Football: l'interdiction du hijab sur les terrains débattue au Conseil d'Etat

Avec le règlement actuel de la FFF, qui a le «monopole» sur l'organisation des matchs, a noté le rapporteur public, les joueuses portant le voile sont de facto «exclues» et doivent «renoncer à toute compétition et toute carrière» (Photo, AFP).
Avec le règlement actuel de la FFF, qui a le «monopole» sur l'organisation des matchs, a noté le rapporteur public, les joueuses portant le voile sont de facto «exclues» et doivent «renoncer à toute compétition et toute carrière» (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 26 juin 2023

Football: l'interdiction du hijab sur les terrains débattue au Conseil d'Etat

  • Le Conseil d'Etat s'est penché sur la question lundi, lors de l'examen d'un recours des «Hijabeuses» contre la Fédération française de football
  • Le collectif conteste devant la justice l'article 1 du règlement de la FFF qui interdit depuis 2016 «tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale»

PARIS: Le hijab a-t-il sa place sur les terrains de football ? Le Conseil d'Etat s'est penché sur la question lundi, lors de l'examen d'un recours des "Hijabeuses" contre la Fédération française de football (FFF) qui leur interdit de jouer voilées lors des compétitions.

Le collectif conteste devant la justice l'article 1 du règlement de la FFF qui interdit depuis 2016 "tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale".

Lors de l'audience, le rapporteur public, qui dit le droit et dont l'avis est généralement suivi, a recommandé l'annulation de cet article 1, demandant à ce que la FFF modifie son règlement.

La décision du Conseil d'Etat sera rendue d'ici trois semaines.

Si le rapporteur public, Clément Malverti, a estimé que la question pouvait se poser pour les joueuses sélectionnées en équipe de France, où elles représentent "la Nation" et effectuent "une mission de service public", elle est "autrement plus discutable" pour les autres joueuses licenciées de la FFF.

Il a commencé par rappeler la "distinction fondamentale" entre agents du service public, auxquels le principe de "neutralité" s'applique, et les usagers, "libres" de manifester leurs convictions tant qu'ils ne troublent pas l'ordre public.

Il n'y a ni "prosélytisme", ni "provocation" dans le seul port du hijab, et aucune "exigence de neutralité" pour les joueuses licenciées de la FFF, a-t-il dit.

Avec le règlement actuel de la FFF, qui a le "monopole" sur l'organisation des matchs, a noté le rapporteur public, les joueuses portant le voile sont de facto "exclues" et doivent "renoncer à toute compétition et toute carrière".

Le sujet est "important", et la décision du Conseil d'Etat sera suivie de près, a-t-il lancé, mettant en garde contre le "risque" que certains tentent par la suite d'"étendre" l'interdiction du voile à d'autres espaces publics.

«Neutralité politique»

En défense, l'avocat de la FFF a soutenu qu'il fallait au contraire "consacrer l'exigence de neutralité pour l'ensemble des joueurs". "Ce qui est recherché, c'est l'importation dans le football de revendications communautaires", a poursuivi Me Loïc Poupot, estimant que les compétitions s'étaient toujours disputées en "des termes neutres", avec des sportifs que seule la couleur du maillot distinguait, et que le règlement de 2016 n'avait fait que graver dans le marbre cette réalité.

La fédération a aussi évoqué dans ses arguments le "principe de neutralité politique" du Comité olympique. Principe qui a évolué au fil du temps, a pointé le rapporteur public.

La "liberté d'expression a gagné du terrain" dans le sport depuis les "poings levés" de Tommie Smith et John Carlos à Mexico en 1968, en protestation contre la discrimination raciale aux Etats-Unis, qui leur avait valu une exclusion à vie des Jeux Olympiques, a-t-il avancé.

Il a notamment évoqué le "genou à terre", signe de soutien au mouvement Black Lives Matter, qui s'est répandu dans plusieurs compétitions sportives, notamment l'Euro de football 2021.

Il n'y aucune "exigence de neutralité" pour les joueurs de football, et le football est "truffé" de signes d'appartenance religieuse, a-t-il martelé, citant pêle-mêle la "croix de Malte" sur les maillots des joueurs d'Auxerre, les joueurs qui font le signe de croix en entrant sur le terrain, ou ceux qui se tatouent leurs convictions sur les bras.

Il a aussi noté que la Fifa et "l'ensemble des fédérations sportives internationales" autorisaient le port du hijab en compétition.

Se refusant à "crier victoire" trop vite, l'avocate du collectif, Me Marion Ogier, s'est réjouie en marge de l'audience des conclusions du rapporteur public, "qui vont dans notre sens". Elle a espéré que le Conseil d'Etat, en prenant sa décision, ne fasse "du droit, rien que du droit" sans se laisser influencer par la "politique".

Une dizaine de Hijabeuses était venue assister à l'audience.

"Notre combat n'est pas politique, pas religieux, il concerne le sport et seulement le sport", a assuré devant la presse Founé Diawara, présidente du collectif de femmes musulmanes Les Hijabeuses. "Il y a des femmes qui chaque week-end sont exclues des terrains parce qu'elles portent un voile", a-t-elle souligné. "Tout ce qu'on veut, c'est jouer au football".


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.