BEYROUTH: Les tensions étaient vives dimanche dans la ville de Bcharré, au nord du Liban, après qu'un jeune homme y a été abattu samedi par un tireur embusqué.
Haitham Tawk, âgé de 36 ans, a été abattu près de Qurnat as Sawda («Cime noire»), le sommet le plus élevé du Liban et du Levant.
Un deuxième homme, Malik Tawk, âgé de 50 ans, a été tué quelques heures plus tard, alors que des soldats ratissaient la zone à la recherche du tireur embusqué.
Des personnalités politiques et religieuses ont agi rapidement pour essayer d'empêcher tout débordement de violence à la suite de ces meurtres.
FOCUS
• Haitham Tawk, âgé de 36 ans, a été abattu près de Qurnat as Sawda («Cime noire»), le sommet le plus élevé du Liban et du Levant.
• Un deuxième homme, Malik Tawk, âgé de 50 ans, a été tué quelques heures plus tard, alors que des soldats ratissaient la zone à la recherche du tireur embusqué.
Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, condamne ces actes et il déclare que leurs auteurs seraient poursuivis et arrêtés. Il s'est également entretenu avec le commandant de l'armée, le général Joseph Aoun, ainsi qu'avec les autorités sécuritaires et judiciaires.
Najib Mikati souligne la «nécessité pour chacun de faire preuve de sagesse, et de ne se laisser entraîner dans aucune réaction, en particulier dans cette grave situation que nous traversons».
Il a tenu ces propos lors d'un appel de Sethrida Geagea, une femme politique de Bcharré et épouse du chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea.
L'absence apparente de motif pour ces tirs a conduit à des suppositions selon lesquelles ils auraient pu viser à faire pression sur le parti des Forces libanaises, qui s'oppose au Hezbollah.
Il existait également des inquiétudes par rapport à des tentatives d'intervention aux côtés des habitants de Dennieh et d'établissement de liens avec ses politiciens – qui sont des alliés du Hezbollah – visant à confirmer le fait que la zone stratégique de Qurnat as Sawda et ses environs appartiennent à la région de Dennieh et non à celle de Bcharré.
Des sources du Hezbollah ont nié toute implication dans ces meurtres.
Le parti a déclaré avoir pris des mesures préventives pour empêcher toute escalade de la situation, ainsi que pour contrôler toute interaction avec son environnement de soutien, situé à proximité de Bcharré.
La population de Dennieh est en majorité sunnite, tandis que celle de la région de Bcharré est en majorité maronite.
Le secteur de Bcharré est considéré comme un bastion du parti des Forces libanaises et il compte deux députés du fait qu’il est le plus peuplé de la circonscription.
Quelques heures après la mort de Haitham Tawk, un groupe d'hommes de Bcharré s'est rendu à Qurnat as Sawda pour récupérer sa dépouille. Cela a coïncidé avec une opération de l'armée visant à retrouver le tueur et d'autres hommes armés postés au sommet. C'est à ce moment précis que Malik Tawk a été tué par balles.
Le président du Parlement, Nabih Berri, a exhorté le député de Tripoli, Faisal Karamé, à «faire preuve de sagesse» dans la gestion de cet incident. Il a également exhorté les habitants de Dennieh à ne pas se laisser influencer par les préjugés et les rumeurs et à attendre que toute la lumière soit faite sur cet incident.
Le grand mufti cheikh Abdel Latif Darian a exhorté Faisal Karamé à «contribuer à calmer la situation».
Le patriarche maronite Béchara Boutros al-Rahi a déclaré dans son sermon dominical: «Nous comptons sur l'armée pour imposer la sécurité dans l’intérêt de tous, et sur les habitants de Bcharré pour qu'ils fassent preuve de retenue et laissent à la justice le soin de régler ce conflit permanent de Qurnat as Sawda.»
Cheikh Ali al-Khatib, la plus haute autorité religieuse officielle de la communauté chiite, a appelé «les sages et les avisés à éviter la révolte contre laquelle nous mettons en garde».
Il a mis en garde contre le «ciblage du Liban par Israël visant à le déstabiliser et l'entraîner dans le bourbier de la révolte et des troubles».
Le député de Bcharré, William Tawk, a dénoncé «un groupe anarchique qui empiète sur nos terres depuis des années dans le but de s'en emparer, et de tenter de nous attirer dans une lutte intestine dont nous ne voulons pas, avec notre propre peuple de Dennieh et Bqaa Safrine».
«Appeler à la retenue ne signifie pas du tout tolérance ou compromis sur le sang du martyr, mais signifie plutôt un engagement envers nos valeurs éthiques et nationales, et l'insistance à prendre nos droits en main en cas d'échec des autorités et organismes compétents», affirme-t-il.
L'armée a déclaré que Qurnat as Sawda était une zone d'entraînement militaire et que la population avait été avertie de ne pas s'en approcher. Plusieurs personnes ont été arrêtées et un grand nombre d'armes et de munitions ont été saisies, a-t-elle ajouté.
Cinq personnes de Bcharré et plusieurs autres de Dennieh figuraient parmi les personnes arrêtées, ont indiqué des sources de sécurité.
Le maire de Bcharré, Freddy Kairouz, a précisé à Arab News que la paix civile au Liban ne pourrait être obtenue au prix du sang versé de «la jeunesse de notre ville.»
Qurnat as Sawda est situé dans une zone du nord du Liban qui n'a pas encore été délimitée.
M. Kairouz a émis l'hypothèse que ces meurtres pourraient être la conséquence de «différends fonciers accumulés… et de l'échec des forces de sécurité et de la justice libanaises à résoudre ces différends en délimitant les terres, ainsi que de la présence de groupes anarchiques armés dans ces montagnes.»
«Tout cela a abouti à la prise pour cible d'un jeune homme qui se trouvait dans une zone considérée comme faisant partie de Bcharré. Il a été délibérément abattu dans le dos à une distance de 1 000 mètres.»
La municipalité de Bcharré a annoncé que la ville observerait un deuil pour les victimes aujourd’hui, 3 juillet, et que leurs funérailles auraient lieu à l'église Notre-Dame de Bcharré.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com