Aménagement de l'Ile-de-France: La mesure «anti-ghetto» de Pécresse fait débat

La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (Photo, AFP).
La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 13 juillet 2023

Aménagement de l'Ile-de-France: La mesure «anti-ghetto» de Pécresse fait débat

  • Le plan d'aménagement de l'Ile-de-France a été adopté mercredi une première fois par le conseil régional, l'opposition de gauche fustigeant la clause «anti-ghetto»
  • Valérie Pécresse entend bien atteindre «l'objectif régional de 70 000 logements» construits par an

PARIS: Le plan d'aménagement de l'Ile-de-France a été adopté mercredi une première fois par le conseil régional, l'opposition de gauche fustigeant la clause "anti-ghetto" voulue par la présidente Valérie Pécresse pour "recréer de la mixité dans nos quartiers".

Ce plafond anti-ghetto, visant à freiner la production de logements sociaux dans les communes qui en comptent déjà au moins 30%, "doit changer le visage de nos villes", a affirmé l'ex-candidate LR à la présidence, pour qui les récentes violences urbaines "imposent plus que jamais" ce changement.

"On ne peut plus rajouter de la misère sur la misère car cela nourrit le repli et la violence", a ajouté Mme Pécresse.

Elle estime que l'instauration de cette politique depuis sa première élection fin 2015 s'est révélée "efficace" puisque "la production de logements sociaux et très sociaux a presque diminué de moitié dans les communes qui en avaient plus de 30%".

"Cette norme anti-ghetto n'est rien d'autre qu'une norme anti-pauvres", a fustigé Vianney Orjebin (LFI).

Elle va "amener à ne pas construire un logement sur cinq", a déploré Céline Malaisé (PCF), se fondant sur un avis de la préfecture de région qui anticipe une réduction de 21% de la production sociale de logements par rapport aux cinq dernières années.

Ce nouveau schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif), qui doit encadrer jusqu'en 2040 le développement de la région et s'impose aux élus locaux dans leurs plans d'urbanisme, s'en trouve "fragilisé" car cette disposition sera "attaquée, et à raison" devant la justice, a estimé Dieynaba Diop (PS).

En dépit de cette mesure, Valérie Pécresse entend bien atteindre "l'objectif régional de 70 000 logements" construits par an, dont "deux tiers de logements abordables".

«Trajectoire irréaliste» pour LFI

Le texte, adopté par 127 voix pour et 41 contre, doit maintenant faire l'objet d'une enquête publique avant d'être adopté définitivement par la région courant 2024.

La construction de nouvelles prisons a été un autre sujet de clivage entre gauche et droite, Valérie Pécresse affirmant vouloir "l'équivalent de 3 000 places" avec quatre nouveaux établissements et le doublement de celle de Fresnes (Val-de-Marne).

L'opposition a également fustigé l'objectif de réduire chaque décennie de 20% l'artificialisation des sols pour atteindre le zéro artificialisation nette (ZAN) à l'horizon 2050.

LFI a dénoncé une "trajectoire irréaliste" offrant des "droits à bétonner massifs".

"Ceux qui défendent le zéro artificialisation brute sont prisonniers d'injonctions contradictoires" car "ils veulent des équipements publics mais pas d'artificialisation", a répondu Mme Pécresse, soulignant l'arrivée de "50 000 nouveaux Franciliens chaque année".

Le nouveau schéma permettra de sanctuariser 38 000 hectares de terres agricoles et 160 000 hectares d'espaces naturels, "soit 13% du territoire", selon l'élue de droite, qui promet 127 nouveaux espaces verts.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.