LILLE : "Acte de barbarie", "abominable lynchage", "lâcheté sans nom": le décès mardi d'un septuagénaire agressé quelques jours plus tôt devant son domicile de Vieux-Condé (Nord) par des jeunes gens auxquels il avait demandé de faire moins de bruit a suscité l'indignation dans tout le spectre politique.
"Ce drame ne restera pas impuni", a promis mardi soir sur Twitter le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, évoquant "une agression d’une lâcheté sans nom".
Le député PCF de la circonscription, Fabien Roussel, a lui dénoncé "un acte de barbarie" et appelé la justice à faire preuve d'"une extrême sévérité". "On ne peut pas laisser passer une telle horreur", a-t-il ajouté.
La victime, Philippe Mathot, 72 ans, était une figure de Vieux-Condé, commune de 10 000 habitants où il a longtemps été fleuriste.
Sa mort a été annoncée mardi matin par le maire de la commune, David Bustin, via un message Facebook. "Philippe nous a quitté cette nuit, aujourd'hui est venu le moment du deuil et du recueillement", a-t-il écrit, annonçant l'ouverture d'un livre de condoléances à destination d'habitants "en état de choc".
Mort cérébrale
M. Mathot est décédé un peu moins d'une semaine après son agression par trois jeunes hommes âgés de 14, 17 et 18 ans dans la nuit du 5 au 6 juillet.
Selon le parquet de Valenciennes, qui doit donner une conférence de presse dans l'après-midi, il était sorti de chez lui vers 23H00 "en raison de la présence bruyante de ces trois jeunes gens devant son domicile".
Une "altercation" avait alors éclaté, pendant laquelle le jeune homme de 17 ans, principal suspect, lui avait porté "de multiples coups de poing et de pied", notamment lorsqu’il "se trouvait au sol après avoir chuté sous l'impact des coups", selon cette même source.
Il avait été "découvert gisant sur la voie publique" lors de l'intervention de la police. Les trois mis en cause, sans antécédents judiciaires, avaient été interpelés dès le lendemain.
Selon une source proche du dossier, le septuagénaire était en état de mort cérébrale depuis samedi.
"Ca correspond à l'ensauvagement que j'ai dénoncé depuis des années déjà", a réagi mercredi la présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen, lors d'un déplacement à Beauvais. "La perte totale de respect de la vie humaine, elle passe par la perte totale de respect de l'intégrité physique", a-t-elle ajouté.
«Ultra-violence»
Le jeune homme de 17 ans a été placé en détention provisoire. Il a d'abord été mis en examen pour "tentative de meurtre", un chef d'inculpation dont le parquet a demandé la requalification en "homicide volontaire" après le décès de la victime.
Les suspects de 18 ans et 14 ans ont eux été mis en examen pour "non empêchement de commettre un crime ou un délit et non-assistance à personne en danger".
"Ils ont fait l’objet, pour le premier d’un placement sous contrôle judiciaire, et pour le second d’une mesure judiciaire éducative provisoire, leur imposant une série d’interdictions", a précisé le parquet de Valenciennes.
Sur franceinfo, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a estimé que la mort de cet "homme tué avec les poings et les pieds" atteste "de cette ultra-violence, de cette violence décomplexée contre laquelle nous devons lutter avec détermination".
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a lui déploré sur Twitter un "abominable lynchage". "Personne ne devrait opposer les victimes comme je le lis hélas de la part de ceux qui ne pensent qu’à régler des comptes sur la mémoire d’un homme. Personne ne mérite la mort à 17 comme à 72 ans", a-t-il ajouté, en allusion au décès du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre.