Syrie: L'ONU appelle à une action urgente pour relancer le processus de paix

Selon l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, un processus diplomatique renouvelé pourrait servir de «coupe-circuit», sous réserve d'un engagement conséquent (Photo, AP).
Selon l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, un processus diplomatique renouvelé pourrait servir de «coupe-circuit», sous réserve d'un engagement conséquent (Photo, AP).
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Publié le Mardi 25 juillet 2023

Syrie: L'ONU appelle à une action urgente pour relancer le processus de paix

  • Rien n'est plus important en ce moment pour les Syriens les plus vulnérables que de permettre l’acheminement de l’aide par toutes les voies, a déclaré Geir Pedersen
  • L'ambassadrice américaine à l'ONU a accusé les autorités russes de manquer de considération pour les personnes en détresse

NEW YORK: Les Nations unies ont appelé lundi à de nouveaux efforts diplomatiques pour relancer le processus de paix syrien, actuellement dans l'impasse. Elles ont insisté sur la nécessité d'un engagement substantiel et d'une coordination entre toutes les parties prenantes pour faire face à la crise humanitaire dans le pays et poursuivre le processus défini dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité.

L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Geir Pedersen, a souligné qu'un processus diplomatique renouvelé pouvait agir comme un «coupe-circuit», sous réserve d'un engagement substantiel. Il a donc appelé toutes les parties impliquées dans le conflit à s'asseoir à la table des négociations et à «être prêtes à offrir une véritable contribution».

Les principaux objectifs, selon M. Pedersen, sont la reprise du processus politique intra-syrien facilité par les Nations unies, en particulier par la reconduction de la commission constitutionnelle, et la mise en œuvre de mesures de confiance.

S'attaquer à la «situation humanitaire désastreuse et qui ne cesse de s'aggraver n'est pas seulement une nécessité humanitaire, mais permettrait de croire que des progrès sur les questions politiques sont également possibles», a-t-il ajouté.

M. Pedersen est intervenu lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la Syrie, deux semaines après que les membres du Conseil ne sont pas parvenus à s'entendre sur la prolongation d'un mécanisme transfrontalier majeur qui, pendant des années, a permis à l'aide humanitaire internationale d'entrer dans le nord-ouest de la Syrie depuis la Turquie et d'atteindre plus de 4 millions de personnes dans le besoin dans les zones contrôlées par l'opposition.

L’envoyé s'est dit profondément déçu que le Conseil n'ait pas réautorisé le point de passage de Bab al-Haoua, qu'il a qualifié de «bouée de sauvetage pour des millions de civils». Il a exhorté la communauté internationale à redoubler d'efforts pour assurer l'acheminement de l'aide humanitaire à travers les frontières.

«En tant qu'envoyé politique, j'espère sincèrement que toutes les portes resteront ouvertes pour résoudre ce problème et que le Conseil et toutes les parties prenantes accorderont la priorité aux besoins des Syriens», a-t-il déclaré.

«Nous devons redoubler d'efforts pour trouver une solution qui permette de poursuivre l'acheminement de l'aide humanitaire à travers les frontières et les lignes de front. Rien n'est plus important en ce moment pour les Syriens les plus vulnérables.»

L'aide transfrontière est livrée directement aux bénéficiaires après leur entrée dans le pays, tandis que l'aide à travers les lignes de front passe d'abord par le régime de Damas.

Sur le plan politique, M. Pedersen a déploré que «des mois de diplomatie potentiellement importante ne se soient pas traduits par des résultats concrets pour les Syriens sur le terrain – dans leur pays ou à l'étranger – ou par des avancées réelles dans le processus politique. J'espère que ce sera bientôt le cas car sinon, ce sera une nouvelle occasion manquée d'aider le conflit syrien à trouver une issue négociée, à un moment où l'impact de la crise s'aggrave».

L'un des aspects essentiels d'un processus politique renouvelé, a-t-il déclaré, serait la reconduction de la commission constitutionnelle. Il a appelé à la volonté politique pour surmonter les différends sur des détails tels que le lieu de réunion, et a exhorté toutes les parties prenantes à soutenir la reprise de la commission dans un effort pour réaliser des progrès crédibles. Le processus de réforme constitutionnelle est essentiel pour déterminer l'avenir de la Syrie et jeter les bases de la réconciliation et de la stabilité, a ajouté M. Pedersen.

