LE CAIRE: Le comptable égyptien Youssef Abdel Hamid regrette de ne pas avoir pu faire son sacrifice habituel de l'Aïd cette année.
Dans un contexte de hausse de l'inflation et de dévaluation de la monnaie locale, M. Hamid fait partie de ceux qui ont lésiné sur les produits de première nécessité.
L'Égypte, comme le reste du monde, a été frappée par une vague de hausses de prix ces derniers mois en raison de l'inflation galopante.
Le pouvoir d'achat de la population a été touché, et nombreux sont ceux qui ont du mal à s’en sortir, en particulier les 30% de la population qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.
En raison des contraintes budgétaires, de nombreuses familles ont été obligées de renoncer à leurs traditions favorites, même pendant l'Aïd al-Adha – une période connue pour ses dépenses caritatives et ses réceptions avec menus impressionnants à l’appui.
«Le prix des moutons, des veaux et des vaches a considérablement augmenté par rapport à l'année dernière et je ne peux plus me permettre de dépenser autant d'argent», déclare Youssef Abdel Hamid à Arab News.
«À la place, je me contente de faire des dons à diverses organisations caritatives», ajoute-t-il.
Les moutons coûtent actuellement entre 4 000 et 7 000 livres égyptiennes (EGP; 1 livre égyptienne = 0,030 euro), tandis qu'un veau local coûte près de 40 000 EGP et un veau importé 25 000 EGP.
La chute de la livre a rendu encore plus difficile l'équilibre du budget des ménages.
«Certains services locaux d'achat immédiat et de paiement différé proposent des paiements échelonnés en échange de sacrifices, mais cela n'a aucun sens d'accumuler encore plus de dettes. Les œuvres caritatives ne devraient pas vous endetter», souligne M. Hamid.
La hausse des prix et l'inflation ont également incité les gens à réduire leurs dépenses en nourriture et loisirs.
«Au lieu de notre festin habituel de l'Aïd, nous organisons quelque chose de beaucoup plus intime», indique Amani Farid, une femme au foyer.
«Nous ne recevrons pas toute la famille pour le déjeuner. Au lieu de cela, ils viendront plus tard dans la journée et nous leur servirons du thé et des gâteaux», ajoute-t-elle, précisant qu'il n'y avait ni honte ni embarras dans cette situation.
«Nous sommes tous logés à la même enseigne; nous avons tous été affectés de la même manière par l'augmentation des prix.»
«J'avais toujours établi un budget mensuel pour les dépenses du ménage, mais cette fois-ci, les choses sont différentes: le budget est beaucoup plus serré et il n'y a pas de marge de manœuvre.»
Cependant, si les Égyptiens sont connus pour quelque chose, c'est pour leur volonté de tirer le meilleur parti d'une mauvaise situation.
Ils jouent de la musique dans la rue, gonflent des ballons, projettent des films et des pièces de théâtre classiques qui leur rappellent le bon vieux temps – et, soudain, la beauté de l'Aïd revient, prouvant que l'important n'est pas de savoir combien on a ou combien on dépense, mais de savoir de qui on est entouré et à quel point on rit.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com