JENINE: Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a promis mercredi de reconstruire le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, visé début juillet par une opération militaire israélienne meurtrière, lors de sa première visite dans la région depuis plus de dix ans.
Le camp de Jénine est une "icône de la résistance, de la lutte et du défi", a déclaré Mahmoud Abbas dans un bref discours, acclamé par une foule de partisans.
Les 3 et 4 juillet, la ville de Jénine et le camp de réfugiés voisin ont été le théâtre d'une opération de 48 heures, la plus importante menée depuis des années par Israël en Cisjordanie, territoire sous occupation israélienne depuis 1967.
Douze Palestiniens et un soldat israélien ont été tués lors de ce raid qui a mobilisé des centaines de soldats, des drones et des bulldozers de l'armée israélienne, endommageant des dizaines de maisons, d'écoles et de rues.
"Notre Etat restera uni (...) et nous affronterons quiconque portera atteinte à son unité et à sa sécurité", a ajouté le président palestinien.
"Nous travaillons à présent à une reconstruction immédiate, pour ramener le pays à ce qu'il était, voire mieux", a-t-il dit avant de conclure sa visite.
Plusieurs pays arabes ont annoncé une aide pour le camp de Jénine, après l'opération israélienne dans cette région du nord de la Cisjordanie théoriquement sous le contrôle de l'Autorité palestinienne.
Sa visite "est un message fort et important" qui signifie "qu'il se tient aux côtés du peuple palestinien dans sa résistance à l'occupation (Israël)", a affirmé à l'AFP Abu Rumaila, secrétaire général du Fatah, le parti de Mahmoud Abbas, dans le camp.
Impact limité
La dernière visite de M. Abbas dans le camp de réfugiés remonte à décembre 2004, alors qu'il était candidat à l'élection présidentielle palestinienne après le décès de Yasser Arafat.
M. Abbas s'est aussi rendu dans la ville de Jénine en 2012, mais sans visiter le camp qui a progressivement échappé au contrôle des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne au profit de groupes armés locaux.
Des centaines de soldats de la garde présidentielle patrouillaient mercredi dans les rues du camp et des snipers avaient pris position sur les toits avant l'arrivée du président palestinien, a constaté un journaliste de l'AFP.
Mahmoud Abbas a profité de sa visite pour lancer une menace voilée contre les groupes armés qui "sapent" la sécurité palestinienne.
"Il n'y a qu'une seule autorité et une seule sécurité, celui qui cherche à saper son pouvoir et son unité en subira les conséquences", a-t-il affirmé.
Un résident du camp de réfugiés, Alaa Washahi, 27 ans, qui s'est exprimé après le départ de M. Abbas, a pris la défense du groupe armé des Brigades de Jénine, estimant qu'elles sont "notre fierté et notre gloire". "Leur présence fait partie de notre existence", a-t-il ajouté.
Pour Hugh Lovatt, chercheur au Conseil européen des relations internationales, cette visite vise à "montrer que l'Autorité palestinienne contrôle Jénine".
Mais elle aura un impact limité, "étant donné la crise de légitimité croissante à laquelle elle est confrontée et l'essor des groupes armés palestiniens", prédit-il.
Durant le raid israélien, les infrastructures du camp ont été gravement endommagées: huit kilomètres de canalisations d'eau et trois kilomètres d'égouts ont été détruits, selon les Nations unies.
Plus de 100 maisons ont été endommagées et un certain nombre d'écoles ont subi des dégâts légers.
Le camp de Jénine, où vivent environ 18 000 Palestiniens sur une superficie de 0,43 km2, selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), est l'un des plus pauvres et des plus densément peuplés de Cisjordanie.
Il avait été fondé en 1953 pour accueillir une partie des 760 000 Palestiniens qui ont fui ou ont été chassés de chez eux au moment de la création de l'Etat d'Israël en 1948.
Avec le temps, les tentes ont été remplacées par des maisons et le lieu ressemble maintenant à un quartier de la ville de Jénine.
Il est devenu le symbole de la lutte palestinienne contre Israël, qui le considère comme "une plaque tournante du terrorisme".
L'armée israélienne mène régulièrement des raids dans le nord de la Cisjordanie, bastion de groupes armés palestiniens. Cette région a connu une récente vague d'attaques contre des Israéliens, ainsi que des violences anti-palestiniennes de la part de colons juifs.