Borne s'accroche à Matignon et se projette

La Première ministre française Elisabeth Borne lors d'une réunion interministérielle pour "intensifier la lutte contre le harcèlement à l'école et dans tous les domaines de la vie des enfants", à l'hôtel Matignon à Paris le 7 juillet 2023. (Photo, AFP)
La Première ministre française Elisabeth Borne lors d'une réunion interministérielle pour "intensifier la lutte contre le harcèlement à l'école et dans tous les domaines de la vie des enfants", à l'hôtel Matignon à Paris le 7 juillet 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 11 juillet 2023

Borne s'accroche à Matignon et se projette

  • Première ministre en sursis, elle a déjà survécu à des législatives ratées il y a plus d'un an, puis au 49-3 utilisé pour faire passer la très contestée réforme des retraites au printemps
  • Les rumeurs de remaniement ont repris de plus belle en fin de semaine dernière, allant d'un simple ajustement, selon un responsable de la majorité, à un déménagement de la cheffe du gouvernement

PARIS: Moult fois menacée, Elisabeth Borne s'accroche à son poste à Matignon malgré les rumeurs de remaniement, en défendant son bilan et en se projetant sur l'automne avec les partenaires sociaux, forte du soutien, rarement défaillant, de la majorité.

Première ministre en sursis, elle a déjà survécu à des législatives ratées il y a plus d'un an, puis au 49-3 utilisé pour faire passer la très contestée réforme des retraites au printemps, et à de multiples dissonances avec le président de la République qui ont relancé les spéculations sur son avenir.

Et les rumeurs de remaniement ont repris de plus belle en fin de semaine dernière, allant d'un simple ajustement, selon un responsable de la majorité, à un déménagement de la cheffe du gouvernement, selon un ministre.

Dans ce climat de flou, Élisabeth Borne a défendu son action dans une interview au Parisien mise en ligne samedi soir, où elle assure avoir "délivré" la feuille de route des 100 jours qu'Emmanuel Macron lui avait confiée le 17 avril.

"Tous les chantiers que nous avions présentés fin avril (...) ont été engagés sur les quatre axes", à savoir le travail, l'ordre républicain, la transition écologique et les services publics de la santé et de l'éducation, fait-elle valoir.

«Vision»

Or, difficile d'imaginer que la Première ministre réalise cet entretien "sans en avoir informé l’Elysée au préalable et donc sans disposer d’un minimum de garanties", note un député de la majorité.

A l'inverse, un bilan peut aussi être lu comme un moment conclusif, suggère une conseillère de l'exécutif.

Confortée dans les sondages au sortir des émeutes, l'intéressée se refuse à tout "commentaire".

Mais elle ne cache pas discuter du remaniement avec le président --dont elle espère toujours la "confiance"-- laissant ainsi entendre qu'elle-même souhaiterait changer quelques membres de son équipe.

Elle en a ainsi dressé le portrait-robot mi-juin dans Le Figaro, à savoir des ministres capables d'avoir "la vision, la capacité à diriger leur administration, à porter des textes au Parlement". Chacun y lira des critiques en creux.

En outre, qui d'autre pourrait élargir la majorité relative, en apportant un contingent de nouveaux députés ? "J'ai beau chercher, je n'ai pas trouvé", affirme un responsable du camp présidentiel.

Première ministre par défaut, il ne reste à Élisabeth Borne qu'à "caler le calendrier" du délicat projet de loi immigration, alors que les consultations avec la droite ont été suspendues à cause des émeutes, selon lui.

Offensive

A moins que la Première ministre soit elle-même à l'offensive, en dessinant son horizon, comme lorsqu'elle annonce une réunion avec les partenaires sociaux le 12 juillet.

Ce rendez-vous avec les syndicats et le patronat lui permet de se projeter à l'automne puisqu'il vise à bâtir un agenda de travail pour ensuite en négocier le contenu "jusqu'à la fin de l'année".

De ce fait, "elle a imposé son calendrier à l'Elysée", analyse ce cadre de la majorité.

Elisabeth Borne a d'autant plus intérêt à défendre ses platebandes qu'elles sont convoitées par d'autres ministres, au premier rang desquels Gérald Darmanin.

"Je la sens très combative", "très à son poste", confie un ministre.

Revigoré par sa gestion des émeutes, qui ont cessé au bout de quelques jours, M. Darmanin "mène clairement l'offensive" pour Matignon, susurrent des membres de la majorité.

A défaut de percer les intentions du président, Elisabeth Borne peut compter sur le soutien des parlementaires du camp présidentiel, qu'elle réunit mardi soir à Matignon pour l'apéritif traditionnel de fin de session.

La Première ministre fera valoir qu'une quarantaine de textes ont été adoptés "ce qui est une belle performance en majorité relative", souligne son entourage, et saluera le fait que "la majorité est restée unie".

Avec ou sans Elisabeth Borne, les ministres donnés partants aimeraient quand même être fixés avant l'été. "Je préférerais être relégitimé rapidement", dit l'un d'eux. Un autre assure ne pas prêter attention aux "voix" autour du remaniement, car sinon "on n'est pas prêt d'avancer".

Mais pour l'Elysée à ce stade, "rien n'est figé, rien n'est décidé".


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".