Elections en Espagne: la droite favorite, l'extrême droite en embuscade pour revenir au pouvoir

Le Premier ministre espagnol et candidat du Parti socialiste (PSOE) à la réélection Pedro Sanchez, aux côtés de son épouse Begona Gomez (R), serre la main des responsables du bureau de vote avant de voter lors des élections générales espagnoles, à Madrid, le 23 juillet 2023. (AFP)
Le Premier ministre espagnol et candidat du Parti socialiste (PSOE) à la réélection Pedro Sanchez, aux côtés de son épouse Begona Gomez (R), serre la main des responsables du bureau de vote avant de voter lors des élections générales espagnoles, à Madrid, le 23 juillet 2023. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 23 juillet 2023

Elections en Espagne: la droite favorite, l'extrême droite en embuscade pour revenir au pouvoir

  • La participation, qui avait bondi de 2,5 points à la mi-journée, s'affichait en net repli à 16H00 GMT à 53,12% contre 56,85% lors des dernières législatives de 2019, les électeurs s'étant plutôt mobilisés le matin en raison de la chaleur
  • Ce chiffre n'intègre toutefois pas les 2,47 millions de personnes, sur 37,5 millions d'électeurs, ayant voté par correspondance - un nombre record dû au fait que ce scrutin se déroule, pour la première fois, en plein été

MADRID: L'Espagne attend fébrilement dimanche le résultat d'élections législatives, scrutées dans toute l'Europe, dont la grande favorite est l'opposition de droite mais qui pourraient aussi amener l'extrême droite au gouvernement pour la première fois depuis la fin du franquisme.

La participation, qui avait bondi de 2,5 points à la mi-journée, s'affichait en net repli à 16H00 GMT à 53,12% contre 56,85% lors des dernières législatives de 2019, les électeurs s'étant plutôt mobilisés le matin en raison de la chaleur.

Ce chiffre n'intègre toutefois pas les 2,47 millions de personnes, sur 37,5 millions d'électeurs, ayant voté par correspondance - un nombre record dû au fait que ce scrutin se déroule, pour la première fois, en plein été.

Les bureaux de vote fermeront à 20H00 (18H00 GMT) mais il faudra attendre environ une heure pour la publication des premiers résultats partiels.

Donné vainqueur par les sondages, le leader du Parti populaire (PP, droite) Alberto Núñez Feijóo a dit dimanche espérer que l'Espagne "entame une nouvelle ère".

Cette élection est "très importante (...) pour le monde et pour l'Europe", a estimé de son côté le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, au pouvoir depuis cinq ans.

Ce scrutin suscite un intérêt inhabituel à l'étranger en raison de la possible arrivée au pouvoir d'une alliance entre la droite traditionnelle et le parti ultranationaliste et ultraconservateur Vox, qui rejette l'existence de la violence de genre et critique le "fanatisme climatique". 

Un tel scénario marquerait le retour au pouvoir de l'extrême droite en Espagne pour la première fois depuis la fin de la dictature franquiste en 1975, il y a près d'un demi-siècle.

«Répercussions sur tout le continent»

A l'approche des élections européennes de 2024, le basculement à droite de la quatrième économie de la zone euro, après l'Italie l'an dernier, constituerait un revers cinglant pour la gauche européenne, d'autant plus symbolique que l'Espagne exerce actuellement la présidence tournante de l'UE.

Dans une tribune publiée dimanche dans le quotidien français Le Monde, l'ancien Premier ministre travailliste britannique Gordon Brown a estimé qu'une entrée de Vox au gouvernement - synonyme, selon lui, de "capitulation des conservateurs espagnols face à l'extrême droite" - "aurait des répercussions sur tout le continent".

Toutes les enquêtes d'opinion publiées jusqu'à lundi estimaient quasi certaine une victoire du PP de M. Feijóo, 61 ans, mais le fait que leur publication soit interdite pendant les cinq jours précédant le scrutin incite à la prudence.

