Emeutes: Macron annonce une loi d'urgence pour la reconstruction

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux maires des villes touchées par les violents affrontements qui ont éclaté après qu'un adolescent a été abattu par la police la semaine dernière, lors d'une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 4 juillet 2023 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux maires des villes touchées par les violents affrontements qui ont éclaté après qu'un adolescent a été abattu par la police la semaine dernière, lors d'une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 4 juillet 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 05 juillet 2023

Emeutes: Macron annonce une loi d'urgence pour la reconstruction

  • Heurts avec les forces de l'ordre, incendies de mairies, écoles, commissariats et pillages de magasins se sont multipliés à travers la France
  • Le président a aussi promis un accompagnement des collectivités «pour très vite pouvoir réparer» le matériel de vidéosurveillance cassé

PARIS: Emmanuel Macron a annoncé mardi une "loi d'urgence" pour accélérer la reconstruction dans les villes touchées par les émeutes de la semaine écoulée, ouvrant plusieurs chantiers avec une "priorité absolue", le rétablissement d'un "ordre durable".

Devant les maires de plus de 300 communes réunis à l'Elysée, le chef de l'Etat s'est d'abord dit "très prudent" sur la perspective d'un retour au calme, tout en considérant que le "pic" des premiers soirs était "passé".

Il a donc confirmé des "moyens exceptionnels" pour garantir "l'ordre durable, républicain" et "maintenir l'effort et la pression", notamment les 13 et 14 juillet, autour de la fête nationale.

Les émeutes nocturnes ont éclaté le 27 juin, quelques heures après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre.

Heurts avec les forces de l'ordre, incendies de mairies, écoles, commissariats et pillages de magasins se sont multipliés à travers la France, culminant avec l'attaque du domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses dans le Val-de-Marne, avant une décrue nette depuis dimanche soir.

Ce retour au calme s'est poursuivi mardi: aucun incident majeur n'avait été signalé en fin de soirée.

Le parquet de Marseille a toutefois signalé qu'un homme de 27 ans était mort dans cette ville à la suite probable d'un "choc violent au niveau du thorax" causé par un projectile de "type flash-ball", un décès remontant à la nuit de samedi à dimanche, émaillée d'émeutes.

Au niveau national, en une semaine, 3 625 personnes ont été placées en garde à vue, dont 1 124 mineurs. Parmi elles, 990 ont été déférées devant la justice et 380 incarcérées.

«Atteintes graves» aux élus

Treize "atteintes graves" aux élus ont été recensées, a précisé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

"Même si le calme est revenu, je considère que l'on ne peut pas faire comme si rien ne s'était passé", a insisté le président.

La mort du jeune Nahel a relancé le débat sur les violences policières. Mais malgré son incarcération, le policier auteur du coup de feu a bénéficié d'un mouvement de solidarité marqué par la constitution d'une cagnotte initiée par une figure de l'extrême droite, Jean Messiha.

Après avoir fait scandale à gauche, ce pot commun a été clôturé mercredi peu après 0h00, en affichant 1 636 220 euros de dons. L'avocat de la famille de Nahel a annoncé dans la soirée avoir porté plainte contre Jean Messiha, notamment pour escroquerie en bande organisée.

Lors de la réunion à l'Elysée, Patricia Tordjman, maire communiste de Gentilly, dans le Val-de-Marne, a interpellé frontalement le président, estimant que "rien n'a été fait" depuis qu'il a été élu en 2017, "pire on nous retire des moyens".

Jean-François Copé, maire LR de Meaux, "ne croit pas à l'émeute sociale, l'émeute de la faim".

Résumé d'Eric Straumann, maire LR de Colmar (Haut-Rhin), devant des journalistes : "les maires de droite proposent des solutions de droite, autorité, éducation, les maires de gauche des solutions de gauche, plus d'argent".

Prenant la parole à la fin, Emmanuel Macron n'a pu que constater cette absence d'"unanimité".

Solutions très concrètes

S'agissant des destructions subies par les communes, il a annoncé une "loi d'urgence pour écraser tous les délais" et accélérer la reconstruction.

Il a promis un accompagnement "pour très vite pouvoir réparer" le matériel de vidéosurveillance cassé, ainsi que des aides financières pour les réparations concernant "la voirie, les établissements communaux, les écoles".

Le gouvernement s'est dit ouvert à des "annulations" de cotisations sociales et fiscales "au cas par cas" pour les commerces vandalisés. Le ministre de l'Économie a fait savoir que les assureurs avaient accepté de "considérer des réductions de franchise".

En outre, Bruno Le Maire veut croire que la flambée de violences n'aura pas de conséquences sur la croissance et l'attractivité de la France, comme il l'a dit à la chaîne américaine CNN et au quotidien britannique Telegraph afin de rassurer une clientèle touristique anglophone très prisée.

Le chef de l'Etat a aussi ouvert des chantiers au plus long cours, du logement à la décentralisation en passant par la justice des mineurs et l'éducation, sans entrer dans le détail.

L'exécutif doit y travailler pendant l'été "pour déboucher sur des solutions très concrètes", car "on ne doit pas laisser la pâte retomber", a-t-il lancé.

Parmi ces chantiers, il a dit vouloir "mieux accompagner, mieux responsabiliser et parfois mieux sanctionner" les parents d'enfants auteurs de violences. Lundi soir, devant des policiers, il avait envisagé une "sorte de tarif minimum dès la première connerie" de leur enfant, reprenant une antienne de la droite.

Le gouvernement s'interroge aussi sur le rôle d'amplification des violences qu'ont pu jouer les réseaux sociaux : le ministre chargé de la Transition numérique Jean-Noël Barrot a d'ailleurs proposé mardi soir au Sénat la mise en place d'un groupe de travail sur ce thème.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".