PARIS: Macroniste clivante issue de la droite, la cheffe des députés Renaissance Aurore Bergé a longtemps bataillé pour décrocher un poste au gouvernement, jusqu'à sa nomination jeudi au ministère des Solidarités et des Familles, à 36 ans.
Elle succède à Jean-Christophe Combe, venu de la société civile et qui avait du mal à trouver sa place au gouvernement.
"C’est la reconnaissance de son engagement et du travail qui a été le sien au groupe", selon l'entourage d'Emmanuel Macron. Elle devra notamment mettre en oeuvre le versement des prestations sociales à la source et sera très attendue sur la question du grand âge et de l'autonomie.
A l'aise sur les plateaux de télévision pour porter l'estocade contre les Insoumis ou le RN, Aurore Bergé s'est imposée en première ligne de la macronie depuis son élection dans les Yvelines en 2017, après un parcours à droite.
LFI a réagi vivement à sa nomination, en lui reprochant d'avoir été "sourde à toute opposition" à l'Assemblée.
La députée a souvent espéré entrer au gouvernement, par exemple à la Culture, un sujet cher à cette fille de comédiens - son père est la voix française de Sylvester Stallone. Jusqu'à verser quelques larmes lors d'un rassemblement des députés de la majorité à Matignon en juillet 2020, pour ne pas avoir été nommée dans le gouvernement de Jean Castex.
Après sa large réélection aux législatives de juin 2022, elle avait mené une campagne "offensive" pour la présidence du groupe Renaissance, selon un collègue.
À ce poste, elle a souvent assumé des positions tranchantes voire des coups médiatiques, au risque de crisper ses alliés de la majorité Horizons et Modem, parfois pris de court.
Elle n'avait pas été suivie en défendant une proposition de loi, rejetée, visant à étendre la peine d'inéligibilité à davantage d'auteurs de violences: une loi de "circonstance" et "opportuniste" critiquaient ses détracteurs, lancée pour réagir à la condamnation du député LFI Adrien Quatennens pour des violences sur sa compagne.
"Elle a la qualité de ses défauts", balaie un soutien au sein du groupe. "Elle a gommé cinq ans de députés 'Playmobil'".
Les relations étaient réputées tendues avec la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet, à qui elle reprochait d'être trop amène avec les oppositions.
A l'Assemblée, Aurore Bergé s'était d'abord particulièrement impliquée sur les questions culturelles, notamment l'audiovisuel public.
Elle revendique aussi son engagement féministe, en pointe pour demander l'inscription du droit à l'IVG dans la Constitution. Elle a soutenu une proposition de loi constitutionnelle de la gauche, qui a obtenu un premier feu vert à l'Assemblée mais est depuis suspendue au sort d'une éventuelle révision plus large de la Loi fondamentale.
La macroniste défend par ailleurs une vision stricte de la laïcité, proche de celle de l'ancien ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer ou de l'ex-Premier ministre Manuel Valls.
En octobre 2019, elle avait créé la polémique dans son camp, se disant prête à voter une proposition de loi d'Eric Ciotti (LR) sur l'interdiction du voile pour les accompagnantes scolaires.
Affinités successives
En politique, ses affinités successives, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Alain Juppé puis Emmanuel Macron, lui valent une réputation d'ambitieuse, voire d'opportuniste.
Mais Aurore Bergé, engagée très jeune à droite, a toujours affirmé suivre la même ligne directrice "libérale, progressiste, féministe et européenne".
Elle démarre sa vie militante en 2002 lors de la fondation de l'UMP. En 2010, la diplômée de Sciences Po Paris tente sans succès de s'emparer de la présidence des "Jeunes Pop'", l'organisation de jeunesse du parti.
En 2013, elle prend position pour le mariage pour tous et s'attire de nombreuses critiques dans son camp.
Après un échec aux municipales de 2014 à Magny-Les-Hameaux (Yvelines), elle intègre la garde rapprochée d'Alain Juppé lors de la primaire en 2016, avant de rejoindre celle d'Emmanuel Macron en février 2017 puis de s'imposer aux législatives dans la 10e circonscription des Yvelines.
Jeune maman, Aurore Bergé est très présente sur les réseaux sociaux, après un parcours de communicante dans le privé pour les agences Spintank puis Hopscotch.
Sa nomination va entraîner une élection à la tête du groupe Renaissance. Le vice-président Sylvain Maillard a d'ores et déjà annoncé sa candidature.