Soudan: Fuite de médecins et fermeture d’hôpitaux en pleine crise sanitaire

Le conflit au Soudan a mis en danger plus de 12 000 patients dialysés, photographiés (en haut) à l'hôpital Soba, dans le sud de Khartoum, car les hôpitaux du pays sont à court de médicaments (Photo, AFP).
Le conflit au Soudan a mis en danger plus de 12 000 patients dialysés, photographiés (en haut) à l'hôpital Soba, dans le sud de Khartoum, car les hôpitaux du pays sont à court de médicaments (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 05 juillet 2023

Soudan: Fuite de médecins et fermeture d’hôpitaux en pleine crise sanitaire

  • Le CICR estime que seuls 20% des établissements de santé de Khartoum sont encore opérationnels après des semaines de combats
  • Les centres de santé ont été occupés, les médicaments et les fournitures pillés et les professionnels de la santé chassés

LE CAIRE : Les hôpitaux du Soudan ont été bombardés, pillés et occupés par des factions armées depuis que les combats ont éclaté il y a plus de deux mois entre l'armée soudanaise et le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR). En conséquence, des millions de civils sont privés de soins de santé vitaux.

Les fournitures médicales sont rapidement épuisées après le début du conflit le 15 avril, avec des envois de médicaments et d'autres fournitures médicales volés ou non livrés. Entre-temps, de nombreux professionnels de la santé ont été tués, blessés ou contraints de quitter le pays.

Le docteur Adel Mohsen Badawi Abdelkader Khalil, 65 ans, fait partie des nombreux médecins qui ont choisi de fuir avec leur famille, abandonnant la clinique privée dans la capitale Khartoum qu'il dirigeait depuis plus de quinze ans.

Le Dr. Adel Mohsen Badawi Abdelkader Khalil dans son nouveau refuge au Caire (Photo, AN).

Le 21 avril, craignant d'être enrôlé par les FSR pour soigner les blessés du groupe paramilitaire, il a pris la douloureuse décision de se joindre au flot de réfugiés effectuant le périlleux voyage vers le nord, jusqu'à la frontière avec l'Égypte.

«J'étais dans ma clinique en train de préparer mes billets pour aller au Caire quand j'ai vu des attaques à l'extérieur. Les gens criaient et pleuraient», a révélé Mohsen à Arab News depuis un appartement de la capitale égyptienne qu'il partage avec d'autres familles soudanaises déplacées.

«J'ai immédiatement fermé toutes mes portes et éteint les lumières et je me suis caché là. Si les forces de sécurité savent que vous êtes médecin, elles vous emmèneront soigner leur soldats», a-t-il ajouté.

Mohsen a indiqué que lorsque lui et sa famille ont pris le bus pour l'Égypte, il a pris soin de ne pas dire aux responsables ou aux autres passagers qu'il était un professionnel de la santé, dissimulant ses trente années d'expérience médicale pour sa propre sécurité.

Capture d'écran de l'hôpital East Nil à Khartoum, l'un des nombreux établissements médicaux endommagés par les combats depuis le 15 avril (Photo, Reuters).

Le secteur de la santé publique est depuis longtemps fragile au Soudan, où 65% de la population vit dans la pauvreté. Avec le départ d'un si grand nombre de professionnels de la santé, les agences d'aide ont prévenu que le pays était confronté à une situation d'urgence sanitaire majeure. Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), seuls 20% des établissements de santé sont encore opérationnels à Khartoum.

«Nous avons assisté au quasi-effondrement du système de santé au Soudan», a déclaré à Arab News Alyona Synenko, porte-parole du CICR pour la région Afrique.

Ceux qui n'ont pas pu ou voulu fuir Khartoum ont été contraints de se terrer chez eux, avec peu ou pas d'accès à l'eau potable ou à l'électricité. Selon plusieurs réfugiés soudanais avec lesquels Arab News s'est entretenu au Caire, beaucoup de ceux qui sont restés sur place sont menacés de déshydratation et de famine, tant les besoins d'aide sont importants à Khartoum et dans les villes voisines.

