Dans le Tarn, des esprits s'échauffent autour de l'accueil de migrants

Le président français Emmanuel Macron se tient devant François-Xavier Lauch lors d'une visite à l'usine Renault de Maubeuge, dans le nord de la France, le 8 novembre 2018 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron se tient devant François-Xavier Lauch lors d'une visite à l'usine Renault de Maubeuge, dans le nord de la France, le 8 novembre 2018 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 02 juillet 2023

Dans le Tarn, des esprits s'échauffent autour de l'accueil de migrants

  • Dans un contexte encore marqué par la démission retentissante du maire DVD de Saint-Brevin, visé par des menaces et des violences de l'extrême droite, le représentant de l'Etat a alors réaffirmé sa volonté d'ouvrir un Centre d'accueil de demandeurs d'asil
  • Dans d'autres territoires ruraux d'Occitanie, « l'intégration se passe très bien »

TOULOUSE: L'arrivée annoncée d'une cinquantaine de migrants dans la commune tarnaise de Réalmont et ses environs a suscité l'hostilité d'élus de droite et d'extrême droite mais l'Etat, déterminé à ce que l'accueil se fasse, continue de chercher une solution.

"Non au centre d'accueil des migrants dans le Réalmontais, signez la pétition": cela a commencé début juin par un tract diffusé dans les boîtes aux lettres du village par le député du Rassemblement national (RN) Frédéric Cabrolier et son équipe.

Et rapidement sur les réseaux sociaux, un groupuscule d'extrême droite local, Patria Albiges, a appelé à manifester au coeur de Réalmont, sur sa place centrale à arcades, une bastide médiévale comme en abritent de nombreux villages occitans.

Pour éviter "tout risque de trouble à l'ordre public" et "dans un climat de tension autour du projet départemental d'ouverture de 50 places pour demandeurs d'asile", le préfet du Tarn, François-Xavier Lauch, a finalement décidé d'interdire tout rassemblement et organisé une réunion avec les élus locaux.

Dans un contexte encore marqué par la démission retentissante du maire DVD de Saint-Brevin, visé par des menaces et des violences de l'extrême droite, le représentant de l'Etat a alors réaffirmé sa volonté d'ouvrir un Centre d'accueil de demandeurs d'asile départemental (CADA). Mais il a accepté que les places ne soient ouvertes que dans les "communes où les maires sont volontaires pour les accueillir".

«Opposer un véto»

"Je lance un appel à tous les maires républicains pour me faire des propositions puisque de nombreux élus (...) m'ont dit à quel point ils étaient attachés au droit d'asile", a déclaré le préfet, qui souhaite également associer les populations des villages concernés.

Aujourd'hui, M. Lauch ne souhaite plus s'exprimer sur le dossier. "Le préfet du Tarn est au travail et communiquera sur ce sujet en temps voulu", fait valoir son équipe.

M. Cabrolier, à l'origine du tract initial, attend désormais de voir, affirmant: "Moi j'ai joué mon rôle, si ça revient dans ma circonscription et que les habitants me saisissent, je répondrai".

Mais, dit-il encore à l'AFP, "ce n'est pas moi qui vais m'opposer" si des communes "plus immigrationistes" y sont favorables.

Ce n'est pas l'avis d'un autre élu tarnais, le maire LR de Lavaur et ancien député Bernard Carayon, qui a pris la plume pour inviter tous ses homologues tarnais à "opposer un veto" à l'accueil des 50 étrangers.

"Le président de la République a décidé de disperser dans les campagnes des dizaines de milliers de migrants séjournant jusqu'à présent (...) dans la région parisienne", écrit l'élu local en préambule.

Emmanuel Macron "veut ainsi faire partager aux ruraux la vie des banlieues" pour rendre "Paris +plus présentable+ un an avant les Jeux olympiques", estime le maire de Lavaur.

Interrogé par l'AFP, M. Carayon, qui dit n'avoir "jamais vu en France un tel consensus pour refuser l'immigration massive", précise qu'une "quarantaine de maires" lui a apporté son soutien.

«Haut-le-coeur»

Jean-François Rochedreux, maire sans étiquette de la petite commune de Salies, non loin d'Albi, n'est pas de ceux-là. "J'ai d'abord eu un haut-le-coeur" en lisant le courrier, écrit-il dans une lettre, elle-aussi adressée aux maires tarnais.

Rappelant que 50 demandeurs d'asile représenteraient dans le Tarn 0,12 personne pour 1 000 habitants et qu'on est donc "loin de la submersion", il "propose que nous, maires du Tarn, affirmions notre profond attachement aux valeurs de la République" en les accueillant.

Du côté du prestataire choisi par l'Etat pour gérer le CADA, l'association Habitat & Humanisme, on espère "pouvoir installer les premières personnes d'ici quelques semaines", malgré le tumulte.

"On va s'appliquer à ce que les choses se fassent de façon apaisée", indique à l'AFP Christophe Perrin, président de la branche hébergement d'urgence de l'association.

Il affirme comprendre que "les gens puissent avoir un premier réflexe de recul et de prudence", mais c'est lié à une "méconnaissance totale" de la réalité, estime-t-il, ajoutant que "dans 99 cas sur 100 pour ne pas dire 999 sur 1 000", il n'y a aucun problème.

Dans d'autres territoires ruraux d'Occitanie, "l'intégration se passe très bien", dit-il, évoquant par exemple des centres installés à Saint-Affrique (Aveyron) ou à Saint-Chély-d'Apcher (Lozère).


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.