Agriculture: l'UE veut doper l'édition génomique, les «nouveaux OGM» inquiètent

Des militants de Greenpeace jettent du maïs lors d'une action de protestation contre les nouveaux OGM lors du 58e Salon international de l'agriculture (Salon de l'agriculture) au parc des expositions de la porte de Versailles à Paris, le 27 février 2022. (AFP)
Des militants de Greenpeace jettent du maïs lors d'une action de protestation contre les nouveaux OGM lors du 58e Salon international de l'agriculture (Salon de l'agriculture) au parc des expositions de la porte de Versailles à Paris, le 27 février 2022. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 05 juillet 2023

Agriculture: l'UE veut doper l'édition génomique, les «nouveaux OGM» inquiètent

  • Pour Bruxelles, ces techniques émergentes permettraient de développer des cultures mieux adaptées au changement climatique et plus productives, mais les règles drastiques encadrant les OGM apparaissent "inadaptées"
  • Bruxelles recense actuellement 90 demandes d'autorisation pour des cultures NGT dans l'UE, encore au stade de la recherche, avec seuls quelques tests en plein champ

BRUXELLES: La Commission européenne propose mercredi des règles assouplies pour encourager les biotechnologies génétiques, promesse de semences plus résistantes et durables, mais ONG et eurodéputés de gauche s'alarment des risques associés à la "dérégulation" de ces "nouveaux OGM".

Des variétés nécessitant moins de pesticides, plus résistantes à la sécheresse ou aux maladies, pauvres en gluten... Appelées en anglais NBT ou NGT, une kyrielle d'outils visent à "éditer" le matériel génétique des plantes sans ajout extérieur, à la différence des OGM traditionnels "transgéniques" introduisant un gène d'une espèce différente.

Pour Bruxelles, ces techniques émergentes permettraient de développer des cultures mieux adaptées au changement climatique et plus productives, mais les règles drastiques encadrant les OGM (longue procédure d'autorisation, traçabilité, étiquetage, surveillance...) apparaissent "inadaptées".

La proposition de la Commission, attendue à la mi-journée, prévoit donc que la réglementation OGM ne s'applique plus aux semences et produits issus de NGT et présentant des modifications susceptibles de se produire naturellement ou via des croisements traditionnels, selon un projet du texte consulté par l'AFP.

Sous réserve d'un nombre limité de mutations, ils seraient considérés comme "équivalents" aux variétés conventionnelles et enregistrés dans une base publique, avec l'obligation d'étiquetage spécifique seulement pour les semences.

Pour autant, aucun produit NGT ne pourrait être labellisé "bio", selon cette proposition qui sera discutée par les Etats membres et eurodéputés.

Toutes les autres variétés NGT, jugées non-équivalentes aux variétés conventionnelles, resteraient soumises au régime encadrant les OGM, avec des aménagements --l'obligation de prévoir une méthode de détection pour chaque semence créée pourrait être levée.

Bruxelles recense actuellement 90 demandes d'autorisation pour des cultures NGT dans l'UE, encore au stade de la recherche, avec seuls quelques tests en plein champ (maïs en Belgique, pommes de terre en Suède...).

Pour accélérer leur commercialisation, la simplification des règles est réclamée par la puissante organisation agricole Copa-Cogeca, une partie des Etats membres et les eurodéputés du PPE (droite).

«Apprentis sorciers»

Au niveau des Etats, l'Espagne, qui assure la présidence tournante de l'UE, veut négocier de concert la législation NGT et un autre texte imposant des objectifs de réduction des pesticides, sur lequel les discussions s'enlisent en raison d'inquiétudes pour les rendements.

C'est aussi la position de Renew (centristes et libéraux) au Parlement européen. "On ne peut pas atteindre les objectifs du Pacte vert", la baisse des produits phytosanitaires, "sans des outils alternatifs qui changent la donne" pour continuer à produire autant, observe l'eurodéputée Irène Tolleret.

Elle appelle cependant à un débat sur l'encadrement de la propriété intellectuelle.

A l'inverse, une partie des eurodéputés de gauche sont hostiles à toute "dérégulation" et réclament que les NGT restent soumis à la réglementation OGM, conformément à une décision rendue en 2018 par la Cour de justice de l'UE.

"Il ne faut pas jouer aux apprentis sorciers. Je suis un farouche adversaire de la mise en culture sans évaluation complète et indépendante, sans traçabilité, ni information réelle des consommateurs", insiste l'élu socialiste Christophe Clergeau, s'inquiétant des effets sur les interactions complexes d'une plante avec son environnement.

Pour l'ONG BeeLife, "il serait irresponsable de commercialiser ces nouveaux OGM sans connaître l'impact" hors des laboratoires pour les abeilles et la biodiversité.

Pour ses détracteurs, l'édition génomique est loin d'avoir fait ses preuves.

"On fait fausse route, on bâtit sur des promesses illusoires", au risque d'effacer "la grande diversité génétique" que les agriculteurs développent localement à force de croisements traditionnels et d'accroître la dépendance des cultivateurs aux semenciers, face à la multiplication des brevets sur le vivant, s'alarme l'eurodéputé Benoît Biteau (Verts).

Pour l'ONG Friends of the Earth, les NGT répondent mal au défi de conditions climatiques changeantes et imprévisibles, qui imposent au contraire de "maximiser la diversité" en adaptant localement les variétés.

Autre point sensible, l'absence d'étiquetage sur les aliments commercialisés issus de plants NGT: l'association Foodwatch dénonce un "immense recul (...) qui priverait les consommateurs de leur droit à savoir ce qui est dans leur assiette".


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

Short Url

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.