RIYAD: Le graffeur saoudien Maajed Ahmed possède un don : transformer des murs blancs en des toiles de peintures aux couleurs captivantes entremêlées de typographie arabe qui attirent invariablement l'attention des passants.
Alors que les artistes du graffiti dans la culture pop sont souvent dépeints comme travaillant dans l'ombre, Ahmed a fièrement présenté son art lors du deuxième festival MDLBeast, le plus grand festival de musique du Moyen-Orient qui inspire la jeunesse saoudienne avec son mélange éclectique de musique, d'art et de culture.
Son art du graffiti sur des conteneurs d'expédition a accueilli des milliers de fans à leur arrivée au festival pour un week-end rempli de performances de DJ et de musiciens de renommée mondiale.
Parlant de cette expérience, Ahmed a déclaré: «Travailler au MDLBeast a été une expérience très agréable. J'ai fait quelque chose pour la patrie, et les retours ont été très positifs de la part de l'équipe du ministère de la Culture, ainsi que de l'équipe du MDLBeast.»
Selon Ahmed, le graffiti est un moyen de partager sa propre culture ainsi que ses racines avec un public international. Il est conscient de la responsabilité que son travail implique.
Il est né et a grandi à Mecque, une ville culturellement riche, où il a découvert sa passion pour l'art et le graffiti pendant son adolescence.
Ahmed a déclaré avoir été inspiré par la culture de la rue dans sa ville, mais y a ajouté sa touche personnelle.
«J'ai développé mon talent de dessinateur et d'illustrateur après avoir été inspiré par la scène florissante du street art dans ma ville natale.»
«Mon but est de réinventer la forme d'art avec un mélange de calligraphie arabe et d'expressivité de la rue.» Maajed Ahmed, graffeur saoudien
«Au fil du temps, j'ai créé un style distinctif que j'ai appelé ‘calligraffiti’ en fusionnant la calligraphie arabe conventionnelle avec le graffiti moderne.»
Afin de repousser les limites de son expression artistique, il a élargi sa palette artistique pour incorporer l'illustration numérique à main levée, ce qui lui a permis de produire des graffitis et des œuvres d'art de rue flexibles et avant-gardistes.
En tant que jeune artiste saoudien, Ahmed est dévoué à sa croissance artistique. Il cherche à développer son style et à adopter de nouvelles techniques.
Restaurer l’image du graffiti
Au début de l’année, il s'est lancé dans un voyage culturel au Vietnam et a participé à des événements artistiques, notamment le festival d'art urbain de Nam Jam Da Nang, un événement rassemblant des graffeurs et des artistes de rue du monde entier. Ahmed a peint plus de neuf fresques murales dans trois villes vietnamiennes lors de sa visite.
Il est actuellement basé à Dubaï, et la plupart de ses projets y ont vu le jour.
Ahmed a participé au projet des fresques Zayed, organisé par la municipalité d'Ajman et le département de la planification, célébrant «l'Année de Zayed». Une de ses fresques se trouvait à l'intersection du pont Sheikh Khalifa et comportait des éléments de couleur verte symbolisant les efforts de reboisement de Sheikh Zayed.
«Bien que je réside désormais aux Émirats arabes unis et que je réalise la plupart de mes travaux là-bas, j'ai l'intention de retourner dans mon pays natal afin de poursuivre mes projets artistiques et sensibiliser à la culture saoudienne ou arabe du hip-hop», a-t-il déclaré.
Le choix des motifs locaux et arabes par l'artiste ne montre pas seulement sa fierté envers son héritage, mais sert également à corriger le récit sur le graffiti et les graffeurs.
«Mon but est de réinventer cette forme d'art avec mon mélange astucieux de calligraphie arabe et d'expressivité de la rue, et je le fais avec mon travail en défiant les préjugés associés au graffiti en tant qu'activité criminelle.»
Pendant longtemps, le graffiti a été associé au vandalisme, mais des artistes comme Ahmed espèrent mettre en évidence sa valeur en embellissant le paysage urbain de touches de couleur et de culture.
Il croit par ailleurs que la pratique du graffiti contribue à sa santé mentale et physique.
«La pratique du graffiti me rend plus en forme physiquement car je peux bouger plus rapidement, et mon esprit fonctionne en même temps. Dans ce cas, je combine un entraînement mental provenant de mon imagination avec une condition physique, et la plupart des artistes du graffiti sont en excellente santé mentale et physique», a-t-il déclaré.
Selon Ahmed, les graffeurs saoudiens font partie des groupes d'artistes dominants au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
«La plupart des artistes saoudiens ont leur propre style artistique et leurs propres techniques. Ils ont également une expérience suffisante dans le domaine du style de rue et bien plus encore. Les artistes émergents travaillent dur, et je suis heureux de voir la communauté du graffiti grandir et se développer car le développement de la technologie a rendu les choses faciles ; il s’agit donc de bonnes nouvelles.»
Le ministère saoudien de la Culture a lancé des initiatives et des programmes pour soutenir l'art du graffiti. Le ministère a aussi désigné des lieux spécifiques où les «artistes de rue» peuvent s'exprimer.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com