L'objectif de M. Feijóo est de remporter la majorité absolue de 176 députés à la Chambre des députés, afin que le PP puisse gouverner seul. Mais pas un sondage n'a envisagé un tel score et le PP devrait donc avoir recours à une alliance.

Son seul partenaire potentiel est Vox, parti né en 2013 d'une scission du PP, avec lequel il gouverne déjà dans trois des 17 régions du pays. Or le leader de Vox, Santiago Abascal, a averti que le prix de son soutien serait une participation au gouvernement.

«Pas l'idéal»

"Un gouvernement de coalition entre le PP et Vox serait bénéfique, parce qu'il se consacrerait à rendre l'Espagne meilleure, pas à faire plaisir" à tout le monde, a déclaré à l'AFPTV Brayan Sánchez, un informaticien de 27 ans ayant voté à Barcelone (nord-est).

Une analyse rejetée par Laia Ricard, actrice catalane de 46 ans, qui a estimé qu'une telle coalition serait "désastreuse à tous les niveaux" pour sa région, Vox étant partisan de la manière forte contre l'indépendantisme catalan.

M. Feijóo, qui a décrit le PP comme "un parti de centre-droit réformiste", a maintenu jusqu'au bout le flou sur ses intentions, admettant toutefois vendredi, dans une interview au quotidien El Mundo, qu'un gouvernement de coalition avec Vox "n'est pas l'idéal".

Donné battu après la déroute de la gauche lors des élections locales de mai, qui l'avait convaincu de convoquer ce scrutin anticipé, M. Sánchez, 51 ans, a fait de Vox un épouvantail afin de jouer sur la peur de l'extrême droite.

Dénonçant "le tandem formé par l'extrême droite et la droite extrême" et jouant la carte européenne, il a estimé qu'un gouvernement de coalition PP/Vox "serait non seulement un recul pour l'Espagne" sur le plan des droits, "mais aussi un sérieux revers pour le projet européen".

Pour lui, la seule alternative est le maintien au pouvoir de l'actuelle coalition de gauche, mise sur pied en 2020, entre son parti socialiste et la gauche radicale, représentée par la ministre communiste du Travail Yolanda Díaz.

"Pour les gens de ma génération, ce sont les élections les plus importantes (...) C'est la prochaine décennie qui se joue", a mis en garde dimanche Mme Díaz, dont la formation Sumar regroupe une quinzaine de partis.


Nucléaire: le chef de l'AIEA attendu lundi en Iran sur fond de tensions régionales

Rafael Grossi, chef de l’AIEA, devrait prononcer un discours lors de la première Conférence internationale iranienne sur la science et la technologie nucléaires (Photo, AFP).
Rafael Grossi, chef de l’AIEA, devrait prononcer un discours lors de la première Conférence internationale iranienne sur la science et la technologie nucléaires (Photo, AFP).
Short Url
  • L'AIEA est chargée de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire iranien
  • Depuis la dernière visite de Rafael Grossi il y a plus d'un an, les relations entre les deux parties se sont fortement détériorées

TEHERAN: Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est attendu lundi en Iran pour participer à une conférence, à un moment où les inquiétudes grandissent autour du programme nucléaire de Téhéran dans un contexte de tensions régionales accrues.

Le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, avait déclaré la semaine dernière que M. Grossi aurait "des réunions" avec des responsables iraniens, sans fournir plus de détails.

Il s'agit du premier déplacement du responsable de l'agence des Nations unies depuis mars 2023 en Iran, où il avait notamment rencontré le président Ebrahim Raïssi.

L'AIEA est chargée de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire iranien. Or depuis 2021, les inspections ont été fortement réduites, les caméras de surveillance débranchées et l'accréditation d'un groupe d'experts a été retirée.

L'agence de presse officielle iranienne Irna a indiqué dimanche que la visite de M. Grossi serait une occasion pour les deux parties de "partager leurs inquiétudes", concernant notamment les inspecteurs de l'AIEA, sans plus de détail.

