Macron en Allemagne pour aplanir les différends

Le chancelier allemand Olaf Scholz (à gauche) partage un moment de détente avec le président français Emmanuel Macron sous le regard du Premier ministre bulgare Nikolai Denkov (à droite) au début du sommet du Conseil européen, au siège de l'UE à Bruxelles, le 29 juin 2023. (Photo, AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz (à gauche) partage un moment de détente avec le président français Emmanuel Macron sous le regard du Premier ministre bulgare Nikolai Denkov (à droite) au début du sommet du Conseil européen, au siège de l'UE à Bruxelles, le 29 juin 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 30 juin 2023

Macron en Allemagne pour aplanir les différends

  • Cette visite d'Etat intervient à un moment où la France est confrontée à des violences en réaction à la mort de Nahel, 17 ans, tué mardi par un policier lors d'un contrôle routier
  • Avec tout son apparat et son caractère symbolique, elle  doit contribuer à relancer le moteur franco-allemand

BERLIN: L'Allemagne reçoit Emmanuel Macron dimanche pour une visite d'Etat de deux jours, la première réservée à un président français depuis 2000, qui doit contribuer à ressouder le couple franco-allemand après les multiples frictions de ces derniers mois.

Cette visite d'Etat intervient à un moment où la France est confrontée à des violences en réaction à la mort de Nahel, 17 ans, tué mardi par un policier lors d'un contrôle routier.

Des deux côtés, on insiste sur la volonté d'ouvrir "un nouveau chapitre" de la vieille amitié entre les deux pays, dont la réconciliation de l'après-guerre fut scellée il y a 60 ans par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer dans le Traité de l’Élysée.

Car de multiples tiraillements ont récemment terni cette belle entente, du nucléaire aux émissions de CO2 des automobiles, la réforme du marché européen de l'électricité, en passant par les relations avec Washington et la conception d'une Europe de la défense redevenue d'une actualité brûlante depuis l'invasion russe de l'Ukraine.

Avec tout son apparat et son caractère symbolique, elle  doit contribuer à relancer le moteur franco-allemand.

"C'est une machine de coopération bien huilée que l'on remarque seulement quand elle s'emballe", souligne-t-on de source proche de la présidence allemande.

Cela permettra de "prendre de la hauteur", de célébrer "la valeur de notre histoire commune" et "envisager l'avenir ensemble", complète-t-on auprès de l’Élysée.

Emmanuel Macron, accompagné de son épouse, doit arriver à Stuttgart (sud-ouest) dimanche soir.

La visite à proprement parler commencera le lendemain avec un accueil officiel du président allemand Frank-Walter Steinmeier et les honneurs militaires au château de Ludwigsbourg, puis continuera à Berlin avant de s'achever mardi à Dresde, dans l'est du pays.

Balade en bateau

C'est au château de Ludwigsbourg que Charles de Gaulle a prononcé, en allemand, un vibrant discours aux jeunes en 1962, une intervention entrée dans l'histoire de la réconciliation entre les deux pays dix-sept ans après la fin des horreurs du nazisme.

"Il croyait beaucoup en la jeunesse, que nous avions de la force et des idées", raconte à l'AFP Horst Köhler, l'ancien président fédéral allemand (2004-2010) qui, âgé alors de 19 ans, a assisté à l'événement.

Le séjour d'Emmanuel Macron sera marqué par des rencontres avec de jeunes allemands, mais aussi l'innovation, avec une feuille de route commune sur l'intelligence artificielle et une visite de l'Institut Fraunhofer pour les microsystèmes photoniques (IPMS) à Dresde.

Au programme à Berlin figurent notamment une conférence de presse commune avec M. Steinmeier, une marche à l'emblématique Porte de Brandebourg et un banquet d'Etat auquel Olaf Scholz, qui paraît peu goûter à ces soirées, ne participera pas.

Les organisateurs ont néanmoins prévu une courte rencontre entre le chancelier et le président français à l'occasion d'une croisière en bateau sur la rivière Spree.

Ceux qui attendent des résultats concrets à l'occasion de la visite pourraient ainsi être déçus.

Pourtant "des progrès et une position franco-allemande claire sur plusieurs sujets seraient les bienvenus", estime auprès de l'AFP Jacob Ross, politologue au centre Alfred von Oppenheim pour les questions de l'avenir de l'Europe.

Il cite l'élargissement de l'UE, notamment la Moldavie et l'Ukraine, l'entrée de Kiev dans l'OTAN ou du moins de garanties crédibles pour le pays tant que l'adhésion n'est pas possible.

Dialogue de sourds ?

Il en va aussi, selon M. Ross, de la "question de l'avenir de l'Union européenne en tant que modèle pour le 21e siècle", qui "dépend toujours largement des compromis" noués entre Paris et Berlin.

La relation entre Olaf Scholz, en poste depuis décembre 2021, et Emmanuel Macron est jugée compliquée.

M. Köhler, membre de l'opposition conservatrice, s'en inquiète aussi, disant avoir actuellement l'impression "d'un dialogue des sourds" entre les deux pays.

Ce que l'on rejette officiellement de part et d'autre, pointant que les divergences de vues ont toujours existé et ont été surmontées au cours de la longue histoire du couple.

A Dresde, le président français doit à cet égard prononcer un discours devant la célèbre église Notre-Dame, centré sur cette relation franco-allemande particulière "conçue comme une impulsion pour des messages beaucoup plus larges, notamment sur la manière dont on conçoit l'Europe", indique-t-on côté français.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".