WASHINGTON: Le Premier ministre indien Narendra Modi a vanté jeudi à Washington la "nouvelle énergie" du partenariat avec les Etats-Unis tout en rejetant, dans un rare échange avec la presse, les critiques sur son bilan en matière de droits et libertés.
Dans un long communiqué, qui déroule en 58 points des projets militaires, technologiques et économiques, Joe Biden et son invité assurent avoir établi "la vision la plus complète à ce jour pour le progrès de la relation bilatérale", et écrivent que leurs "ambitions vont atteindre de nouveaux sommets" à l'avenir.
Le président américain, soucieux de resserrer le lien avec l'Inde pour tenir tête à la Chine, a loué lors d'une conférence de presse une relation bilatérale "plus forte, plus étroite et plus dynamique que jamais".
Chose très rare, si ce n'est inédite, pour un dirigeant qui évite les interactions de ce genre, le dirigeant nationaliste hindou a répondu lors de cet événement à une journaliste américaine.
Cette dernière l'a interrogé sur les accusations de répression des musulmans et de dérive autoritaire émises par de nombreuses associations ainsi que par l'ONU.
«Discrimination»
"Dans les valeurs démocratiques de l'Inde, il n'y a absolument aucune discrimination", y compris sur la base de la religion, a-t-il dit.
Le sujet a suivi Narendra Modi lors de son allocution au Congrès américain.
"Nous accueillons toutes les religions du monde et nous les honorons toutes", a-t-il encore assuré dans l'hémicycle de la Chambre des représentants. Des parlementaires démocrates, pourtant alliés du président, ont boycotté sa venue, accusant le gouvernement Modi de "prendre les musulmans et d'autres minorités religieuses pour cible".
Narendra Modi avait, avant de devenir Premier ministre il y a 9 ans, été indésirable pendant des années aux Etats-Unis à cause de "graves violations de la liberté religieuse".
Il lui était reproché de n'avoir rien fait, en tant que dirigeant de l'Etat du Gujarat, pour contenir des violences meurtrières contre les musulmans.
Cette fois, plus de problème de visa, mais le tapis rouge et tous les fastes de la Maison Blanche pour le Premier ministre indien, au nom des intérêts stratégiques communs face au géant chinois.
L'Inde est engagée dans un conflit frontalier avec la Chine, tandis que Joe Biden cherche à renforcer sa position dans la rivalité tous azimuts entre Washington et Pékin.
Le président américain a toutefois assuré qu'il espérait toujours rencontrer "prochainement" son homologue chinois Xi Jinping, qu'il a récemment rangé dans la catégorie des "dictateurs", au grand dam de Pékin.
Après une réception avec les honneurs militaires pour son arrivée, Narendra Modi aura droit en soirée jeudi à un élégant dîner de gala.
Le menu, en son honneur, sera végétarien et inspiré de la cuisine indienne.
Les Etats-Unis et l'Inde mettent fin à plusieurs litiges commerciaux
Cette résolution intervient à l'occasion de la visite d'Etat à Washington du Premier ministre indien Narendra Modi et concerne notamment l'acier et l'aluminium indiens, des produits agricoles américains et des composants nécessaires à la production des énergies renouvelables.
"L'accord de ce jour est le point culminant de l'intensification de nos relations bilatérales ces deux derniers années qui visent à renforcer nos liens économiques et commerciaux", s'est félicitée la représentante de la Maison blanche en charge du commerce, Katherine Tai, citée dans le communiqué.
Les litiges concernés avaient été initiés à part égale par les Etats-Unis et l'Inde.
Parmi les conséquences, l'Inde a accepté de lever les tarifs douaniers pris en représailles contre un certain nombre de produits américains, une trentaine étant concernés parmi lesquels des produits agricoles tels que les pommes et différents fruits à coque.
«Pionnière»
L'annonce la plus forte jeudi est la fabrication future en Inde de moteurs F-414 pour avions de chasse par le conglomérat General Electric.
Il s'agit d'un partenariat "fondateur", a estimé Narendra Modi, synonyme d'importants transferts de technologie américaine.
L'Inde va par ailleurs acquérir des drones de combat américains.
Joe Biden ne peut que se réjouir de voir l'Inde diversifier ses équipements de défense, elle qui est historiquement dépendante de la Russie en la matière, et qui a adopté une position réservée face à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine.
Le fils de Joe Biden, aux prises avec la justice, invité du dîner d'Etat pour le Premier ministre indien
Le président américain a toujours pris la défense publiquement de ce fils au passé tourmenté, cible récurrente de ses adversaires politiques.
Hunter Biden sera accompagné de son épouse Melissa Cohen, selon cette liste sur laquelle figurent aussi sa soeur Ashley, fille de Joe Biden et de son épouse Jill Biden, ainsi qu'une petite-fille du président américain, Naomi.
Le patron d'Alphabet (Google), Sundar Pichai, celui de Microsoft, Satya Nadella, et celui d'Apple, Tim Cook, participeront aussi à ce dîner en l'honneur du Premier ministre indien Narendra Modi.
Hunter Biden est le seul enfant survivant du premier mariage du président américain, qui s'est terminé de manière tragique en 1972 par la mort dans un accident de voiture de l'épouse de Joe Biden et de leur fille encore bébé.
Hunter Biden en avait réchappé, tout comme son frère Beau, mais ce dernier est décédé en 2015 des suites d'un cancer du cerveau.
Le fils cadet du président américain doit comparaître le 26 juillet devant un tribunal.
Narendra Modi a toutefois appelé jeudi, dans son communiqué commun avec le président américain, à respecter "l'intégrité territoriale et la souveraineté" de l'Ukraine.
La visite a aussi permis d'approfondir la relation économique et technologique, et ce alors que les Etats-Unis sont devenus le premier partenaire commercial de l'Inde.
Il s'agit pour les deux pays de renforcer leurs industries nationales et de diversifier les chaînes d'approvisionnement, dont la pandémie de Covid-19 a montré à quel point elles pouvaient être fragiles.
Par ailleurs, les deux pays entendent lancer une mission commune l'an prochain vers la station spatiale internationale, tandis que l'Inde rejoint les "accords Artemis", un cadre multilatéral fixé à l'initiative des Etats-Unis pour éviter les conflits dans la conquête et l'exploration spatiale.
Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à courtiser l'Inde. Narendra Modi sera le 14 juillet l'invité d'honneur du défilé militaire de la fête nationale française, à Paris.