d’écriture. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Inauguration d'une exposition Christian Dior à Riyad

Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
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  • «Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite
  • L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit

RIYAD: Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du créateur de mode Christian Dior est désormais ouverte au Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année.

«Christian Dior: couturier du rêve», une exposition couvrant plus de 75 ans de créativité et de design, ainsi que les œuvres qu'il a inspirées, est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite.

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«Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite. (Photo fournie)

L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit spécialement conçu pour l'exposition par l'historienne de l'art Florence Muller et la scénographe Nathalie Crinière.

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L'exposition couvre plus de 75 ans de créativité et de design et le travail que Dior a inspiré. (Photo fournie)

Parmi les points forts de l'exposition figurent des hommages à certains des grands classiques de Dior, tels que Miss Dior et J'adore, ainsi qu'un hommage au sac Lady Dior, sous la forme du projet Dior Lady Art.

Faisal Bafarat, directeur général de l'Autorité générale pour le divertissement, a officiellement inauguré l'exposition mercredi. Les billets sont disponibles sur la plateforme WeBook.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diva libanaise Fairouz souffle ses 90 bougies

La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
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  • Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël
  • Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage

BEYROUTH: Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël.

Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage.

En 2020, le président français Emmanuel Macron, en visite à Beyrouth, s'était rendu au domicile de Fairouz et l'avait décorée de la Légion d'honneur.

"A celle qui incarne l'âme de cette région avec dignité, un bel anniversaire", a-t-il écrit jeudi sur son compte Instagram.

"La voix de Fairouz est mon pays", a pour sa part écrit sur Facebook le célèbre compositeur libanais Marcel Khalifé.

Après s'être produite pendant plus d'un demi-siècle de Beyrouth à Las Vegas, en passant par Paris et Londres, la star n'apparait plus en public depuis plus d'une décennie.

"Quand vous regardez le Liban aujourd'hui, vous voyez qu'il ne ressemble aucunement au Liban que je chante", regrettait la diva dans une interview au New York Times en 1999, en allusion aux décennies de guerres et de destructions.

Au plus fort de la guerre civile, elle avait chanté "Je t'aime, Ö Liban, mon pays" ("Bhebbak ya Lebnane"), une chanson devenue iconique.

Fairouz a exalté son Liban natal mais également l'amour, la liberté et la Palestine.

Elle a donné vie aux paroles de grands poètes arabes --les Libanais Gibrane Khalil Gibrane, Saïd Akl ou l'Egyptien Ahmed Chawki--, tandis que ses chants patriotiques se sont incrustés dans la mémoire des Libanais et du reste du monde arabe.

Nouhad Haddad de son vrai nom, elle est née en 1934 dans une modeste famille chrétienne qui habitait le quartier de Zokak el-Blatt, visé lundi par une frappe israélienne.

Engagée à la radio, le compositeur Halim al-Roumi, impressionné, lui donne son surnom.

Dans les années 1950, elle épouse le compositeur Assi Rahbani qui, avec son frère Mansour, révolutionne la chanson et la musique arabe traditionnelles en mêlant morceaux classiques occidentaux, russes et latino-américains à des rythmes orientaux, sur une orchestration moderne.

C'est après ses premiers concerts au Festival international de Baalbeck, au milieu des ruines de ce site libanais antique près duquel s'abattent actuellement les bombes israéliennes, que la carrière de Fairouz s'envole.

Adulée par les aînés, elle devient l'icône des jeunes lorsque son fils Ziad, enfant terrible de la musique libanaise, lui composera des chansons influencées par des rythmes de jazz.