NEW YORK: Le chef des droits de l’homme de l’ONU a déclaré mardi qu’il «ressentait beaucoup de compassion» envers les millions de personnes indignées par des actes qui ciblent «leurs valeurs et croyances les plus profondes».
Volker Türk déclare que les incidents récents, comme le Coran brûlé et autres actions similaires, semblent avoir été provoqués pour attiser la colère, créer des divisions et transformer les différences de points de vue en haine et en violence.
Il a tenu ces propos au cours de la 53e session du Conseil des droits de l’homme à Genève lors d’un débat d’urgence sur «l’augmentation alarmante des actes prémédités et publics de haine religieuse qui se manifestent par la profanation récurrente du Saint Coran dans certains pays européens et autres».
Le débat se tient en réponse au Coran brûlé devant une mosquée à Stockholm, le mois dernier, pendant les vacances de l’Aïd al-Adha. Cet acte a suscité l’indignation dans le monde musulman et une condamnation à l’échelle mondiale.
«Au-delà des mots, les êtres humains communiquent à travers des symboles», déclare M. Türk, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. «Une bague marque notre engagement à nous marier. La couleur des feux signale s’il faut s’arrêter ou passer.»
«Les symboles religieux vont beaucoup plus loin. Un croissant, une étoile, une croix, un personnage assis: pour certains, cela pourrait signifier peu. Mais pour des millions de personnes, ils ont une signification profonde et incarnent une histoire très importante, un système de valeurs de grande envergure, un fondement de communauté et d’appartenance collective et l’essence même de leur identité et de leurs croyances.»
Les dirigeants politiques et religieux ont un rôle crucial à jouer dans la prévention des actes offensants sur le plan religieux en dénonçant toutes les profanations de lieux saints et de symboles, ajoute-t-il.
«Ils devraient également indiquer clairement que la violence ne peut être justifiée par une provocation préalable, soit-elle réelle ou perçue», soutient M. Türk.
Bien que toute restriction à la liberté de parole ou d’expression doive rester une exception à la règle, dit-il, «un acte de parole, dans les circonstances spécifiques où il se produit, peut constituer une incitation à l’action de la part d’autrui – action très violente et discriminatoire dans certains cas».
Invoquant les principes du droit international, il soutient que les États doivent interdire «tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence».
Il ajoute, cependant, que «toute restriction nationale au droit à la liberté d’opinion et d’expression doit être formulée de manière à ce que son seul objectif et résultat soit de protéger les individus, plutôt que de protéger la doctrine religieuse d’une analyse critique».
M. Türk met également en lumière l’importance des efforts pour lutter contre le discours de haine, qui, selon lui, «doit être activement contré par toutes les autorités responsables, les personnalités influentes et le secteur privé».
Par ailleurs, il exhorte les États à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le plan d’action de l’ONU visant à lutter contre l’intolérance fondée sur la religion ou les convictions.
«De nombreuses sociétés luttent contre cette militarisation des différences religieuses à des fins politiques», insiste-t-il.
«Nous ne devons pas nous laisser entraîner et être instrumentalisés par ces marchands de chaos à des fins politiques. Ces provocateurs cherchent délibérément des moyens de nous diviser.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com