BRUXELLES : Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a déclaré jeudi à Bruxelles que les passeurs étaient responsables du naufrage d'un bateau transportant des migrants survenu au large du Péloponnèse mi-juin, jugeant «très injuste» de pointer du doigt les garde-côtes grecs.
«Nous ne devons avoir aucun doute sur le fait que la véritable responsabilité incombe aux gangs criminels qui ont rempli le bateau de personnes désespérées en leur faisant la fausse promesse d'un voyage en toute sécurité, sans même leur donner de gilets de sauvetage», a affirmé le dirigeant lors d'une conférence de presse avec la présidente du Parlement européen Roberta Metsola.
«Il est très, très injuste de pointer du doigt les garde-côtes grecs. Les garde-côtes grecs ont sauvé des dizaines de milliers de personnes qui risquaient de mourir en mer», a ajouté M. Mitsotakis, saluant leur «travail incroyablement difficile».
Il a rappelé qu'une enquête judiciaire était en cours, après le naufrage d'un chalutier vétuste et surchargé parti de Libye qui a fait au moins 82 morts et des centaines de disparus au large de la Grèce dans la nuit du 13 au 14 juin.
Le drame, dont les rescapés sont Syriens, Egyptiens, Pakistanais et Palestiniens, a soulevé de nombreuses questions sur la chaîne de responsabilités et les garde-côtes n'ont révélé qu'au compte-goutte les conditions du naufrage.
Lundi, Frontex a indiqué qu'Athènes avait ignoré une offre de soutien aérien supplémentaire de l'Agence européenne des frontières.
Plusieurs survivants du naufrage ont aussi témoigné que les garde-côtes grecs ont utilisé une corde pour tracter le bateau, ce qui aurait déclenché selon eux le chavirement de leur embarcation.
Les garde-côtes grecs sont aussi régulièrement mis en cause par les ONG et des enquêtes journalistiques, et accusés de procéder à des refoulements illégaux de migrants en mer Egée, ce que le gouvernement dément systématiquement.
M. Mitsotakis a également plaidé pour la coopération avec les pays de transit pour empêcher les traversées, citant la Libye.
L'UE a passé en 2016 avec Ankara un accord prévoyant notamment que la Turquie empêche les départs de migrants irréguliers vers les îles grecques, en échange d'une aide financière pour l'accueil des réfugiés dans ce pays. Ce qui a permis de réduire considérablement les flux migratoires en Méditerranée orientale, a indiqué le Premier ministre grec.
«Je voudrais que nous mettions davantage l'accent sur l'établissement d'une coopération similaire avec les pays d'Afrique du Nord, en particulier la Libye, qui est actuellement dans une situation très, très problématique», a-t-il dit.
Les Européens négocient par ailleurs un partenariat avec la Tunisie contenant un volet migratoire, pour tenter d'empêcher les départs de bateaux et faciliter le renvoi de migrants.