La magie de Stradivarius résonne à nouveau dans son ancien atelier

La bâtisse médiévale, qui fut la demeure d'Antonio Stradivari 1667 et 1680, a repris vie (Photo d'illustration, AFP).
La bâtisse médiévale, qui fut la demeure d'Antonio Stradivari 1667 et 1680, a repris vie (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Jeudi 06 juillet 2023

La magie de Stradivarius résonne à nouveau dans son ancien atelier

  • Au bout d'un an et demi de travaux, l'édifice, où Stradivari vivait avec sa première femme et leurs six enfants, a rouvert mardi au public
  • Les mélomanes du monde entier tentent de percer les secrets de la résonance magique des violons d'Antonio Stradivari depuis plus de trois siècles

CREMONA: Depuis plus de trois siècles, des mélomanes du monde entier tentent de percer les secrets de la résonance magique des violons d'Antonio Stradivari. Ils pourront désormais poursuivre leur quête du Graal dans son ancienne maison-atelier à Crémone dans le nord de l'Italie.

La bâtisse médiévale, qui fut la demeure du célèbre luthier entre 1667 et 1680, a repris vie, se muant en centre de formation pour de jeunes artisans et musiciens et lieu de pèlerinage pour les férus des quatre cordes.

Se retrouver dans la maison où a vécu et créé le maître luthier de Crémone, "c'est magique, je sens les vibrations", s'exclame Fabrizio von Arx, un violoniste italo-suisse de 47 ans, à l'origine du projet de restauration de la Casa Stradivari.

"C’est entre ces murs que le mythe Stradivarius est né et qu'a commencé à germer sa vision de la résonance parfaite du violon", s'émerveille-t-il lors d'une visite de la maison.

Au bout d'un an et demi de travaux, l'édifice, où le luthier vivait avec sa première femme et leurs six enfants, a rouvert mardi au public, grâce à la Fondation Casa Stradivari créée en 2021 par le violoniste.

Si les poutres d'origine du salon au premier étage ont pu être restaurées, il n'y a plus de trace de l'atelier au rez-de-chaussée, transféré dans une autre maison à Crémone qui a été démolie. Désormais, deux établis de luthier y ont été réinstallés.

La mystérieuse "altana", une terrasse couverte sur le toit, entourée d'épais murs en brique, est elle restée intacte et continue à alimenter la légende.

Lumière du coucher de soleil
"C'est là qu'il suspendait ses violons pour les sécher à la lumière du coucher de soleil. D'où la couleur énigmatique de leur vernis, entre le rouge, le brun et l'orange", raconte Fabrizio von Arx à l'AFP.

"Avec la chaleur et l'humidité qui prévaut à Crémone, le bois des violons bouge beaucoup et après il se stabilise mieux", explique-t-il, y voyant un des secrets de la sonorité extraordinaire des Stradivarius.

A l'inverse, "la formule du vernis", scrutée à la loupe par d'innombrables scientifiques, "était la même que celle utilisée par les autres luthiers de Crémone", assure ce virtuose.

Autre recette de son succès fulgurant, "après le travail, il passait du temps au salon avec ses copains musiciens pour écouter ses violons et les perfectionner avec leur aide".

L'obsession du son parfait a aussi poussé Fabrizio von Arx à acquérir en 2017, avec l'aide d'un mécène suisse, un Stradivarius de 1720, le Madrileno, pour 8 millions de francs suisses.

"C'était le coup de foudre", confie le violoniste, qui l'a même fait bénir par un cardinal dans la basilique Saint-Marc à Venise en le renommant "The Angel".

Des 1.100 violons, violoncelles, altos et autres instruments à cordes sortis de l'atelier du luthier décédé en 1737 à 93 ans, il en reste désormais environ 650.

Le record lors d'une vente aux enchères remonte à 2011, quand un Stradivarius baptisé "Lady Blunt", avait été vendu 15,89 millions de dollars.

À la recherche du son parfait
Bénédicte Friedmann, une Française âgée de 48 ans, fait partie des plus de 180 luthiers installés à Crémone, ville qui compte à peine 70.000 habitants.

"Stradivarius a eu le génie de porter l'instrument à une perfection aussi bien acoustique qu'esthétique, c'est le maître inégalé", reconnaît-elle.

