RIYAD: L'Arabie saoudite et le Koweït ont revendiqué la propriété exclusive du champ gazier d'Al-Durra, dans la «zone maritime divisée», après que les tensions avec l'Iran se sont à nouveau accrues dans le cadre du différend de longue date concernant ce site lucratif.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères a réaffirmé la propriété commune de l’Arabie saoudite et du Koweït du champ gazier, appelant l'Iran à engager des négociations pour délimiter la frontière orientale de la zone.
Le ministre koweïtien du Pétrole a également rejeté les revendications de l'Iran concernant le gisement et a exhorté Téhéran à entamer des discussions à ce sujet.
Dans un communiqué publié mardi par l'agence de presse saoudienne, une source du ministère des Affaires étrangères a souligné que les ressources naturelles de la «zone divisée» appartiennent exclusivement à l'Arabie saoudite et au Koweït.
«Nous renouvelons nos précédents appels à l'Iran pour qu'il entame des négociations en vue de délimiter la frontière orientale de la zone divisée submergée entre l’Arabie saoudite et le Koweït, en tant que partie négociante opposée à la partie iranienne», a déclaré le ministère.
À la suite de la déclaration de l'Arabie saoudite, le Koweït a également affirmé ses droits exclusifs sur le champ gazier d'Al-Durra. Selon l'agence de presse nationale KUNA, le ministre koweïtien du Pétrole, Saad al-Barrak, a exprimé sa vive opposition aux activités prévues par l'Iran dans la région.
«Nous rejetons catégoriquement et totalement les activités prévues par l'Iran autour des installations du champ gazier offshore d'Al-Durra », a indiqué Al-Barrak.
Dans une interview accordée à Asharq lors du 8e séminaire international de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, Al-Barrak a ajouté: «L'Iran doit d'abord s'engager dans la démarcation des frontières internationales, et après cela, quiconque a un droit l'obtiendra conformément aux règles du droit international.»
Une source proche du ministère koweïtien des Affaires étrangères a révélé à KUNA que «la zone maritime où se trouve le gisement offshore d'Al-Durra fait partie des territoires maritimes de l'État du Koweït, et les ressources naturelles qui s'y trouvent sont partagées entre le Koweït et l'Arabie saoudite», rejetant toute revendication de la part de Téhéran.
La source a ajouté: «Seuls l'État du Koweït et l'Arabie saoudite ont des droits exclusifs sur les ressources naturelles du champ d'Al-Durra.»
Cette affirmation renforce la position du Koweït et souligne la propriété partagée du champ d’Al-Dura entre les deux pays voisins.
Le différend concernant le champ gazier d'Al-Durra dure depuis de nombreuses années. En mars, le Koweït et l'Iran ont tenu des négociations conjointes à Téhéran, soulignant la nécessité de résoudre la question conformément aux lois internationales.
La persistance de l'Iran à poursuivre ses activités dans la région ajoute toutefois à la complexité du différend et pose des problèmes pour parvenir à une résolution.
Le champ gazier d'Al-Durra est une zone submergée commune à l'Arabie saoudite et au Koweït, située dans le golfe. Il est situé dans le gouvernorat d'Al-Hasa, qui fait partie de la province orientale de l'Arabie saoudite.
La découverte de ce champ pétrolier remonte aux années 1960, qui ont coïncidé avec le début du processus de démarcation des frontières maritimes entre l'Arabie saoudite et le Koweït.
FAITS MARQUANTS
- 1967: Découverte du gisement de gaz d'Al-Durra.
- 2013: Les pourparlers entre l'Arabie saoudite, le Koweït et l'Iran se bloquent.
- 2019: L'Arabie saoudite et le Koweït reprennent la production des champs de la zone neutre.
- 2022: L'Arabie saoudite et le Koweït signent un protocole d'accord pour investir dans le champ gazier d'Al-Durra.
- 2023: Il est confirmé que les ressources de la zone neutre appartiennent entièrement à l'Arabie saoudite et au Koweït.
La propriété du champ a été divisée à parts égales entre les deux pays et est devenue effective en 1970.
Le gisement de gaz est l'un des plus importants au monde, avec d'abondantes réserves de gaz naturel.
Il devrait produire 1 milliard de pieds cubes de gaz par jour et 84 000 barils de condensat par jour, et joue un rôle important dans la production de gaz de l'Arabie saoudite et du Koweït.
L'importance stratégique du champ pétrolier d'Al-Durra et les richesses potentielles qu'il recèle ont attiré l'attention des pays voisins, en particulier de l'Iran.
Le différend concernant ses droits de propriété et d'exploitation résulte d'interprétations divergentes des frontières maritimes et de revendications contradictoires de la part de Téhéran.
En 2001, l'Iran a commencé à accorder des contrats pour son exploration, ce qui a incité l'Arabie saoudite et le Koweït à finaliser la démarcation de leurs frontières maritimes, qui incluaient le champ pétrolifère d'Al-Durra.
Malgré les objections de l'Iran, l'Arabie saoudite et le Koweït ont signé un accord en 2022 pour développer et explorer conjointement le gisement.
En chiffres
- 1 milliard de pieds cubes de production journalière estimée de gaz.
- 84 000 barils de gaz naturel liquéfié par jour.
Les controverses entourant les opérations se sont intensifiées après que l'Iran a annoncé en juin qu'il était prêt à commencer les forages dans le champ gazier d'Al-Durra.
Mohsen Khojsteh Mehr, directeur général de la Compagnie pétrolière nationale iranienne a indiqué que l'Iran allouait des ressources importantes à l'exploration du site.
«Des ressources considérables ont été allouées au conseil d'administration de la Compagnie pétrolière nationale iranienne pour la mise en œuvre du plan de développement de ce champ», a déclaré Mehr, selon les médias d'État iraniens.
Malgré les tentatives de négociations et d'accords entre le Koweït, l'Arabie saoudite et l'Iran, une résolution définitive du différend n'a pu être trouvée, ce qui a entraîné des tensions et des désaccords persistants dans la région.
Les revendications concurrentes et la volonté de l'Iran de commencer à forer dans le champ d'Al-Durra ne font qu'amplifier les tensions dans la région.
Au fur et à mesure que la situation évolue, il reste à voir si des négociations diplomatiques ou d'autres moyens seront utilisés pour parvenir à une résolution mutuellement acceptable entre les parties concernées.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com