LONDRES: Le Hezbollah et toutes les milices au Liban doivent être désarmés «dès que possible», a déclaré l'envoyée spéciale adjointe américaine pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision libanaise LBCI.
Mme Ortagus, qui s'adressait à Toni Mrad de la LBCI lors d'un entretien diffusé dimanche, a souligné la position ferme du président Donald Trump selon laquelle ce n'est qu'en désarmant les groupes militants que le peuple libanais pourra être «libéré de l'influence étrangère, du terrorisme et des peurs qui ont été si omniprésentes dans la société».
S'exprimant lors de sa deuxième visite au Liban, où elle a tenu des «réunions fantastiques» avec le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam, Mme Ortagus a également réitéré le soutien continu de Washington à la souveraineté du Liban, tout en soulignant que le désarmement restait un pilier central de tout redressement significatif.
«Nous évoquons toujours le désarmement du Hezbollah. Cependant, il ne s'agit pas seulement du Hezbollah, mais de toutes les milices de ce pays», a déclaré Mme Ortagus.
«Le président Aoun a dit clairement dans son discours d'investiture qu'il voulait que l'État ait le monopole de la force, qu'il soit le seul à détenir les armes. C'est une position que nous soutenons», a-t-elle ajouté.
Lorsqu'on lui a demandé d'indiquer un calendrier pour le désarmement du groupe soutenu par l'Iran, Mme Ortagus a répondu qu'il n'y avait «pas nécessairement de calendrier», mais que cela devait se faire «dès que possible».
Elle a ajouté que les États-Unis fournissaient de l'aide et de l'assistance, de la formation, du financement et de l'équipement aux forces armées libanaises depuis des décennies.
«Il s'agit d'une priorité américaine très importante. Maintenant que nous sommes entrés dans une nouvelle ère, où les FAL sont réellement en mesure, sous la direction du président Aoun, d'exercer une plus grande autorité sur l'État, nous voulons les aider à atteindre ces objectifs. Ces objectifs sont réels, ils sont clairs», a-t-elle déclaré.
Mme Ortagus, qui a été porte-parole du département d'État durant la première administration Trump, s'est dite «très optimiste» quant au nouveau cabinet libanais, décrivant ses ministres comme de «vrais patriotes» ayant une vision claire des réformes. Cela contraste fortement avec ce qu'elle a décrit comme les conditions «déprimantes» de la dernière décennie.
Photo fournie par la présidence libanaise le 5 avril 2025, montrant le président libanais Aoun (à droite) rencontrant Mme Ortagus (2e à droite) et des membres de sa délégation au palais présidentiel de Baabda. (AFP)
Lorsqu'on lui a demandé si le Hezbollah pourrait jouer un rôle politique au Liban s'il était désarmé, Mme Ortagus a répondu en recadrant la question en termes de politique américaine plus large sous Trump.
«Je ne viens pas ici en tant que fonctionnaire américaine représentant l'administration Trump pour faire des demandes en disant vous devez faire ceci ou cela. Au contraire, j'encourage et je dis: si vous voulez un partenariat continu avec les États-Unis, vous devez atteindre certains objectifs et remplir certains critères», a-t-elle déclaré.
«Lorsque je suis venue ici la première fois, il était important pour moi que Nawaf Salam n'ait pas de représentants du Hezbollah parmi ses ministres, et il était tout aussi important qu'il n'y ait pas de ministres corrompus; la corruption a érodé la confiance de la société.»
«Si les dirigeants libanais choisissent de travailler ensemble et de s'associer au gouvernement américain pour désarmer le Hezbollah, respecter la cessation des hostilités et mettre fin à la corruption endémique, nous serons un partenaire et un ami merveilleux. Et il y en aura d'autres à l'avenir.»
«Mais si le gouvernement et les dirigeants choisissent de ralentir le processus ou de ne pas participer à la vision du Liban que nous partageons, c'est un choix qu'ils peuvent faire. Mais ils ne doivent pas s'attendre à un partenariat s'ils n'atteignent pas ces objectifs», a-t-elle ajouté.
En ce qui concerne les spéculations sur une éventuelle normalisation des relations du Liban avec Israël, Mme Ortagus a considéré la question comme prématurée.
«Je n'ai pas eu une seule conversation à ce sujet ici au Liban. Nous nous concentrons actuellement sur la mise en œuvre de la cessation des hostilités. Nous nous concentrons sur le désarmement du Hezbollah. Nous nous concentrons sur les réformes économiques», a-t-elle déclaré. «Il faut marcher avant de courir; nous en sommes encore à ce stade.»
En ce qui concerne l'aggravation de la crise économique au Liban, Mme Ortagus a déclaré que le soutien des États-Unis dépendrait des réformes, faisant écho aux positions adoptées par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.
«Le Liban doit sortir de la liste grise du GAFI (Groupe d'action financière). Il doit aller au-delà d'une économie basée sur l'argent liquide. Il doit revenir à un secteur financier sophistiqué, celui pour lequel le Liban était connu», a-t-elle déclaré.
Mme Ortagus a révélé qu'elle avait été frappée par un panneau d'affichage à Beyrouth sur lequel on pouvait lire «Make Lebanon Great Again», et qu'elle en avait pris une photo pour la montrer à M. Trump.
«J'ai adoré ce panneau, a-t-elle déclaré. Si vous voulez que le Liban redevienne grand, vous devez mettre en œuvre ces réformes. C'est difficile, mais le Liban se trouve dans l'une des pires situations financières que j'ai vues au cours des 20 ou 30 dernières années.»
Qualifiant la situation de «dévastatrice», elle a prévenu que des changements radicaux étaient nécessaires pour éviter l'effondrement. «Pour vous sauver, vous aurez besoin de réformes, et certaines d'entre elles seront radicales, pour sauver le pays.»
Mme Ortagus a également appelé à une révision de l'approche traditionnelle de la reconstruction post-conflit, fondée sur l'aide des donateurs, et a plaidé en faveur d'une augmentation des investissements du secteur privé et de l'innovation.
«Notre vision du Liban n'est pas seulement celle d'un pays donateur qui demande toujours des dons», a-t-elle déclaré à M. Mrad. «Comment pouvons-nous imaginer une meilleure façon de reconstruire le Liban-Sud? Nous voulons que les gens aient des emplois. Nous voulons qu'ils aient de l'espoir pour l'avenir.»
Faisant référence à la dévastation régionale à Gaza, en Syrie et au Liban, elle a déclaré que le monde devait «regarder différemment ces régions déchirées par la guerre» et donner à leurs jeunes les moyens de participer à la construction d'un avenir plus prospère.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com