Le jihadisme en Espagne, une menace discrète mais bien réelle

Hommage aux victimes des attentat jihadistes d'août 2017 en Catalogne, trois ans plus tard à Barcelone (Photo, Josep LAGO/AFP).
Hommage aux victimes des attentat jihadistes d'août 2017 en Catalogne, trois ans plus tard à Barcelone (Photo, Josep LAGO/AFP).
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Publié le Mercredi 09 décembre 2020

Le jihadisme en Espagne, une menace discrète mais bien réelle

  • Le sujet est de nouveau dans l'actualité depuis l'ouverture, le mois dernier, du procès des attentats jihadistes d'août 2017 en Catalogne
  • Depuis 2015, l'Espagne est au niveau 4 de l'alerte antiterroriste, sur une échelle maximale de 5, ce qui traduit un risque élevé d'attentat

MADRID: Si les derniers attentats jihadistes en Europe ont frappé la France et l'Autriche, l'Espagne, comme le reste du continuent, reste dans le viseur de l'islamisme radical et la menace est « sévère », avertissent les autorités et les experts.

Le sujet est de nouveau dans l'actualité depuis l'ouverture, le mois dernier, du procès des attentats jihadistes d'août 2017 en Catalogne, qui avaient fait 16 morts à Barcelone et dans la ville voisine de Cambrils. Il est prévu que ce procès se termine le 16 décembre.

En outre, ces dernières semaines ont aussi vu plusieurs arrestations, la plus récente celle d'un imam marocain qui, selon la police, avait apporté en 2018 « un soutien logistique » à un combattant du groupe Etat islamique en Syrie afin qu'il vienne s'installer en Espagne.

Depuis 2015, l'Espagne est au niveau 4 de l'alerte antiterroriste, sur une échelle maximale de 5, ce qui traduit un risque élevé d'attentat.

Le jihadisme constitue « la principale menace terroriste pour notre pays et la communauté internationale dans son ensemble », a estimé le secrétaire d'Etat espagnol à la Sécurité, Rafael Pérez Ruiz, lors d'un récent colloque organisé par le think tank madrilène « Real Instituto Elcano ».

Pour faire face à cette menace, poursuivait-il, il faut agir sur deux fronts : en Espagne, mais aussi au Sahel, tout particulièrement au Mali, devenu le « centre de la menace terroriste », où Madrid mène une politique de formation des militaires, d'appui diplomatique et de participation au développement économique.

Une propagande permanente

Même si l'impression dans le public est que le danger a baissé d'intensité, notamment en raison de la disparition du « Califat » du groupe Etat islamique en Irak et en Syrie, « la menace est à un niveau sévère », affirme Manuel R. Torres, professeur de Sciences politiques à l'Université Pablo de Olavide à Séville.

La situation, poursuit cet expert, nécessite « une importante activité antiterroriste » en Espagne, où plus de 30 personnes ont été arrêtées en 2020 pour ce genre de délit, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur.

Parmi elles, deux individus qui transféraient de l'argent au groupe Etat islamique en Syrie, ainsi qu'une jeune Espagnole, qui s'était soudainement radicalisée et avait envoyé près de 5 000 euros à ce même groupe. Elle projetait de se rendre en Syrie pour se marier avec un combattant qu'elle avait rencontrée sur les réseaux sociaux quand elle a été arrêtée.

« Les motifs (du passage à l'action violente) sont les mêmes qu'il y a cinq ou dix ans », à savoir une « consommation permanente de propagande » et les relations personnelles au sein de la mouvance jihadiste, souligne Torres.

Ces mêmes relations personnelles sont au cœur du procès des attentats en Catalogne, puisque la cellule, composée de jeunes Marocains vivant en Espagne, comprenait quatre paires de frères radicalisés par un imam.

Le procès n'a, pour l'instant, pas permis de répondre à toutes les questions, car les trois accusés -- soupçonnés d'avoir aidé les auteurs des attentats, qui sont tous morts -- sont peu diserts.

Entre leurs rares déclarations et la ligne choisie par le juge, qui a décidé de laisser de côté les questions sur le processus de radicalisation, « ce procès suscite beaucoup de frustrations », estime la journaliste Anna Teixidor, auteure d'une vaste enquête sur les attentats intitulée « Les silences du 17-A » (pour 17 août).

Comment déradicaliser ?

Depuis les attentats d'Al-Qaïda du 11 mars 2004 à Madrid, qui, avec 191 morts, restent la tuerie jihadiste la plus meurtrière d'Europe, quelque 870 personnes ont été arrêtées en Espagne, selon des chiffres officiels.

« Le nombre élevé d'individus radicalisés, d'agitateurs, de recruteurs et de personnes remises en liberté » après avoir purgé leur peine « rend impossible leur suivi de manière efficace » et nécessite une meilleure évaluation des risques, résume Román Echaniz, de l'Observatoire international des Etudes sur le Terrorisme.

Depuis 2004, l'Espagne applique un programme de suivi des jihadistes emprisonnés, qui sont actuellement 119, y compris des prévenus en détention provisoire. 

Le programme s'assure que des condamnés de droit commun ne font pas du prosélytisme ou que des personnes vulnérables ne font pas l'objet d'activités de recrutements. En 2018, un réseau d'embrigadement comprenant 25 détenus avait ainsi été démantelé.

Depuis 2016, il existe également des programmes de déradicalisation volontaire dans les prisons. 

Mais leur efficacité est limitée, car « il est très difficile qu'ils reconnaissent le crime » pour lequel ils ont été punis, puisqu'ils l'ont perpétré en raison de leur foi, a confié une source de l'Administration pénitentiaire.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.