PARIS: EDF va signer lundi un contrat de long terme de fourniture d'électricité avec la filiale française du groupe Trimet, l'un des principaux fabricants d'aluminium européens, un accord facilité par les liens capitalistiques entre les deux acteurs et que le gouvernement souhaite voir se généraliser.
Ce contrat, sur dix ans, qui succède à un premier du même type, sera signé dans l'aluminerie savoyarde de Trimet France à Saint-Jean-de- Maurienne, en présence du PDG d'EDF Luc Rémont et de la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher et son homologue de l'Industrie Roland Lescure.
Ce déplacement, couplé avec une visite de la ministre sur le barrage voisin de Grand'Maison, le plus puissant de France, "vise à illustrer une chose très simple, c'est que la compétitivité industrielle et la compétitivité de notre production électrique sont deux choses qui sont indissociablement liées", ont indiqué en amont les cabinets des deux ministres.
La signature de ce contrat a été grandement facilitée par les liens entre les deux entreprises, EDF étant actionnaire de l'usine à hauteur de 35%.
Mais EDF n'ayant "pas vocation à être le détenteur de toute l'industrie lourde en France", conclure des contrats de long terme avec d'autres industriels, qui donnent également une visibilité à l'énergéticien, "nécessitera évidemment la poursuite du travail sur la régulation et le cadre de marché" au niveau européen.
Réformer le marché de l'électricité
Le choix de ces sites est d'autant moins anodin que la Première ministre a tenu vendredi un Conseil national de l'industrie (CNI), lors duquel elle a réaffirmé la volonté du pays, de décarboner l'économie, tout en augmentant sa souveraineté industrielle.
Trimet a conclu en début d'année un accord avec le câblier français Nexans pour produire des câbles électriques en aluminium contenant une grande part de métal recyclé.
Autre enjeu: les négociations de la France à Bruxelles pour réformer le marché de l'électricité, actuellement adossé aux prix du gaz en Europe, lequel a provoqué une flambée des cours de l'énergie, malgré la prépondérance de sources décarbonées comme le nucléaire et l'hydraulique.
La France souhaite un nouveau texte qui permette "à tout consommateur, industriel comme résidentiel, partout en Europe, d'avoir accès à l'électricité à un prix" qui reflète l'ensemble des coûts des différents moyens de production. En clair, le gouvernement souhaite bénéficier de l'avantage concurrentiel du parc nucléaire français, le plus grand d'Europe.
Autre point que souhaitent souligner les ministres en visite dans la vallée alpine: l'attachement de la France à son parc hydraulique et "au fait qu'il reste, d'une manière ou d'une autre sous contrôle public", alors qu'un vieux contentieux perdure entre Paris et Bruxelles, au sujet du régime juridique des barrages de l'Hexagone.