Par ailleurs, le Conseil a été informé de la situation humanitaire désastreuse dans le nord-ouest de la Syrie, avec 4,1 millions de personnes sur 4,6 millions ayant besoin d'une aide humanitaire, dont près de 80% étant des femmes et des enfants.

Les Nations unies insistent sur l'urgence de garantir l'accès humanitaire au pays par toutes les voies disponibles, par les frontières et par les lignes de front, afin de répondre aux besoins croissants en matière d'aide.

Ramesh Rajasingham, chef et représentant du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) à Genève, a également exprimé sa déception face à l'incapacité du Conseil à prolonger le mandat de Bab al-Haoua, tout en appelant à la poursuite de l'aide transfrontière.

«Comme cela a été dit à maintes reprises dans cette enceinte, l'aide transfrontière est une question de vie ou de mort pour des millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie», a-t-il déclaré aux membres du Conseil.

«L'avenir de l'aide transfrontière ne doit pas être une décision politique, mais une décision humanitaire.»

Peu après que la Russie a utilisé son droit de veto le 11 juillet pour bloquer une résolution qui aurait prolongé le mandat des opérations à Bab al-Haoua, le gouvernement syrien a envoyé une lettre à l'ONU autorisant tout de même l'entrée de l'aide par le point de passage. L'organisation a toutefois réagi avec prudence à cette lettre, au motif qu'elle comportait des restrictions dont elle craignait qu'elles n'entravent les opérations de secours et ne mettent en danger les travailleurs humanitaires, y compris le personnel de l'ONU.

La lettre demandait également à l'ONU de ne pas travailler avec des «terroristes» dans la région, terme utilisé par le régime du président Bachar al-Assad pour désigner ses opposants.

Le Royaume-Uni, qui assure la présidence tournante du Conseil en juillet, a immédiatement dénoncé la décision du gouvernement syrien, avertissant que «sans surveillance de l'ONU, le contrôle de cette voie vitale a été confié à l'homme responsable des souffrances du peuple syrien».

«Nous n'hésiterons pas à soumettre cette question au Conseil de sécurité», a ajouté la représentante permanente du Royaume-Uni auprès des Nations unies, Barbara Woodward, qui préside le Conseil ce mois-ci.

M. Rajasingham a déclaré que les opérations transfrontières de l'ONU doivent être libres d'adhérer aux principes humanitaires «d'humanité, d'impartialité, de neutralité et d'indépendance». 

Ceci est en accord avec l'accent mis par les Nations Unies sur l'importance de préserver l'indépendance des opérations d'aide et de maintenir une architecture de réponse «à l'échelle de la Syrie» afin de s'assurer que l'aide parvienne à tous ceux qui en ont besoin.

Géopolitique humanitaire

Le personnel de l'ONU, les secours et l'aide à la protection continuent d'entrer dans le nord-ouest de la Syrie par les postes-frontières de Bab al-Salam et d'Al-Ra'ee, pour lesquels la Syrie a donné une autorisation temporaire à la suite des séismes dévastateurs qui ont frappé certaines parties du nord de la Syrie et du sud de la Turquie en février. Toutefois, M. Rajasingham a déclaré que la courte durée de l'autorisation pour ces opérations transfrontières, qui doit expirer à la mi-août, pose de sérieux problèmes aux efforts humanitaires, notamment en matière de financement, de logistique et d'approvisionnement. Il a appelé à une plus grande prévisibilité dans l'octroi des autorisations transfrontières afin de garantir l'efficacité des réponses humanitaires.

L'ambassadrice Linda Thomas-Greenfield, représentante des États-Unis auprès des Nations unies, a critiqué la Russie pour avoir bloqué les efforts du Conseil visant à prolonger le mandat des opérations de secours transfrontières, et a accusé Moscou d'avoir peu d'égards pour les besoins des personnes vulnérables.

Elle a déclaré que les attaques de la Russie contre les infrastructures céréalières de l'Ukraine et leurs effets sur l'approvisionnement alimentaire mondial ont aggravé la situation des Syriens et des habitants d'autres régions.

Elle a également exprimé des réserves quant à l'offre du régime Assad d'autoriser les livraisons d'aide de l'ONU à continuer à travers Bab al-Haoua, invoquant les restrictions «inacceptables» qui entraveraient les efforts d'aide et mettraient les travailleurs humanitaires en danger.