L'effondrement des services publics de base et d'autres infrastructures publiques a un effet particulièrement grave sur les hôpitaux en sapant leurs protocoles d'hygiène, en rendant l'équipement médical vital inopérant et en privant les malades chroniques d'un traitement qui pourrait les maintenir en vie.

«Outre le départ d'une partie du personnel médical et la pénurie de fournitures médicales, les hôpitaux souffrent d'un manque de nourriture, d'eau potable et d'électricité», a prévenu Synenko.

Des centaines de centres médicaux ont fermé à Khartoum depuis que la guerre a éclaté entre l'armée soudanaise et le groupe paramilitaire des FSR à la mi-avril (Photo, AFP).

Selon le syndicat qui représente les médecins du pays, les combats ont, par exemple, mis en péril la vie de 12 000 patients sous dialyse, car les hôpitaux n'ont plus les médicaments dont ils ont besoin ni le carburant nécessaire pour alimenter les générateurs. Ils ont également entravé l'acheminement de l'aide humanitaire dont 25 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, ont désespérément besoin.

En outre, on craint que la saison des pluies de l'été n'entraîne des épidémies saisonnières telles que la malaria, qui fait chaque année des ravages au Soudan, et qu'une pénurie d'eau potable ne provoque une épidémie de choléra.

«Le personnel de santé soudanais et les bénévoles du Croissant-Rouge soudanais ont accompli l'impossible en travaillant dans des conditions aussi extrêmes», a précisé Synenko.

En bref

On estime que moins de 20% des établissements de santé de Khartoum sont encore opérationnels.

À la fin du mois de mai, 14 professionnels de la santé avaient été tués, 21 hôpitaux évacués et 18 bombardés, selon le syndicat des médecins.

«Alors que nous travaillons avec le ministère de la Santé pour livrer des fournitures chirurgicales urgentes aux hôpitaux, nous appelons également tous les acteurs à respecter et à protéger les installations médicales et le personnel médical. Il ne s'agit pas seulement d'une obligation en vertu du droit humanitaire international, mais d'un impératif moral, car de nombreuses vies dépendent de leur travail.»

Le Dr Atia Abdallah Atia, secrétaire général du syndicat des médecins du Soudan, a déclaré à Arab News que lui et ses collègues avaient recensé la mort d'au moins 14 professionnels de la santé depuis le début des combats. Le syndicat a également confirmé l'évacuation de 21 hôpitaux, le bombardement de 18 autres et la disparition d'un médecin.

Ce samedi, le syndicat a accusé les FSR d'avoir fait irruption dans l'hôpital Al-Shuhada, l'un des rares à fonctionner encore dans ce pays déchiré par la violence, et d'avoir tué un membre du personnel. Les FSR ont nié cette accusation.

Vue d'un hôpital abandonné à El-Geneina, la capitale du Darfour occidental, le 1er mai 2023, alors que des combats meurtriers se poursuivent au Soudan entre les forces de deux généraux rivaux (Photo, AFP).

Le fait de prendre pour cible des établissements de santé et du personnel médical au cours d'un conflit est considéré comme un crime de guerre en vertu du droit international humanitaire. Les FSR aurait pris le contrôle de plusieurs hôpitaux pour les utiliser comme bases d'opérations.

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies le 22 mai, Volker Perthes, le représentant spécial de l’ONU pour le Soudan, a souligné les rapports faisant état de telles activités et a déclaré que «l'utilisation d'établissements de santé comme bases militaires est inacceptable».

Dans un rapport publié par la revue médicale The Lancet, l'organisation humanitaire Médecins sans frontières a signalé que les professionnels de la santé travaillant dans des établissements à travers le Soudan ont été confrontés à plusieurs reprises à des combattants qui volent des médicaments, d'autres fournitures médicales et des véhicules.

Jean-Nicolas Armstrong Dangelser, coordinateur de la préparation aux situations d'urgence de Médecins sans frontières à Port-Soudan, a déclaré au journal que si certains cas de pillage sont motivés par des raisons financières, d'autres semblent avoir été délibérément calculés afin de priver les patients de soins.