Rafael Grossi doit prononcer un discours lors d'une conférence sur l'énergie nucléaire qui débute lundi et aura lieu jusqu'à mercredi dans la province d'Ispahan (centre). C'est dans cette région que se trouve l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz.

Le directeur général de l'AIEA "doit assister à la cérémonie d'ouverture de la conférence",  a rapporté dimanche Irna, citant le responsable de la conférence, Javad Karimi Sabet.

«Incertitudes»

Depuis la dernière visite de Rafael Grossi il y a plus d'un an, les relations entre les deux parties se sont fortement détériorées, Téhéran restreignant sa coopération tout en poursuivant son escalade nucléaire.

"Nous sommes sûrs que les négociations (avec M. Grossi) dissiperont davantage les incertitudes et que nous pourrons renforcer nos relations avec l'Agence", avait affirmé mercredi M. Eslami.

La situation actuelle renforce les craintes alors que Téhéran dispose de suffisamment de matière pour fabriquer plusieurs bombes atomiques.

L'Iran, qui nie avoir de telles intentions, est "le seul pays non doté de l'arme atomique à enrichir l'uranium au niveau de 60% et à accumuler" d'importants stocks, avait rappelé en mars le directeur général de l'agence de l'ONU.

Ce seuil est proche des 90% nécessaires pour élaborer une bombe et se situe bien au-delà du plafond autorisé de 3,67%, équivalant à ce qui est utilisé pour la production d'électricité.

L'Iran s'est affranchi progressivement des engagements pris dans le cadre de l'accord international de 2015 encadrant ses activités nucléaires en échange d'une levée des sanctions internationales.

Ce pacte, connu sous l'acronyme JCPOA, a volé en éclats après le retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par le président d'alors, Donald Trump.

Des discussions à Vienne, où est basée l'AIEA, pour le ranimer ont échoué à l'été 2022 et aucun espoir de relance ne se profile à court terme.

Après une attaque de représailles contre l'Iran attribuée à Israël, le 19 avril, le chef de l'AIEA avait fait part de son inquiétude et appelé "chacun à une extrême retenue" dans un contexte d'escalade croissante au Moyen-Orient depuis le début il y a sept mois de la guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Toutefois, l'AIEA avait précisé qu'elle n'avait constaté "aucun dégât" sur les sites nucléaires iranien après les explosions rapportées dans le centre du pays.


La Corée du Nord affirme que tout nouveau comité de surveillance des sanctions est voué à l'échec

L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
Short Url
  • La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire
  • Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique

SEOUL: Les efforts visant à mettre en place un nouveau comité d'experts pour surveiller l'application des sanctions internationales visant la Corée du Nord sont voués à l'échec, a déclaré son ambassadeur à l'ONU dans des propos rapportés par un média d'Etat dimanche.

"Les forces hostiles pourraient installer (un) deuxième et (un) troisième comités d'experts à l'avenir mais ils sont tous destinés à connaître l'autodestruction", a lancé l'ambassadeur Kim Song dans un communiqué en langue anglaise diffusé par l'agence de presse officielle KCNA.

En mars, la Russie a mis son veto au Conseil de sécurité de l'ONU à un projet de résolution prolongeant d'un an le mandat du comité d'experts chargé de surveiller l'application des sanctions des Nations Unies visant Pyongyang.

Cette dissolution est un "jugement historique à l'encontre d'une organisation illégale et fomenteuse de complots (...) en vue d'éliminer le droit à l'existence d'un Etat souverain", selon Kim Song.

La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire, renforcées plusieurs fois en 2016 et 2017. Depuis 2019, la Russie et la Chine, mettant notamment en avant la situation humanitaire en Corée du Nord, réclament l'allègement de ces sanctions, qui n'ont pas de date de fin.

Armes 

N'ayant pas obtenu gain de cause, Moscou a pris pour cible le comité d'experts chargé de surveiller l'application de ces mesures, comité dont les rapports font référence.

Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique pour son programme de satellites espions.

Lors d'une visite en Corée du Sud en avril, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a souligné l'importance de garantir l'application des sanctions en Corée du Nord.