Les États-Unis se sont joints à d'autres grands donateurs pour exiger des conditions essentielles pour tout accord d'accès transfrontalier, notamment la préservation de l'indépendance des opérations, le maintien d'une architecture de réponse «tout le long de la Syrie» et une aide à long terme et cohérente pour des livraisons fondées sur des principes humanitaires.

Dmitry Polyanskiy, vice-ambassadeur de la Russie auprès des Nations unies, a déclaré à ses collègues membres du Conseil que le retour de la Syrie dans le giron arabe avait créé au Moyen-Orient une atmosphère propice à la résolution de la crise syrienne. Il a appelé les pays occidentaux à ne pas entraver «ces processus naturels» et à s'abstenir de politiser les questions humanitaires, telles que le redressement rapide et le retour des réfugiés.

Quant au mécanisme transfrontalier, M. Polyanskiy a déclaré qu'il n'avait «rien de nouveau à ajouter». Moscou se réjouit que les opérations humanitaires soient désormais coordonnées comme elles le sont «dans n'importe quel autre pays» du monde, a-t-il ajouté, c'est-à-dire avec l'accord du gouvernement du pays.

Il a déclaré que l'ONU disposait de «tous les outils nécessaires» pour accomplir son travail et a exhorté l'OCHA à ne pas «obéir aux ordres des États occidentaux».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nucléaire: le chef de la diplomatie iranienne à Oman pour de nouvelles discussions avec Washington

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  • L'agence de presse iranienne Mehr a diffusé une courte vidéo montrant M. Araghchi descendre d'un appareil officiel iranien à l'aéroport de Mascate
  • M. Araghchi se rendra à Mascate "à la tête d'une délégation composée de diplomates et d'experts techniques" pour mener ces discussions indirectes avec les Etats-Unis, avait auparavant indiqué le porte-parole de son ministère

TEHERAN: Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas  est arrivé vendredi à Oman pour une troisième session de discussions sur le nucléaire avec les Etats-Unis prévue samedi, Téhéran augurant de "possibles progrès" si Washington fait preuve de "bonne volonté, sérieux et réalisme".

L'agence de presse iranienne Mehr a diffusé une courte vidéo montrant M. Araghchi descendre d'un appareil officiel iranien à l'aéroport de Mascate.

M. Araghchi se rendra à Mascate "à la tête d'une délégation composée de diplomates et d'experts techniques" pour mener ces discussions indirectes avec les Etats-Unis, avait auparavant indiqué le porte-parole de son ministère, Esmaïl Baghaï.

Le département d'Etat américain a annoncé que l'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participerait bien à ces pourparlers, dans la foulée des deux précédents rendez-vous à Mascate le 12 avril et Rome le 19, salués comme de bonnes discussions par Téhéran et Washington.

Ce troisième cycle prévoit une session de pourparlers techniques entre experts sur le programme nucléaire iranien, en complément de la négociation diplomatique principale.

Michael Anton, qui occupe le poste de responsable de la planification politique au sein du département d'Etat américain, dirigera les travaux techniques du côté américain.

L'agence de presse iranienne Tasnim a de son côté rapporté que les discussions techniques seront menées côté iranien par les vice-ministres des Affaires étrangères Kazem Gharibabadi et Majid Takht-Ravanchi.

Vendredi, M. Baghaï a déclaré que "pour que les négociations progressent, il faut une démonstration de bonne volonté, de sérieux et de réalisme de la part de l'autre partie".

Dans une interview jeudi, le ministre iranien des Affaires étrangères a déclaré que Téhéran "aborderait les négociations de samedi avec sérieux, et que si l'autre partie fait également preuve de sérieux, des progrès sont possibles".

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a relancé sa politique dite de "pression maximale" contre l'Iran, avec qui les Etats-Unis n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980. Il a initié des négociations avec Téhéran, tout en menaçant de bombarder l'Iran en cas d'échec.


