BERLIN: Le président de la République allemande Frank-Walter Steinmeier a appelé dimanche à ne pas "bloquer" les États-Unis dans leur volonté de livrer des bombes à sous-munitions à l'armée ukrainienne, tout en défendant l'opposition officielle de son pays à ces armes controversées.
"La position allemande contre les armes à sous-munitions est toujours aussi justifiée. Mais on ne peut pas, dans la situation actuelle, bloquer les États-Unis", a-t-il déclaré lors d'une interview à la télévision allemande ZDF.
"Si l'Ukraine n'a plus les moyens de se défendre, ou si ceux qui l'aident à assurer sa défense ne le font plus, alors ce sera la fin de l'Ukraine", a justifié M. Steinmeier, dont les pouvoirs sont essentiellement représentatifs et cérémoniels.
Les États-Unis ont annoncé vendredi une nouvelle aide militaire en soutien à l'Ukraine face à la Russie dont des armes à sous-munitions, franchissant un nouveau seuil dans le type d'armement fourni à Kiev. L'annonce de Washington a provoqué de fortes critiques d'ONG et l'embarras des pays européens.
Ces armes très controversées peuvent en effet disperser jusqu'à plusieurs centaines de petites charges explosives, et sont accusées de faire beaucoup de victimes civiles collatérales.
Elles sont interdites dans nombre de pays, notamment européens, signataires de la Convention d'Oslo de 2008, dont ni les États-Unis, ni l'Ukraine, ni la Russie ne sont parties concernées.
M. Steinmeier a rappelé dimanche avoir "signé" au nom de son pays cette convention lorsqu'il était ministre des Affaires Étrangères. Mais "il n'y a aucun doute sur (...) qui est l'agresseur, et qui est la victime, et sur le fait que nous devons nous tenir aux côtés des victimes", a-t-il ajouté.
"Nous sommes certains que nos amis américains n'ont pas pris à la légère la décision de livrer les munitions en question", avait déjà réagi vendredi Steffen Hebestreit, le porte-parole du gouvernement allemand d'Olaf Scholz.
"Nous avons également affaire ici à une configuration particulière, l'Ukraine utilisant des munitions pour protéger sa propre population (...) afin de libérer son propre territoire", a-t-il détaillé, rappelant que "la Russie a déjà largement utilisé des armes à sous-munitions" en Ukraine.
Paris et Londres ont eux aussi rappelé leur opposition à ces armes, au nom de la Convention d'Oslo dont ils sont signataires. "Nous comprenons l'arbitrage auquel les États-Unis sont parvenus dans leur souhait d'aider l'Ukraine", a toutefois nuancé le Quai d'Orsay.