Des gouges, ciseaux, canifs, scies et petits rabots à bois s'entassent sur son établi. Avec minutie, la luthière s'affaire à enclaver le manche dans le coffre d'un violon commandé par un musicien, avant d'appliquer le vernis et d'assembler l'âme, les chevalets et les cordes.

Violoniste de formation, c'est elle-même qui teste ses créations une fois montées, après un mois et demi de travail. Elle utilise toujours les mêmes techniques qu'il y a 300 ou 400 ans, "ce qui a changé ce sont seulement les outils qui se sont un peu modernisés".

Quant aux secrets de Stradivarius, elle confirme que "le vernis est très important du point de vue acoustique, car s'il est trop dur, il empêche le violon de vibrer".

Mais elle juge qu'"il n'y a pas de recette miracle", tout comme Fausto Cacciatori, conservateur du Musée du violon de Crémone.

Il est catégorique: "le secret, c'est l'homme Stradivari, ses capacités extraordinaires, sa maestria artisanale. C'est un homme qui n'a jamais cessé d'expérimenter, toujours à la recherche du son parfait".


Les chefs-d'œuvre de Van Gogh et de Cézanne exposés au Louvre Abu Dhabi

L'exposition est organisée en collaboration avec le musée d'Orsay et les musées de France. (Fourni)
L'exposition est organisée en collaboration avec le musée d'Orsay et les musées de France. (Fourni)
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  • L'exposition de peintures postimpressionnistes comprend des œuvres jamais vues dans la région
  • Une collection "créée spécialement pour nous", selon le directeur du musée

DUBAÏ: Le Louvre Abu Dhabi a lancé sa dernière exposition, “Post-Impressionism: Beyond Appearances” (Post-Impressionnisme: Au-delà des apparences), qui présente des œuvres de certains des artistes les plus célèbres de ce mouvement influent, dont beaucoup sont exposées pour la première fois dans la région.

Vincent van Gogh, Paul Cézanne, Georges Seurat, Henri-Edmond Cross, Émile Bernard, Paul Sérusier, Paul Gauguin et Henri de Toulouse-Lautrec, dont les œuvres ont contribué à façonner le mouvement postimpressionniste de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, sont tous représentés.

Organisée par Jean-Rémi Touzet, conservateur des peintures au musée d'Orsay à Paris, et Jérôme Farigoule, conservateur en chef au Louvre Abu Dhabi, l'exposition est réalisée en collaboration avec le musée d'Orsay et France Musées. Elle se tient jusqu'au 9 février.

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L'exposition se tient jusqu'au 9 février. (Fourni)

Manuel Rabate, directeur du Louvre Abu Dhabi, a déclaré à Arab News: "Cette concentration est unique et créée spécifiquement pour nous. Nous avons organisé une exposition sur l'impressionnisme en 2022, mais une fois de plus, nous sommes en mesure d'apporter un nombre important de peintures, de dessins et de gravures dans la région, donnant ainsi accès à un moment fondamental de l'histoire de l'art".

"Nous nous sommes d'abord concentrés sur l'impressionnisme, mais notre attention se porte désormais sur la constellation d'artistes qui s'inscrivent dans le postimpressionnisme, qui n'est pas une seule école, mais qui comprend une diversité."

L'exposition comprend également deux tableaux de l'artiste égyptien Georges Hanna Sabbagh: "L'artiste et sa famille à l'église de La Clarté" (1920), prêté par le Centre Pompidou à Paris, et "La famille: Les Sabbagh à Paris" (1921), prêtée par le Musée de Grenoble en France.

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Vincent van Gogh, dont l'œuvre a contribué à façonner le mouvement postimpressionniste de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, est représenté dans l'exposition. (Fourni)

Les œuvres sont accompagnées des palettes que les artistes ont utilisées pour les créer.

"Nous avons voulu que l'exposition soit extrêmement pertinente pour la région, que ce soit en incluant des artistes comme Sabbagh ou en présentant les palettes des artistes eux-mêmes", a déclaré Rabate.

"Avec des artistes comme Sabbagh, on voit le lien avec notre modernité".

Les visiteurs auront "accès aux œuvres des artistes, comme Van Gogh et Cézanne, qu'ils n'ont peut-être vu que reproduites ailleurs. Ici, vous serez en présence physique de ces œuvres", a déclaré Rabate.