À Khartoum, par exemple, des entrepôts médicaux ont été attaqués plusieurs jours de suite. Lorsque le personnel a pu rentrer, il a trouvé des réfrigérateurs débranchés et des médicaments renversés au sol.

«Toute la chaîne frigorifique a été détruite, de sorte que les médicaments soient abimés et ne puissent être utilisés pour soigner qui que ce soit. Nous sommes ébranlés et consternés par ces attaques déplorables», a insisté Armstrong Dangelser.

«Nous assistons à une violation des principes humanitaires et l'espace de travail des humanitaires se rétrécit à une échelle que j'ai rarement vue auparavant... Les gens sont dans une situation désespérée et le besoin de soins de santé est critique, mais ces attaques rendent l'aide des travailleurs de la santé beaucoup plus difficile», a-t-il averti.

Selon l'agence de presse Reuters, les affrontements entre l'armée et les forces de soutien rapide se sont intensifiés dimanche, alors que les combats à Khartoum et dans les régions occidentales sont entrés dans leur douzième semaine.

Dates clé du conflit

11 avril 2019 : Un coup d'État militaire renverse le dictateur Omar al-Bachir à la suite d'un long soulèvement populaire.

17 août 2019 : Le Conseil militaire au pouvoir et l'alliance de l'opposition civile signent un accord constitutionnel.

3 octobre 2020 : Signature d'un accord entre le gouvernement de transition et une alliance de groupes armés.

Le 08 février 2021 : Le Premier ministre, Abdallah Hamdok, annonce la formation d'un nouveau Conseil des ministres, comprenant sept anciens chefs rebelles.

25 octobre 2021 : Le général Abdel Fattah al-Burhane dissout le gouvernement, arrête Hamdok et prend le pouvoir.

21 novembre 2021 : Après des mois de rassemblements de masse en faveur de la démocratie, Hamdok est rétabli dans ses fonctions mais démissionne dans les deux mois qui suivent.

25 octobre 2022 :  Des milliers de personnes descendent dans la rue pour réclamer un gouvernement civil.

5 décembre 2022 : Signature d'un accord-cadre politique entre les dirigeants civils et les militaires pour lancer une transition politique de deux ans.

15 avril 2023 : Les combats éclatent entre les forces d'AI-Burhan et les forces de soutien rapide dirigées par le général Mohammed Hamdan Dagalo.

Des frappes aériennes et d'artillerie ainsi que des tirs d'armes légères ont été entendus, en particulier dans la ville d'Omdurman, ainsi qu'à Khartoum, selon le rapport.

Plus de 2 000 personnes ont été tuées depuis que les combats ont éclaté le 15 avril, selon le Armed Conflict Location and Event Data Project, qui recueille des données sur les conflits et autres violences dans le monde.

Les Nations unies estiment que plus de 1,2 million de personnes ont été déplacées, dont au moins 425 000 ont fui à l'étranger.

La semaine dernière, le chef militaire, le général Abdel Fattah al-Burhane a appelé les jeunes hommes à se joindre à la lutte contre les FSR et, dimanche, l'armée soudanaise a publié des photos qu'elle dit être celles de nouvelles recrues.

L'Arabie saoudite a pris la tête des efforts visant à évacuer des milliers d'étrangers du Soudan dans les premiers jours du conflit. Les diplomates saoudiens ont également travaillé avec leurs homologues américains pour aider à négocier un cessez-le-feu durable dans le pays.

Une prolongation de cinq jours de la dernière trêve a expiré le mois dernier sans aucun signe de relâchement de la violence. Ce cessez-le-feu a toutefois permis au ministère de la Santé de distribuer à sept hôpitaux de Khartoum des fournitures chirurgicales données par le CICR, notamment des anesthésiques, des antibiotiques, des pansements, des fils de suture chirurgicaux et des perfusions.

Mais selon Atia, les médecins qui ont choisi de rester au Soudan travaillent généralement avec des équipements et des fournitures médicales de base, ce qui met les patients en danger. La grande partie du personnel médical restante souhaite désespérément partir.