D'après l'ambassadrice, Washington travaille avec Séoul, Tokyo et d'autres capitales à trouver "des moyens créatifs" pour reprendre la surveillance des sanctions.

En 2023, la Corée du Nord a conduit un nombre record d'essais de missiles en dépit des sanctions. L'année précédente, Pyongyang a déclaré son statut de puissance nucléaire "irréversible".


Attaque au couteau en Australie, un adolescent de 16 ans «radicalisé» abattu par la police

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
Short Url
  • L'homme «d'âge mûr» blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état «grave» mais stable
  • Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé

SYDNEY: Un adolescent de 16 ans "radicalisé" et atteint de troubles mentaux a été abattu samedi soir par la police dans la banlieue de Perth, dans l'ouest de l'Australie, après avoir blessé une personne lors d'une attaque au couteau, ont rapporté les autorités dimanche.

L'adolescent, armé d'un couteau, "s'est précipité" sur les forces de l'ordre et a été mortellement touché par le tir d'un agent, a indiqué le Premier ministre de l'Etat d'Australie-Occidentale Roger Cook lors d'une conférence de presse.

"Il y a des indications selon lesquelles il s'était radicalisé en ligne. Mais je tiens à rassurer la population, à ce stade il semble qu'il ait agi seul", a déclaré M. Cook.

La police a reçu un appel samedi soir de la part d'un homme avertissant qu'il allait commettre "des actes de violence" mais sans donner son nom ni sa localisation, a fait part aux journalistes le responsable de la police de l'Etat, Col Blanch.

Quelques minutes plus tard, a-t-il ajouté, la police a reçu un appel d'urgence pour les avertir qu'un "homme avec un couteau courait" au niveau d'un parking de Willetton, dans la banlieue sud de Perth.

L'individu était armé d'un couteau de cuisine de 30 centimètres de long et d'après des images d'une caméra-piéton de la police, l'adolescent a refusé de le poser à terre comme le demandaient les forces de l'ordre, a indiqué M. Blanch.

Les agents ont tiré au moyen de deux pistolets à impulsion électrique mais "aucun des deux n'a eu totalement l'effet escompté", a-t-il relaté.

"L'homme a continué à avancer vers (un agent) muni d'une arme à feu qui a tiré un seul coup et mortellement blessé" l'individu, a raconté le responsable de la police. L'adolescent est décédé à l'hôpital plus tard dans la nuit.

«Radicalisation en ligne»

L'homme "d'âge mûr" blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état "grave" mais stable, a dit le responsable policier.

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police, a-t-il expliqué sans divulguer d'informations sur leur contenu.

L'adolescent avait "des problèmes de santé mentale mais aussi des problèmes de radicalisation en ligne", d'après la même source.

Ces dernières années, l'assaillant était suivi dans le cadre d'un programme de lutte contre la violence et l'extrémisme.

"Il ne s'agit pas d'une approche fondée sur la dimension criminelle, c'est un programme visant à aider des individus qui expriment des idéologies préoccupantes pour notre communauté", a expliqué M. Blanch.

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a expliqué avoir été tenu au courant des faits par la police et les services de renseignement selon qui il n'y a pas de "menace en cours".

"Nous sommes une nation attachée à la paix et il n'y a pas de place pour l'extrémisme violent en Australie", a écrit M. Albanese sur les réseaux sociaux.

Les crimes violents sont rares en Australie, mais cet incident survient moins d'un mois après une autre attaque au couteau qui a fait six morts dans un centre commercial de Sydney (sud-est).

L'auteur de cette attaque, Joel Cauchi, un homme de 40 ans souffrant de troubles mentaux, avait été abattu par la police. Ses parents ont indiqué que leur fils a été diagnostiqué schizophrène à l'âge de 17 ans, puis qu'il a quitté leur domicile du Queensland (nord-est) et abandonné son traitement.

Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé lors d'un sermon diffusé en direct dans une église de Sydney. La victime a survécu à ses blessures. Un adolescent de 16 ans a depuis été inculpé d'"acte terroriste".