Enquête internationale sur des massacres iraniens dissimulés pendant trente ans

Des portraits de victimes tuées lors des massacres d’opposants en Iran en 1988 sont exposés lors d’un événement de commémoration en France l'année dernière. (Photo, AFP/Archives).
Des portraits de victimes tuées lors des massacres d’opposants en Iran en 1988 sont exposés lors d’un événement de commémoration en France l'année dernière. (Photo, AFP/Archives).
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Publié le Jeudi 10 décembre 2020

Enquête internationale sur des massacres iraniens dissimulés pendant trente ans

  • Amnesty a qualifié les massacres de crimes contre l'humanité dans un rapport publié en 2018
  • Le chef de la justice iranienne, Ebrahim Raisi, et l'ancien ministre de l'Intérieur et de la Justice, Mostafa Pour Mohammadi, ont participé à des «commissions de la mort»

DJEDDAH: L'Iran fait face à une enquête de l'ONU sur le massacre d’opposants emprisonnés que le régime de Téhéran tente de dissimuler depuis plus de trente ans.

Des milliers de jeunes ont été exécutés sans jugement en Iran en 1988, au moment où la guerre avec l'Irak prenait fin. Les personnes tuées étaient principalement des partisans de l’Organisation des Moudjahiddines du peuple de l’Iran (MEK), qui avait soutenu Bagdad dans ce conflit.

Un groupe de rapporteurs spéciaux de l'ONU a écrit au gouvernement iranien pour l’aviser qu'il était «sérieusement préoccupé par le continuel refus de divulguer le sort et l’emplacement» des personnes tuées.

Le groupe exige une «enquête approfondie et indépendante» et des «certificats de décès précis» fournis aux familles des victimes.

«Nous craignons que la situation constitue un crime contre l'humanité», affirment les experts de l'ONU. Ils ont en outre averti que si l'Iran continue de «refuser de respecter ses obligations», il ferait inévitablement face à une enquête internationale.

L'équipe de l'ONU a écrit sa lettre en septembre, mais elle n'a été rendue publique qu’aujourd’hui.

Diana Eltahawy, directrice adjointe d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, estime que la lettre constitue une «avancée majeure» qui envoie un message clair selon lequel les meurtres «ne peuvent plus rester sans explications et ou sanctions».

Amnesty a qualifié les massacres de crimes contre l'humanité dans un rapport publié en 2018. L’organisme souhaite que le Conseil des droits de l'homme de l'ONU mette en place un mécanisme international adéquat pour enquêter.

Des militants affirment que des milliers de personnes ont été tuées lors des exécutions ordonnées par l'ayatollah Ruhollah Khomeini en personne. Les exécutions se sont déroulées sans aucun procès, dans les prisons iraniennes, à partir de la fin du mois de juillet en 1988. Le Conseil national de la résistance iranienne, le «gouvernement des opposants en exil», chiffre les victimes à 30 000.

Les militants accusent des dirigeants, qui occupent toujours des postes clés dans le gouvernement iranien, d'être impliqués dans ces meurtres. Dans son rapport de 2018, Amnesty affirme que le chef de la justice iranienne, Ebrahim Raisi, et l'ancien ministre de l'Intérieur et de la Justice, Mostafa Pour Mohammadi, ont participé à des «commissions de la mort» qui décidaient des exécutions.

La question est restée taboue en Iran. En 2016 pourtant, un enregistrement audio d'une réunion entre l'ayatollah Hossein Ali Montazeri, successeur désigné de Khomeiny à cette époque-là, avec des responsables d'une «commission de mort» a été diffusé.

Le politologue irano-américain, le Dr Majid Rafizadeh, a déclaré à Arab News que l'intervention de l'ONU est «un pas sérieux vers la justice».

Il a indiqué: «Pendant des décennies, le régime iranien a systématiquement tenté de dissimuler l'un de ses plus grands crimes. Au moment où le régime veut écraser les manifestations et mettre un terme à l’instabilité qui résulte de l’économie défaillante, le monde doit agir pour empêcher de futurs massacres.

«La structure de pouvoir du régime actuel, avec Ali Khamenei en tête de la pyramide, a pour fondation les massacres de 1988. Le monde entier doit savoir que les autorités aujourd’hui au pouvoir en Iran vivent pleinement leur véritable appartenance à un régime fondamentaliste, sans scrupules, aux objectifs néfastes. Ils ont juré une fidélité à toute épreuve envers ceux qui ont exécuté l'un des plus grands crimes politiques du XXe siècle.

«Cela devrait être un pousser toutes les nations à se ranger du côté du peuple iranien et de son opposition officielle, qui tente de renverser sans relâche les auteurs réels de crimes contre l'humanité».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".