«Apocalyptique»: à Rhodes, la colère et le désespoir des habitants

Un avion de lutte contre les incendies Canadair pulvérise de l'eau sur un incendie à Gennadi, dans la partie sud de l'île grecque de Rhodes, le 25 juillet 2023, le 25 juillet 2023, lors d'un incendie de forêt. (AFP)
Un avion de lutte contre les incendies Canadair pulvérise de l'eau sur un incendie à Gennadi, dans la partie sud de l'île grecque de Rhodes, le 25 juillet 2023, le 25 juillet 2023, lors d'un incendie de forêt. (AFP)
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Publié le Mercredi 26 juillet 2023

«Apocalyptique»: à Rhodes, la colère et le désespoir des habitants

  • Rues désertées, rideaux baissées, la côte vit au rythme des camions de pompiers et des véhicules de volontaires dans une atmosphère lugubre
  • Quelque 30 000 personnes, dont de nombreux touristes en vacances dans des hôtels de la côte est, ont été évacuées durant le weekend à Rhodes

RHODES: Seul face à la mer, attablé à sa taverne désertée sur l'île grecque de Rhodes, Vassilis observe désolé les rotations des canadairs plongeant inlassablement dans la mer Egée pour remplir leurs réservoirs.

C'est "apocalyptique", lâche-t-il alors que le sud de cette île très touristique face aux côtes turques est en proie à de violents incendies depuis plus d'une semaine.

Le poing fermé maintient sa tête lourde et embrumée.

"Que le feu commence de l’autre côté de l’île et vienne nous brûler ici (...) comment c’est possible", interroge le restaurateur.

Les flammes ont atteint samedi la station balnéaire de Kiotari, située sur la côte est de Rhodes. Les incendies de forêt ont commencé mardi dernier dans le centre de l'île du Dodécanèse.

Le pourtour méditerranéen théâtre d'incendies violents, souvent meurtriers

Ecrasés par des températures caniculaires, plusieurs pays du bassin méditerranéen affrontent de violents incendies au cours le l'été, un phénomène qui s'accentue d'année en année sous l'effet du changement climatique.

Des incendies parfois meurtriers ont éclaté, comme en Algérie, où le feu a fait au moins 34 morts depuis dimanche. Voici un état des lieux des brasiers qui consument actuellement le pourtour méditerranéen.

 

Algérie: au moins 34 morts en trois jours

En Algérie, les pompiers poursuivaient mardi soir leurs efforts pour venir à bout de 11 foyers d'incendies ayant ravagé le nord-est, après être parvenus à maîtriser la majorité des feux qui ont fait au moins 34 morts en trois jours.

Même si les soldats du feu ont pu éteindre la majorité des incendies, il reste 11 foyers dans sept wilayas (préfectures) du nord et de l'est.

Des images de médias locaux montrent des champs et des maquis en feu, des voitures calcinées et des magasins réduits en cendres.

A Toudja, dans le nord-est, où 16 personnes ont péri, l'incendie a été presque entièrement contenu, en dépit de quelques foyers persistants. Des avions anti-incendie ont largué de l'eau pendant deux jours sur cette zone boisée, située au bord de la Méditerranée dans la wilaya de Béjaïa.

 

Grèce: trois décès liés aux feux

Deux pilotes d'un Canadair sont morts dans le crash de leur avion et le corps d'un homme a été retrouvé carbonisé mardi en Grèce, aux prises avec des incendies violents qui ravagent ce pays éprouvé par des températures caniculaires depuis dix jours.

L'avion bombardier d'eau s'est écrasé dans un ravin alors qu'il luttait contre un feu de forêt dans le sud de l'île d'Eubée. Des centaines de pompiers et au moins quatre avions luttaient mardi contre les flammes sur cette île proche d'Athènes.

C'est également sur cette île qu'a été retrouvé le corps carbonisé d'une troisième victime.

Alors que les images des forêts et de la végétation calcinées ont bouleversé toute la Grèce, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a prévenu que la lutte contre les incendies resterait "difficile".

 

Italie: trois morts en Sicile

Le sud de l'Italie est touché par une vague de chaleur avec une température de 47,6°C enregistrée lundi à Catane, en Sicile.

Les corps de deux septuagénaires ont été retrouvés carbonisés dans une maison engloutie par les flammes et une femme de 88 ans est morte près de Palerme, ont rapporté les médias mardi soir.