«Tout le monde se demande où aller pour échapper à cette situation», a-t-il mentionné.

Dans de nombreuses régions, des hôpitaux de campagne composés de bénévoles ont été installés dans des écoles et d'autres bâtiments publics afin de pallier l'absence d'institutions publiques opérationnelles et d'aider à traiter les malades chroniques et, de plus en plus, ceux qui succombent aux effets de la déshydratation et de la malnutrition.

«Tout a été laissé entre les mains des civils et des quelques médecins et hôpitaux restants», a souligné Atia.

«Nous essayons de nous concentrer sur les maladies chroniques et encore sur les zones où les gens meurent à cause du manque d'eau, de nourriture et d'accès aux médicaments.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Détenus palestiniens: des responsables du CICR rencontreront le ministère britannique des Affaires étrangères  

 Des responsables du Comité international de la Croix-Rouge s’entretiendront avec le ministère britannique des Affaires étrangères pour lui faire part de leurs inquiétudes au sujet de l’initiative britannique consistant à visiter les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. (CICR)
Des responsables du Comité international de la Croix-Rouge s’entretiendront avec le ministère britannique des Affaires étrangères pour lui faire part de leurs inquiétudes au sujet de l’initiative britannique consistant à visiter les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. (CICR)
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  • Le gouvernement de Netanyahou a empêché le personnel du CICR d’avoir accès aux détenus palestiniens depuis l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre
  • Il a précisé que cette interdiction resterait en vigueur jusqu’à ce que le Hamas autorise l’accès aux otages israéliens capturés lors de l’attaque

LONDRES: Des responsables du Comité international de la Croix-Rouge s’entretiendront avec le ministère britannique des Affaires étrangères pour lui faire part de leurs inquiétudes au sujet de l’initiative britannique consistant à visiter les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes.

Le ministre des Affaires étrangères David Cameron aurait négocié un accord avec le gouvernement israélien pour permettre à deux observateurs juridiques britanniques et à un juge israélien de rendre visite à certains prisonniers détenus dans les prisons israéliennes, à la lumière d’informations faisant état de «traitements inhumains», rapporte jeudi The Guardian.

Dans un entretien accordé ce week-end à la BBC, Cameron affirme avoir abordé cette question avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.

«Tout n’est pas si sombre... Je lui ai dit que l’inaccessibilité aux détenus était inadéquate et que nous avions besoin d’un système indépendant d’inspection et de réglementation. Les Israéliens semblent désormais le faire», soutient-il.

Le gouvernement de Netanyahou a empêché le personnel du CICR d’avoir accès aux détenus palestiniens depuis l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre. Il a précisé que cette interdiction resterait en vigueur jusqu’à ce que le Hamas autorise l’accès aux otages israéliens capturés lors de l’attaque.

Les critiques affirment que cette position pourrait constituer une violation des conventions de Genève, le CICR ayant demandé à plusieurs reprises aux deux parties en conflit de permettre l’accès à toutes les personnes détenues, comme le prévoient les conventions.

Les observateurs ont également fait part de leurs inquiétudes au sujet de la capacité de l’initiative britannique «d’affaiblir l’État de droit» et de créer un «précédent dangereux» quant à la manière dont les détenus sont traités dans d’autres zones de conflit, ajoute le rapport du journal The Guardian.

Le directeur du CICR pour la région Moyen-Orient, Fabrizio Carboni, est actuellement à Londres. Il devrait s’entretenir avec des responsables du ministère des Affaires étrangères.

Dans un entretien accordé au journal d’information britannique, l’organisation humanitaire déclare que les détenus palestiniens doivent être traités comme des personnes protégées ayant accès au CICR, conformément aux conventions de Genève.

«Des informations faisant état d’une décision du gouvernement israélien d’autoriser les observateurs à visiter certains lieux de détention circulent. Le CICR espère que des mesures appropriées seront prises pour protéger la santé et le bien-être des détenus, qui restent primordiaux. Nous réitérons notre volonté de reprendre nos activités de détention mandatées», peut-on lire dans le communiqué.