"Vous découvrirez peut-être d'autres artistes. La surprise peut prendre deux formes: renouer avec un vieil ami ou en découvrir un nouveau. Cette exposition permettra aux visiteurs d'y accéder et de s'en inspirer".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Art Basel Paris: trois regards décalés sur la grande foire d'art contemporain

Les visiteurs découvrent la foire d'art Art Basel Paris au Grand Palais à Paris le 16 octobre 2024. (AFP)
Les visiteurs découvrent la foire d'art Art Basel Paris au Grand Palais à Paris le 16 octobre 2024. (AFP)
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  • Art Basel Paris, foire internationale d'art contemporain parisienne, se tient ce week-end au Grand Palais rénové
  • L'événement rassemble artistes, galeristes, collectionneurs et célébrités du monde entier

PARIS: Art Basel Paris, foire internationale d'art contemporain parisienne, se tient ce week-end au Grand Palais rénové, l'occasion de donner la parole à trois regards experts et décalés, rencontrés par l'AFP, sur cet événement qui rassemble artistes, galeristes, collectionneurs et célébrités du monde entier.

- Pierre Groppo, rédacteur en chef mode et lifestyle de "Vanity Fair" France -

Dans son numéro d'octobre, ce quadragénaire aux airs de globetrotter, qui a travaillé à Vogue pendant dix ans avant de rejoindre le magazine mêlant glamour et investigation, fait le pari de rendre sa formule "soluble dans le monde de l'art".

Un cahier inédit de 40 pages nous apprend par exemple que pour arpenter la foire, mieux vaut s'habiller "quiet luxury" (avec discrétion et élégance), tout en portant des baskets de marque.

On ne pourra pas y amener son chien contrairement à Miami où les "ESA" (emotional support animal/animaux de soutien émotionnel) sont acceptés, ni payer cash et repartir avec une oeuvre sous le bras.

Pour des rencontres exclusives, des soirées ou dîners branchés, il faudra débourser entre 1.500 et 2.400 euros pour un pass VIP, contre 29 euros minimum pour une simple visite.

Le magazine, partenaire d'Art basel Paris cette année, publie aussi huit portraits de femmes artistes en vogue, photographiées par la Britannique Laura Stevens, et ceux, plus courts, des 20 personnalités "qui font la cote" dans le milieu, "un choix subjectif et assumé".

Un palmarès de cinq biopics de peintres qui ont marqué l'histoire du cinéma, des photos d'oeuvres de quatre artistes émergents en avant-première et l'interview d'un faussaire, Wolfgang Beltracchi, y côtoient aussi une cartographie du quartier avec une liste de "bonnes adresses".

- "Hey art lovers !": Pauline Loeb sur Instagram -

Pauline Loeb, 37 ans, a grandi dans le milieu de l'art qu'elle a étudié et a travaillé pour la galerie Kugel avant de lancer sa propre formule: sillonner les foires du monde entier pour interviewer artistes et marchands en publiant sur Instagram de petites vidéos où elle se met en scène, exclusivement en anglais.

En introduction, toujours la même formule : "Hey art lovers !" (salut les amoureux de l'art !).

Habillée de couleurs vives, avec élégance, elle se déplace filmée par un caméraman et adopte un ton direct et décontracté. On la voit chanter, toucher les oeuvres d'art allant jusqu'à décrocher un tableau. A Bâle en juin, elle s'était hissée au volant d'un camion rouge vif, oeuvre de l'artiste italien Emilio Isgro. En mars, elle avait lancé ses chaussures en arrivant à la TEFAF de Maastricht, une vidéo qui avait fait le buzz.

Dans son teaser d'Art Basel Paris, elle a choisi de s'habiller en Cendrillon faisant un parallèle avec la foire "qui rejoint un écrin à la mesure de son prestige", et met l’accent sur la jeune création, clin d’œil au Salon d’Automne de 1905 (foire d’art contemporain de l’époque, ndlr).

Sur son site artfairmag.com, lancé en 2019, elle publie en parallèle des articles en anglais sur les foires qu’elle visite, seule base de données exhaustive sur ces événements internationaux.