Les pompiers siciliens ont par ailleurs lutté dans la nuit de lundi à mardi contre plusieurs incendies, dont l'un est arrivé tout près de l'aéroport de Palerme, qui a été fermé pendant plusieurs heures dans la matinée.

Le président de la région sicilienne, Renato Schifani, a indiqué vouloir demander au gouvernement, qui se réunit mercredi en conseil des ministres, de décréter l'état d'urgence sur l'île méditerranéenne.

 

France: incendie virulent en Haute-Corse

Les pompiers luttaient dans la nuit de mardi à mercredi contre un incendie virulent attisé par des rafales de vent menaçant trois villages en Haute-Corse, un département français situé sur l'île de Corse (sud).

Les feux étaient proches de trois villages, Corbara, Pigna et Santa-Reparata-Di-Balagna et plus particulièrement de deux hameaux avec "de nombreux points sensibles, des habitations, des points religieux", selon les pompiers.

Quelque 130 hectares de végétation ont été ravagés par les flammes selon un dernier bilan.

Plaies ouvertes 

Vidé de ses touristes, le littoral tente de panser ses plaies toujours ouvertes.

"Une semaine qu’on n’a ni électricité, ni eau, ni téléphone", se plaint Vassilis qui n'a pas souhaité donner son nom de famille. Le regard humide se perd à l’horizon.

Rues désertées, rideaux baissées, la côte vit au rythme des camions de pompiers et des véhicules de volontaires dans une atmosphère lugubre.

"Il n’y a rien de pire que ce qu’on vient de vivre", renchérit Christos Kitsos.

L’insulaire, qui travaille dans un hôtel de luxe de la région, laisse éclater sa colère.

"Les autorités ont échoué. Maire, gouverneur, gouvernement. Tous !", accuse-t-il.

"Il y a un manque d’organisation totale, aucune information n’est donnée. C’est la pleine saison, il y a 200.000 touristes sur l’île et on s’est débrouillés tous seuls", poursuit-il, ne pouvant plus retenir sa colère.

"On a été abandonnés. La honte!", insiste l’homme de 34 ans.

Quelque 30.000 personnes, dont de nombreux touristes en vacances dans des hôtels de la côte est, ont été évacuées durant le weekend à Rhodes, soit la plus grande opération de genre jamais effectuée en Grèce, selon les pompiers.

Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a quant à lui évoqué mardi le chiffre de 20.000 évacuations à Rhodes, touristes compris.

Des arbustes carbonisés bordent la plage désertée. L’épaisse fumée grise continue de balayer le ciel.

"La catastrophe écologique est immense, on va mettre des années à s’en remettre", déplore Christos Kitsos. "Le travail n’est pas du tout la priorité du moment", estime-t-il.

Les conséquences pour l’industrie touristique restent pour l’heure impossible à chiffrer pour l’une des îles les plus fréquentées de Grèce, qui a accueilli 2,5 millions de visiteurs l’an dernier.

"L’avenir immédiat est très incertain pour tous les employés du secteur touristique et la communauté locale", juge Dionysis Sabatakos, directeur adjoint d’un complexe hôtelier partiellement détruit par les flammes.

"On ne sait pas encore comment les touristes et les tours opérateurs vont se comporter dans les prochaines semaines", ajoute-t-il.

Circulation paralysée 

"Les personnes travaillant du tourisme directement ou indirectement sont très nombreuses dans la région. Toute la circulation est paralysée parce que tout est détruit", poursuit-il.

Les professionnels du secteur touristique appréhendent la suite.

"On ne sait ni quand ni comment on va pouvoir reprendre une activité, ni comment le marché va répondre", s’inquiète encore M. Sabatakos.

Les paysages noircis entourent les bâtiments. La taule grince sous les rafales de vent.

"Voir la nature carbonisée, tous ces animaux morts, ça me déprime", grimace-t-il.

Sur la route qui borde le littoral oriental de Rhodes, des hommes s’affairent auprès des poteaux électriques, des troncs calcinés sont découpés.

Dimitris est venu ouvrir son supermarché épargné, "juste le temps que les personnes du coin puissent se réapprovisionner en clopes. Je ne suis pas en état psychologique de faire plus", confesse-t-il.

"Mais on a assez pleuré. La question c’est qu’est-ce qu’on fait maintenant ?".


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.