Chris Doyle, chroniqueur d’Arab News et directeur du Conseil pour la compréhension arabo-britannique, a déclaré que le plan du ministère des Affaires étrangères risquait d’établir un système qui contournerait le CICR et les réglementations internationalement acceptées.

«Il n’y a aucune transparence quant à la solution de rechange proposée par Cameron... Je doute fort que deux avocats choisis par le ministère des Affaires étrangères, en compagnie d’un juge de la puissance occupante, bénéficient de l’expertise du CICR. Ils seront plutôt emmenés dans des prisons assainies», dit-il.

«Ce qui est arrivé aux milliers de Palestiniens emmenés de Gaza vers Israël est un problème majeur. Ni nous ni leurs familles ne savons où ils se trouvent, s’il s’agit de combattants ou d’enfants, ou même pourquoi, dans certains cas, ils sont contraints de rester en sous-vêtements. Nous n’avons aucune nouvelle de la part du gouvernement britannique à ce sujet», ajoute-t-il.

Au cours d’une trêve d’une semaine entre le Hamas et les forces israéliennes en novembre, le CICR a joué un rôle actif en facilitant l’échange de 105 otages israéliens détenus par le Hamas et de 240 prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Washington annonce avoir arrimé la jetée à Gaza, prête à recevoir de l'aide

Des membres de l'armée américaine, de la marine américaine et de l'armée israélienne ont mis en place le Trident Pier, un quai temporaire pour acheminer l'aide humanitaire, sur la côte de Gaza. (Reuters)
Des membres de l'armée américaine, de la marine américaine et de l'armée israélienne ont mis en place le Trident Pier, un quai temporaire pour acheminer l'aide humanitaire, sur la côte de Gaza. (Reuters)
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  • Ce projet de jetée d'un coût annoncé de 320 millions de dollars selon le Pentagone, avait été annoncé en mars par le président Joe Biden, pour pallier aux restrictions imposées par Israël
  • Londres a annoncé mercredi qu'un navire chargé d'aide avait quitté Chypre à destination de cette installation

JERUSALEM: Les Etats-Unis ont annoncé avoir achevé jeudi une jetée provisoire sur la côte de Gaza, devant permettre d'acheminer plus d'aide dans le territoire ravagé par sept mois de guerre et dont les principaux points d'entrée sont bloqués depuis plus d'une semaine.

Des militaires américains "soutenant la mission humanitaire de livraison d'aide supplémentaire aux civils palestiniens dans le besoin, ont arrimé la jetée temporaire à la plage de Gaza", indique sur X le commandement militaire des Etats-Unis pour le Moyen-Orient (Centcom).

"Il est prévu que des camions chargés d'aide humanitaire commencent à accoster dans les prochains jours", poursuit le Commandement, précisant que l'aide sera remise à l'ONU qui "coordonnera sa distribution dans Gaza".

Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a toutefois indiqué que les négociations se poursuivaient concernant la distribution de l'aide.

"Nous finalisons nos plans opérationnels pour assurer que nous sommes prêts à gérer (l'aide) quand la jetée flottante sera totalement opérationnelle, tout en assurant la sécurité de notre personnel", a-t-il déclaré.

Répétant la préférence de l'ONU pour la voie terrestre, il a estimé que l'aide humanitaire "ne peut pas et ne devrait pas dépendre d'une jetée flottante loin de là où les besoins sont les plus aigus".

Que l'aide arrive "par la mer ou par la route, sans carburant elle n'arrivera pas aux gens qui en ont besoin", a-t-il insisté.

Interrogé sur ces inquiétudes, un porte-parole du Département d'Etat américain, Vedant Patel, a indiqué que les Etats-Unis travaillaient avec l'ONU sur les modalités. Mais "de notre point de vue, nous pensons que c'est prêt à fonctionner et que l'aide va commencer à arriver dès que possible".

Le vice-amiral Brad Cooper du Centcom, a annoncé l'arrivée "d'environ 500 tonnes (d'aide) dans les prochains jours (...) réparties entre plusieurs bateaux".