- Thibaut Wychowanok, "Numéro Art" et sa "culture de l'image" -

Avec son biannuel "Numéro Art", Thibaut Wychowanok, 41 ans, son rédacteur en chef, entend rassembler "tous les publics de l'art contemporain, avec les grandes expositions et les artistes qu'il faut suivre" et qui font régulièrement la "Une" du magazine né en 2017.

Cette année, il s'intéresse à "huit galeries qui défendent la jeune création et font un énorme travail de défrichage".

Dans le dernier numéro, "Luigi & Iango", qui avaient photographié la star mondiale de la pop Madonna en madone, ont imaginé une série de photos sur le surréalisme dont on célèbre le centenaire.

Pour "parler d'art contemporain de façon sérieuse mais accessible", le magazine fait régulièrement appel à des artistes d'autres domaines: l'icône française du cinéma Isabelle Huppert avait joué le jeu au printemps en dialoguant avec les oeuvres du musée du Louvre.


France : nouvelles fouilles archéologiques au pied de la dune du Pilat

Un archéologue du Groupe de recherche archéologique du Pays de Buch et de l'Agenais effectue des fouilles archéologiques à la dune du Pilat à La Teste-de-Buch, dans le sud-ouest de la France, le 15 octobre 2024. (Photo AFP)
Un archéologue du Groupe de recherche archéologique du Pays de Buch et de l'Agenais effectue des fouilles archéologiques à la dune du Pilat à La Teste-de-Buch, dans le sud-ouest de la France, le 15 octobre 2024. (Photo AFP)
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  • Une nouvelle campagne de fouilles archéologiques s'achèvera vendredi dans le sud-ouest de la France, au pied de la dune du Pilat, la plus haute d'Europe.
  • Sous le contrôle de l'organisme régional public chargé des affaires culturelles, la Drac, l'archéologue s'active avec des bénévoles sur une zone de 70 mètres de long sur huit mètres de large, à la recherche d'éléments datant de l'époque protohistorique.

LA TESTE- de -BUCH : Une nouvelle campagne de fouilles archéologiques s'achèvera vendredi dans le sud-ouest de la France, au pied de la dune du Pilat, la plus haute d'Europe, pour retrouver de nouvelles traces d'habitats humains remontant à des milliers d'années, avant que l'érosion ne les efface.

« Les premières découvertes datent des années 1960, mais les fouilles extensives n'ont commencé qu'en 2014 et celles-ci sont les troisièmes » au pied de cette dune haute de 103 mètres, a indiqué à l'AFP Philippe Jacques, qui dirige la campagne entamée le 7 octobre.

« Tous les quatre-cinq ans, en fonction du recul de la dune, on rouvre des zones avant leur destruction par l'érosion éolienne ou marine », a-t-il précisé à l'entrée du bassin d'Arcachon, dans le département de la Gironde.

Sous le contrôle de l'organisme régional public chargé des affaires culturelles, la Drac, l'archéologue s'active avec des bénévoles sur une zone de 70 mètres de long sur huit mètres de large, à la recherche d'éléments datant de l'époque protohistorique, « entre la fin de l'âge du bronze et le premier âge du fer, entre 1000 et 500 avant notre ère ».

« On achève les fouilles d'un atelier saunier (relatif aux sels marins, NDLR) découvert en 2018 » lors de la dernière campagne, précise-t-il. « On a découvert une vaste zone lacustre, donc a priori les habitants de l'époque s'étaient installés car ils avaient besoin d'eau douce pour lessiver les sables marins. »

Même si « cela reste à confirmer », l'équipe pense aussi avoir trouvé « deux sépultures à incinération, des fosses creusées dans le sable et comblées avec du charbon de bois et des ossements brûlés, qui dateraient de -500 à -400, la dernière phase d'occupation du site avant que le sable ne le recouvre (...) poussé par des vents d'Ouest », poursuit M. Jacques.

Quand ceux-ci se sont calmés, « la forêt a reconquis les dunes et les hommes sont revenus à la fin du Moyen Âge », explique-t-il.

Une cinquantaine de sites ont été repérés « toutes périodes confondues » depuis les années 1960, les dernières traces d'occupation humaine remontant aux années 1710-1720, avec des vestiges d'exploitation de résine et de goudron en forêt ou encore de pêche de coquillages et de poissons.

Les pièces découvertes lors de ces fouilles seront exposées dans un musée qui doit ouvrir à La Teste-de-Buch, commune où est située la dune.