CONCARNEAU: Passé tout près de la victoire lors du dernier Vendée Globe en 2021, Charlie Dalin repart à partir de samedi à la conquête de l'"Everest des Mers" à bord d'un Imoca flambant neuf, conçu à l'image du navigateur normand, "sans compromis sur la performance".
Dans le cockpit exigu de son nouveau monocoque Macif, mis à l'eau ce samedi à Concarneau (Finistère), le marin de 39 ans à la large carrure paraît presque à l'étroit. "Il y quand même 1 mètre 80 de plafond, c'est toujours quelques centimètres de plus qu'Apivia (son précédent voilier, NDLR)", sourit-il la tête légèrement courbée.
L'habitacle est entièrement fermé, mais deux trappes situées de chaque côté permettent d'accéder au pont. Depuis la colonne centrale où il réglera ses voiles, l'ordinateur de bord, la barre du navire et les différents winchs, tout ou presque est atteignable en tendant les bras.
"L'idée, c'est de diminuer les déplacements au maximum. J'ai fait toutes les manoeuvres des dizaines de fois sur une maquette à taille réelle pour m'assurer que cela serait le cas", explique le vainqueur de la Transat Jacques Vabre 2019.
60 000 heures de travail
La hauteur des marches pour passer les trappes, l'emplacement des poignées au plafond: chaque détail a été minutieusement étudié pour correspondre à la corpulence de Dalin, à sa façon de naviguer, afin d'optimiser la performance sur les mers déchaînées.
Le voilier bleu et blanc a nécessité 60 000 heures de travail et mobilisé 50 personnes depuis l'automne 2021. Imaginé par l'architecte naval Guillaume Verdier, à l'origine d'Apivia, Macif doit "gommer les quelques défauts" de son prédécesseur, avec lequel Dalin a quasiment tout gagné depuis son retour du Vendée en 2021.
"On a voulu progresser au portant (quand le vent vient de l'arrière du navire, NDLR) et faire en sorte qu'il supporte mieux les vagues", détaille-t-il. "Mais il fallait aussi conserver ce qui marchait bien, ne pas perdre l'expérience accumulée."
La décision de se séparer d'Apivia "n'a pas été prise à la légère" dans l'équipe du marin. Elle témoigne de sa détermination à rester en avant d'une flotte d'Imoca à foils renouvelée avant le prochain départ du Vendée Globe en novembre 2024 aux Sables-d'Olonne : 15 bateaux neufs seront sur la ligne.
Lors de l'Ocean Race, course autour du monde en équipage avec escales, le Normand a navigué sur 11th Hour et remporté une étape, face à ses futurs adversaires Biotherm et Holcim-PRB. Et plusieurs records de distance parcourue en 24 heures ont été battus.
«Si près»
"C'est passionnant de voir l'évolution de ces nouveaux Imoca sur le plan de la performance. Cela va toujours plus vite", déclare-t-il, enthousiaste. "Je sais que la concurrence sera féroce et je suis impatient de voir comment notre nouveau bateau se positionne parmi les meilleurs."
Le voilier Macif représente un nouveau chapitre dans la carrière de Dalin, l'opportunité d'effacer la "frustration" générée par sa belle 2e place au Vendée Globe 2020/21.
Premier à avoir coupé la ligne d'arrivée le 27 janvier 2021, en 80 jours et 6 heures, il a officiellement terminé 2e après prise en compte de la bonification de 10h15 accordée au vainqueur final, Yannick Bestaven, à la suite du sauvetage du naufragé Kevin Escoffier.
"Même si ça reste une belle aventure, il y a une petite frustration d'avoir été le premier aux Sables, d'être passé si près et de ne pas avoir mon nom au palmarès des vainqueurs", avoue Dalin. "C'est aussi pour ça que j'y retourne."
D'ici novembre 2024, l'agenda s'annonce chargé pour le projet Macif et son skipper. Dalin a prévu de s'aligner sur la plupart des courses Imoca pour "faire au moins un Vendée Globe en distance, avant le Vendée Globe" et va embarquer l'expérimenté marin basque Pascal Bidégorry pour la prestigieuse Transat Jacques Vabre en duo en octobre.
Avant de se lancer à l'assaut d'un nouvel "Everest des Mers" qu'il espère bien cette fois remporter.