Soudan: deux années de guerre et toujours pas d’issue

Les personnes qui ont fui le camp de déplacés de Zamzam après qu'il soit tombé sous le contrôle du RSF, se reposent dans un campement de fortune dans un champ près de la ville de Tawila dans la région du Darfour occidental déchirée par la guerre au Soudan, le 13 avril 2025. (AFP)
Les personnes qui ont fui le camp de déplacés de Zamzam après qu'il soit tombé sous le contrôle du RSF, se reposent dans un campement de fortune dans un champ près de la ville de Tawila dans la région du Darfour occidental déchirée par la guerre au Soudan, le 13 avril 2025. (AFP)
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  • La reprise, le mois dernier, du contrôle de la capitale Khartoum a donné lieu à une petite lueur laissant espérer une issue au conflit
  • Elle a vite été balayée par l’intransigeance des deux parties concernées

PARIS: Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est en proie à des affrontements meurtriers entre l’armée soudanaise et les Forces de Soutien Rapide « FSR ».

Le bilan de ces affrontements est très lourd, et s’élève, selon les Nations unies, à plus de 20 mille morts et 14 millions de déplacés.

La reprise, le mois dernier, du contrôle de la capitale Khartoum a donné lieu à une petite lueur laissant espérer une issue au conflit.

Elle a vite été balayée par l’intransigeance des deux parties concernées.

L’armée soudanaise, dirigée par le général Abdel Fatah Al-Burhan, a exigé que les « FSR » déposent leurs armes comme condition préalable à toute négociation.

Malgré leur défaite, les « FSR », menées par le général Mohamed Dagalo, dit Hemedti, n’ont prêté aucune attention à cette proposition.

Elles se sont repliées dans leur province d’origine, le Darfour, située à l’ouest du Soudan, et semblent se préparer à une guerre d’usure.

Selon les informations en provenance du Soudan, elles encerclent la ville d’El-Fasher, capitale de la province.

Si cette ville leur tombe entre les mains, elles contrôleront alors toute la région, ce qui fait dire à certains observateurs que Hemedti pourra, à partir de là, annoncer la formation de son propre gouvernement.

Après avoir été amputé du Sud-Soudan, le pays serait en voie de subir une nouvelle mutilation, puisqu’en février dernier les « FSR » et 24 organisations soudanaises ont signé une charte jetant les bases d’un gouvernement « de paix et d’unité ».

Ce n’est pas l’avis du directeur du Centre d’étude du monde arabe et méditerranéen « EMAM » à Tours, Marc Lavergne, qui doute de cette hypothèse.

Selon lui, « On ne voit pas très bien quel est l’élément qui peut souder ce mouvement », car chacun des groupes qui le constituent « lutte d’abord pour ses objectifs propres ».

Pas de lumière au bout du tunnel

Cette coalition, qui s’est regroupée autour des « FSR », a réussi à agréger beaucoup d’éléments de la société civile, ceux qui ont mené la révolution pacifique depuis avril 2019.

Mais cette coalition est des plus hétéroclites, indique Lavergne, puisqu’il y a en son sein « toutes sortes de formations, de partis politiques ou de groupes qui sont eux-mêmes divisés ».

D’autre part, il souligne l’incapacité des « FSR » à gérer une région, et affirme « que le problème de ces forces, c’est qu’elles sont incapables de gérer ce qu’elles gagnent ».

« Elles l’ont montré dans le désert. Elles l’ont montré dans l’est du Soudan », ajoute-t-il, à « force de tuer, de violer et puis de vivre sur l’habitant parce qu’ils n’ont pas de casernes, ils n’ont pas où loger ».

Pour Lavergne, « elles ne peuvent pas gagner, mais elles peuvent résister », et peuvent, par conséquent, « servir d’idiots utiles aux forces démocratiques. C’est un peu ce que j’imagine ».

Paradoxalement, du côté de l’armée, « il y a quand même cette solidité et cette discipline, qui lui ont permis de gagner du terrain très progressivement », mais « c’est une armée qui possède un pays et non pas un pays qui possède une armée ».

Ce modèle, indique Lavergne, est rejeté par « les démocrates, les intellectuels, et par toutes les forces non armées, qui n’ont pas d’armes, violemment réprimées » pendant « le printemps soudanais ».

La chute de Khartoum, estime-t-il, « c’est aussi la chute de toutes ces catégories de Soudanais modernes, si l’on veut, enfin tournés vers l’Occident, vers les idées de démocratie et de liberté », qui ont fait le choix de se regrouper autour des rebelles du Darfour.

