PARIS: Israël "évoque" son potentiel retour au sein de l'Unesco, une organisation qu'il avait quittée en 2017-2018 en même temps que les Etats-Unis, a-t-on appris jeudi auprès d'une source diplomatique au sein de l'institution onusienne, mais non confirmée de source israélienne.
Mercredi, le ministre des Affaires étrangères israélien Eli Cohen, dans le cadre d'une visite en France, a rendu visite à la directrice générale de l'Unesco Audrey Azoulay, a-t-on appris auprès de l'ambassade d'Israël à Paris et de l'Unesco.
Durant cette rencontre, M. Cohen a "évoqué la question du retour d'Israël à l'Unesco", ce à quoi Mme Azoulay a répondu que "la décision d'un retour d'Israël appartient aux autorités israéliennes", a indiqué à l'AFP un diplomate de l'Unesco.
De son côté l'ambassade déclare que "lors de cette réunion, ils se sont entretenus sur la coopération entre Israël et l'organisation internationale dans le domaine de la lutte contre l'antisémitisme et la promotion de la culture à la tolérance".
Par ailleurs, toujours selon l'ambassade, Mme Azoulay "a affirmé qu'elle travaille à dépolitiser l'organisation et considère que le retour d'Israël revêt une grande importance", et M. Cohen "a évoqué le sujet de la politisation de l'organisation et de son instrumentalisation cynique par les Palestiniens".
Israël s'est retiré de l'Unesco en 2017, quelques heures après les Etats-Unis, qui sous Donald Trump accusaient l'organisation onusienne pour la culture, l'éducation et la science de "parti pris anti-israélien".
"L'Unesco est devenue le théâtre de l'absurde où l'on déforme l'histoire au lieu de la préserver", avait justifié à l'époque le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un communiqué.
"Depuis 2009, l'Unesco a fait voter 71 résolutions condamnant Israël contre 2 pour l'ensemble des autres pays dans le monde. C'est scandaleux", avait encore affirmé en 2018 M. Netanyahu, depuis lors revenu au pouvoir.
Le retrait israélien et américain de l'Unesco est effectif depuis décembre 2018.
L'Unesco avait notamment provoqué la fureur israélienne en juillet 2017 en inscrivant la Vieille ville d'Hébron sur la liste du patrimoine mondial en danger et en caractérisant Hébron, en Cisjordanie occupée, de ville islamique, alors que les juifs, dont quelques centaines y vivent aujourd'hui retranchés au milieu de 200.000 Palestiniens, y revendiquent une présence de 4.000 ans.
En 2011, l'Unesco avait admis la Palestine comme membre à part entière de l'institution.
Washington est redevenu pleinement membre de l'Unesco mi-juillet, un retour s'inscrivant dans un contexte général de rivalité croissante avec la Chine, alors que Pékin souhaite transformer l'ordre multilatéral international mis en place après la Seconde guerre mondiale, dont l'Unesco est une émanation.
Les Etats-Unis avaient déjà quitté l'Unesco en 1984, sous Ronald Reagan, invoquant l'inutilité supposée et les débordements budgétaires de l'organisation qu'ils avaient ensuite réintégrée en octobre 2003.
Lors de l'entretien, les deux dirigeants ont évoqué la situation des sites du patrimoine juif en Cisjordanie, selon l'ambassade.
"Les sites du patrimoine juif en Judée-Samarie (nom donné à la Cisjordanie par Israël, ndlr) ont été endommagés et pillés, et l'Unesco, qui est responsable de la préservation des sites du patrimoine dans le monde entier, devrait agir pour empêcher les dommages aux sites qui représentent l'histoire du peuple d'Israël", a déclaré M. Cohen, cité dans le communiqué.
"J'ai par ailleurs demandé à la Secrétaire générale de l'Unesco de coopérer avec Israël et d'autres pays dans la protection des sites juifs en Israël et à travers le monde", a-t-il ajouté.