PARIS: Des opposants iraniens en France ont dénoncé mardi l'interdiction faite par les autorités de manifester le 1er juillet à Paris, sur la base de risques de troubles à l'ordre public et affirment que Paris cède à la pression de Téhéran.
"Interdire la manifestation des Iraniens est un marchandage honteux contre la démocratie, la liberté d'expression et la liberté de réunion, et revient à céder au chantage et à la prise d'otages exercés par le fascisme religieux au pouvoir en Iran", affirme dans un communiqué le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), vitrine politique de l'Organisation des moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI ou MEK).
Le CNRI, une des principales organisations d'opposition hors d'Iran, comptait appeler à une manifestation le 1er juillet à Paris, espérant rassembler des dizaines millers de personnes de toute l'Europe et mobiliser contre la répression des manifestations en Iran consécutives à la mort en septembre dernier de Masha Amini, arrêtée pour non-respect du code vestimentaire très strict imposé aux femmes en Iran.
Le Conseil annonce qu'il "utilisera tous les moyens légaux et politiques contre cette interdiction illégale et portera plainte".
"La pression du régime clérical sur la France pour qu'elle applique cette interdiction montre que la dictature religieuse craint l'accueil populaire dont bénéficient les Moudjahidines du peuple d'Iran et leur rôle clé dans le soulèvement", ajoute ce groupe d'opposition iranien basé en Albanie et considéré par Téhéran comme "terroriste". Sa responsable, Maryam Rajavi, est basée en France.
"Elle trahit aussi la crainte des mollahs de voir à plusieurs milliers de kilomètres de l'Iran une manifestation de l'alternative démocratique", ajoutent ces opposants.
Pour sa part, la préfecture a justifié sa décision de ne pas autoriser cette manifestation car "elle est susceptible de générer des troubles à l'ordre public en raison du contexte géopolitique."
"Par ailleurs, le risque terroriste n'étant pas à négliger, la tenue d'une telle manifestation rendrait sa sécurisation, mais aussi la sécurité des invités sensibles, extrêmement complexes", ajoute la préfecture.
En 2018, les autorités françaises avaient déjoué in extremis un attentat à l'explosif contre un rassemblement de plusieurs milliers de personens du CNRI à Villepinte près de Paris.
Plusieurs personnes avaient été arrêtées, dont un diplomate iranien en poste à l'ambassade à Vienne, Assadollah Assadi, considéré comme le coordinateur du projet. Condamné par la justice belge, il a récemment été libéré et rendu à l'Iran le mois dernier dans le cadre d'un échange de prisonniers avec les autorités de Téhéran.