LONDRES: Une ressortissante anglo-australienne purgeant une peine de 10 ans de prison en Iran a été transférée dans une prison du désert, tristement célèbre, et utilisée pour punir les prisonniers politiques, selon des responsables.
Kylie Moore-Gilbert, conférencière en politiques du Moyen-Orient à l’Université de Melbourne, a été emprisonnée en septembre 2018 pour espionnage. Elle a été jugée en secret alors qu’elle réfute avec fermeté toutes les charges portées contre elle.
Moore-Gilbert était détenue à la prison d’Evin à Téhéran avant d’être transférée à la célèbre prison de Qarchak située dans le désert, à l’est de la capitale.
L'Agence de presse des défenseurs des droits humains (HRANA) a affirmé que Qarchak avait la pire réputation parmi toutes les prisons pour femmes en Iran.
Elle est souvent utilisée pour punir les prisonniers politiques iraniens et ses conditions de détention ont été décrites comme atroces par les précédents prisonniers.
« C’est à la prison de Qarchak que sont détenus les prisonniers de droit commun. Elle est surpeuplée et certaines des détenues sont dangereuses », a affirmé Hadi Ghaemi, directeur du Centre pour les Droits Humains en Iran.
Avant son transfert, Moore-Gilbert avait été placée à l’isolement et avait fait plusieurs grèves de la faim.
Elle aurait été battue pour avoir essayé de réconforter de nouvelles prisonnières en transmettant des messages et en les inscrivant sur les murs de la prison.
Elle avait également refusé une offre de libération en échange d’espionnage au profit de l’Iran. « Je ne suis pas une espionne », a-t-elle écrit dans des lettres sorties clandestinement de la prison au mois de janvier.
« Je n’ai jamais été une espionne et je n’ai aucun intérêt à travailler pour un organisme d’espionnage dans n’importe quel pays. »
« Ils ne sont pas contents de la voir résister et refuser de coopérer », assure Ghaemi.
L’académicienne est empêchée d’entrer en contact avec sa famille, et les conditions de détention dans la prison du désert pèsent lourdement sur sa santé mentale.
« Je pense que je suis plongée dans un sérieux problème psychologique », a-t-elle écrit en janvier, « un problème aggravé par l’interdiction de recevoir tout appel téléphonique de ma famille. »
Reza Khandan, le mari de Nasri Sotoudeh, une avocate des droits de l’homme emprisonnée, a affirmé sur Facebook que Moore-Gilbert était « en très mauvaise forme. »
Elle lui aurait dit: « Je ne peux rien manger, je ne sais pas, je suis tellement déçue. Je suis complètement déprimée. »
Dans une déclaration faite mardi, le Département Australien des Affaires Etrangères et du Commerce a affirmé que « le cas de Dr Moore-Gilbert est l’une des priorités du gouvernement, ainsi que pour les responsables de notre ambassade à Téhéran. »
Le gouvernement australien a déclaré pour sa part qu’il tenait l’Iran pour responsable de « la sécurité et du bien-être » de Moore-Gilbert et qu’il « tentait d’urgence d’entrer en contact » avec elle.
L’Iran emprisonne fréquemment des ressortissants étrangers pour des raisons infondées. La mère de famille anglo-iranienne Nazanin Zaghari-Ratcliffe est détenue dans la prison d’Evin depuis 2016. Elle est accusée de « complot pour renverser le gouvernement iranien », et réfute également avec véhémence ces charges contre elles.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com