Ce qui surprend ce fin connaisseur du Soudan, « c’est l’incapacité des Soudanais à s’entendre », et c’est pour ça que l’armée prend le pouvoir à chaque fois.

Pour conclure, Lavergne concède à regret qu’il n’y a pas de lumière au bout du tunnel pour l’instant, mais que le Soudan, pays riche en ressources naturelles et minières, pouvait s’éviter de nombreux malheurs.

Il fallait ouvrir des routes, créer des institutions, former les jeunes, développer des industries locales, « des choses à faire qui n’ont pas été faites mais qui ne sont pas compliquées à faire. Mais je pense que c’est un peu tard ».


1985 – Un prince saoudien dans l’espace: une première historique

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  • La une d’Arab News a retracé le parcours du prince Sultan, célébrant ce moment historique que le monde arabe a qualifié de «jour de fierté»
  • Au cours de dix semaines d'entraînement intensif en Arabie saoudite et à la Nasa aux États-Unis, le prince Sultan est passé du statut de pilote de la Royal Saudi Air Force à celui d'astronaute

RIYAD: Le 17 juin 1985, l’Arabie saoudite a marqué l’histoire lorsque la navette spatiale Discovery de la Nasa a décollé de Cap Canaveral, en Floride, pour sa cinquième mission. À son bord se trouvait le premier astronaute arabe, musulman et membre d’une famille royale – un événement symbolisant l’aube d’une nouvelle ère pour l’exploration spatiale dans le monde arabe.

Le prince Sultan ben Salmane, pilote de l'armée de l'air royale saoudienne âgé de 28 ans, a passé sept jours à mener des expériences dans l'espace au sein d'un équipage international composé de sept personnes.

Pendant le voyage de Discovery, le prince, deuxième fils du roi Salmane d'Arabie saoudite, a également surveillé le déploiement d'Arabsat-1B, le deuxième satellite lancé par l'Organisation arabe de communication par satellite, conçu pour stimuler les communications téléphoniques et télévisuelles entre les nations arabes.

Le leadership de l'Arabie saoudite dans le secteur de l'exploration spatiale régionale a commencé à ce moment-là, préparant le terrain pour les progrès remarquables qui ont suivi et qui ont façonné sa vision.

La confiance dans la capacité du Royaume à mener le voyage du monde arabe dans l'espace a été évidente lorsque les États membres de la Ligue arabe ont désigné le prince Sultan comme spécialiste de charge utile pour voyager à bord de la navette spatiale.

Le Royaume a joué un rôle essentiel dans la création par la Ligue arabe de la société de communication par satellite Arabsat. Son premier satellite, Arabsat-1A, a été lancé dans l'espace par une fusée française en février 1985.

Comment nous l'avons écrit

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La une d’Arab News a retracé le parcours du prince Sultan, célébrant ce moment historique que le monde arabe a qualifié de «jour de fierté».

Au cours de dix semaines d'entraînement intensif en Arabie saoudite et à la Nasa aux États-Unis, le prince Sultan est passé du statut de pilote de la Royal Saudi Air Force à celui d'astronaute, prêt pour une mission au cours de laquelle il serait le plus jeune membre de l'équipage.

Il a été accueilli en héros, tant en Arabie saoudite que dans l’ensemble du monde arabe, lorsque la navette spatiale a atterri sans encombre sur la base aérienne d’Edwards, en Californie, à 6 h 11, heure locale, le 24 juin 1985. Cet événement marquant a inspiré une génération d’Arabes à tourner leur regard vers les étoiles.

Sa propre mission dans le secteur spatial était cependant loin d'être terminée. À son retour, le prince a été promu au rang de major de l'armée de l'air royale saoudienne et, lorsque l'Arabie saoudite a décidé d'accélérer ses efforts d'exploration spatiale dans le cadre de Vision 2030, il n'y avait pas de meilleur choix pour présider la Commission spatiale saoudienne lors de sa création en 2018.

Les efforts du prince Sultan pour former une nouvelle génération d'astronautes saoudiens ont rapidement commencé à porter leurs fruits. Et le 21 mai 2023, le Royaume a célébré une nouvelle étape dans son voyage dans l'espace lorsque la première femme astronaute saoudienne et arabe a pris son envol.

