HAUTMONT: Environ 200 personnes ont participé dimanche à un rassemblement à Hautmont (Nord) en soutien à l'ex-dirigeant d'une mosquée, considéré par la préfecture comme un "leader du salafisme" et expulsé mi-juin vers l'Algérie, a constaté une journaliste de l'AFP.
Dans la foule rassemblée devant la mairie d'Hautmont apparaissaient des pancartes demandant "justice pour M. Sayah", "dignité, respect pour Abderrahim Sayah" ou encore "rendez-nous notre papa".
Le rassemblement était organisé par Mohamed Dahmane, un ex-footballeur professionnel disant connaître M. Sayah depuis son enfance et qui l'a décrit comme "un être d'amour et de partage avant tout", engagé dans des activités bénévoles au service des habitants d'Hautmont. "On témoigne ici, toutes communautés confondues, que c'était quelqu'un de bien", a-t-il déclaré.
Président d'une mosquée fermée en 2018 pour apologie d'actes de terrorisme, mais pas imam, Abderrahim Sayah n'y a jamais prêché, a insisté M. Dahmane, assurant également qu'il avait soutenu ces dernières années toutes les victimes d'actes de terrorisme.
Arrivé à l'âge de 5 ans en France, où il a six enfants français, M. Sayah avait ouvert la mosquée "As-Sunnah".
Cette mosquée était "connue pour dispenser un islam salafiste", avec des prêches prônant "le djihad armé" et "la violence" envers les juifs et les chrétiens, soulignaient les services de l'Etat dans son arrêté d'expulsion.
Lors d'une audience en septembre devant la commission d'expulsion du tribunal de Lille, la préfecture avait pointé les liens de M. Sayah avec des personnes radicalisées - dont un djihadiste d'Hautmont présumé mort en Irak - des prêches prononcés en 2017 et 2018 en sa présence, dont l'un prônant de "détester les juifs", ou encore la poursuite d'un "prosélytisme actif".
M. Sayah a aussi été en lien avec un homme "accusé d'avoir fourni de faux papiers d'identité aux responsables des attentats" de Paris et s'est "rendu coupable de nombreux délits", les plus récents "spécialement dirigés contre les forces de sécurité et les institutions", est-il écrit.
Des menaces de mort contre son beau-père, policier à la retraite, étaient notamment citées. Présent dimanche, cet homme, Jacques Delsarte, a expliqué avoir signalé des menaces de son genre mais avoir ensuite demandé à mettre fin aux poursuites, le différend entre eux étant réglé.
Devant la commission, M. Sayah avait démenti toute relation avec les personnes radicalisées citées et s'était posé en "homme de paix".
"C'était le responsable des milieux salafistes de Sambre-Avesnois. Cette mosquée a rayonné sur 20 à 30 km autour d'Hautmont. Elle avait des ramifications avec la Belgique et la région lilloise", a estimé à l'inverse le maire UDI d'Hautmont, Stéphane Wilmotte, interrogé par l'AFP.