"Des milliers de tonnes d'aide sont dans les tuyaux", a-t-il ajouté, précisant que l'aide sera contrôlée en amont à Chypre. "Il n'y aura pas de soldat américain au sol à Gaza."

A terme, Washington espère l'arrivée de l'équivalent de "150 camions par jour", a précisé une porte-parole du Pentagone.

Ce projet de jetée d'un coût annoncé de 320 millions de dollars selon le Pentagone, avait été annoncé en mars par le président Joe Biden, pour pallier aux restrictions imposées par Israël, allié historique des Etats-Unis, à l'acheminement terrestre de l'aide vers la bande de Gaza.

Londres a annoncé mercredi qu'un navire chargé d'aide avait quitté Chypre à destination de cette installation.

Il doit y débarquer environ 100 tonnes d'abris temporaires pour les habitants de Gaza, quelque 2,4 millions de personnes dont environ 70% ont été déplacées par la guerre, dans un territoire déjà surpeuplé et assiégé depuis sept mois.

La marine et des troupes d'infanterie encadrent cette "opération humanitaire", a indiqué un porte-parole de l'armée israélienne, Nadav Shoshani.

Mercredi, plus de 200 camions sont entrés à Gaza, via le passage d'Erez-Ouest et celui de Kerem Shalom, chargés notamment de farine et de carburant (76.000 litres) et "nous allons les transférer au Programme alimentaire mondial pour approvisionner les organisations et les boulangeries à travers Gaza", a-t-il déclaré.

Israël a lancé une offensive sur la bande de Gaza en riposte à une attaque sanglante sur son sol de commandos du Hamas et ses alliés, le 7 octobre.

L'aide internationale, strictement contrôlée par les autorités israéliennes, arrivait déjà au compte-gouttes, mais son entrée à Gaza est désormais largement entravée aux deux principaux points de passage -Kerem Shalom depuis Israël et Rafah depuis l'Egypte.

L'armée israélienne s'est emparée le 7 mai du côté palestinien du passage de Rafah, par lequel transitait la totalité du carburant indispensable au fonctionnement des infrastructures et hôpitaux de Gaza et à la logistique humanitaire.

Depuis, l'Egypte refuse de coordonner l'acheminement de l'aide avec Israël par Rafah, les deux pays se renvoyant la responsabilité du blocage.

Fermé plusieurs jours début mai après avoir essuyé des tirs de roquettes du Hamas, Kerem Shalom est officiellement ouvert, mais des organisations humanitaires affirment ne pas pouvoir y collecter l'aide acheminée, faute de carburant et en raison de combats alentour.


Un pèlerin français traverse treize pays pour accomplir l’Omra

Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar affirme qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres. (SPA)
Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar affirme qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres. (SPA)
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  • M. Boulabiar explique qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres
  • «C’est un rêve d’enfant. Je rêvais de me rendre à La Mecque à pied, comme le Prophète», confie M. Boulabiar

MÉDINE: Le pèlerin français Mohammed Boulabiar a passé huit mois à parcourir treize pays pour accomplir l’Omra, a rapporté mercredi l’agence de presse saoudienne (SPA).

Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar explique qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres.

Il est parti de Paris le 27 août 2023 et a traversé la Suisse, l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro, l’Albanie, la Macédoine, la Grèce, la Turquie et la Jordanie avant d’arriver en Arabie saoudite.

Muni uniquement d’une carte et d’un sac contenant des provisions de première nécessité et une tente ne pesant que 25 kilos, M. Boulabiar raconte avoir passé la plupart de ses nuits dans des mosquées situées le long de la route ou chez des étrangers généreux qui l’ont accueilli dans leur maison.

Pour M. Boulabiar, l’aspect le plus difficile du voyage était la météo.

«Je suis parti en été et je suis arrivé au printemps, traversant l’automne et l’hiver, affrontant les tempêtes et le tonnerre. À un moment donné, une tempête de neige à la frontière grecque a retardé mon voyage d’une semaine», se souvient-il.

«C’est un rêve d’enfant. Je rêvais de me rendre à La Mecque à pied, comme le Prophète», confie M. Boulabiar.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com