Rayyanah Barnawi a été rejointe par Ali Alqarni, le deuxième Saoudien dans l'espace après le prince Sultan, lors de la première mission du programme de vols spatiaux habités de la Commission spatiale saoudienne. Au cours de leur mission de 10 jours à bord de la Station spatiale internationale dans le cadre de la mission Axiom 2, les deux astronautes saoudiens ont mené 11 expériences de recherche en microgravité.

Un mois plus tard, la commission a été rebaptisée Agence spatiale saoudienne par une résolution du Cabinet. Ses objectifs sont de développer les technologies spatiales, de stimuler la diversification économique, de soutenir la recherche et le développement dans le secteur et de former les futures générations d'astronautes saoudiens.

«Ce pays a été construit pour tant de générations, et chaque génération ouvre la voie à la suivante, et crée la plateforme qui lui permettra de passer au niveau supérieur», a déclaré le prince Sultan lors d'un entretien accordé à Arab News en 2019.

En 2020, l'Arabie saoudite a annoncé l'allocation de 2,1 milliards de dollars (1 dollar = 0,88 euro) à son programme spatial dans le cadre des efforts de diversification décrits dans le cadre stratégique Vision 2030 pour le développement national. Deux ans plus tard, le secteur spatial saoudien a généré 400 millions de dollars de revenus, et ce chiffre devrait atteindre 2,2 milliards de dollars d'ici à 2030.

Au-delà de l'Arabie saoudite, le voyage pionnier du prince Sultan dans l'espace a également inspiré d'autres Arabes de la région. Deux ans plus tard, en juillet 1987, le Syrien Mohammed Faris était cosmonaute de recherche pour une mission de huit jours et de trois personnes à bord d'un vaisseau spatial soviétique à destination de la station spatiale Mir. Accompagné de deux cosmonautes soviétiques, il a mené plusieurs expériences de recherche dans les domaines de la médecine spatiale et du traitement des matériaux.

Hazza al-Mansouri, le troisième Arabe dans l'espace, qui est devenu en septembre 2019 le premier astronaute émirati et le premier Arabe à poser le pied sur la Station spatiale internationale, s'est également inspiré du prince Sultan.

«La passion de Hazza al-Mansouri pour l'espace et son désir d'ouvrir la voie aux générations futures pour l'explorer ont été inspirés par la mission du prince Sultan en 1985», a écrit Mohammed Nasser al-Ahbabi, ancien directeur général de l'Agence spatiale des Émirats arabes unis, dans un article publié en 2020 à l'occasion du 45e anniversaire d'Arab News.  

«En tant que jeune élève, le futur astronaute a découvert, dans son manuel solaire, une photo du prince Sultan, premier Arabe dans l’espace – un moment charnière qui allait transformer sa vie.»

En 1988, le président des Émirats arabes unis de l'époque, le cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyane, a rencontré le prince Sultan et l'a interrogé sur tous les détails de son voyage dans l'espace.

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De retour dans son pays, le prince Sultan Salman al-Saoud a été accueilli en héros et nommé major de l'armée de l'air royale saoudienne. (Nasa)

«L'expérience du prince Sultan a eu un impact considérable sur les Émirats arabes unis en particulier, un pays qui a fait preuve d'un engagement fort envers l'espace depuis l'époque de son fondateur et premier président, le cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyane», a écrit M. Al-Ahbabi.  

«La vision du cheikh Zayed et l'étape historique franchie par le prince Sultan ont servi de tremplin à l'enthousiasme des Émirats arabes unis et de la région pour l'exploration spatiale.»

L'agence spatiale des Émirats arabes unis a signé un accord avec l'Agence spatiale saoudienne en 2020 afin de renforcer la coopération dans les activités spatiales à des fins pacifiques, de renforcer les capacités techniques et scientifiques et d'échanger des connaissances et de l'expertise.

Alors que la région arabe continue de développer ses projets et ses investissements dans le secteur spatial, on se souviendra toujours du rôle joué par le prince saoudien pour rappeler aux jeunes générations qu'il faut viser les étoiles.

Lorsqu'elles verront la Terre depuis l'espace, elles constateront, comme l'a déclaré le prince Sultan à Arab News en 2019, que «votre intérêt et votre passion pour les choses deviennent plus globaux, plus universels».

Sherouk Zakaria est une journaliste d'Arab News basée aux Émirats arabes unis, avec plus d'une décennie d'expérience dans les médias et la communication stratégique.

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com