ATHENES : Un candidat de droite aux prochaines législatives, a été exclu vendredi soir de son parti, la Nouvelle-Démocratie (ND de l'ex-Premier ministre Kyriakos Mitsotakis) en raison de ses propos jugés racistes après le naufrage tragique de migrants au large de Pylos (Sud).
Samedi, les recherches des garde-côtes grecs se poursuivaient pour retrouver d'éventuels survivants du naufrage d'un bateau transportant des migrants qui a fait au moins 78 morts dans la nuit de mardi à mercredi. Mais les espoirs s'amenuisent "de minute en minute", selon les autorités.
Cent-quatre personnes ont été repêchées saines et sauves jusqu'ici par les garde-côtes, mis en cause toutefois pour le retard pris dans l'opération de sauvetage du bateau, à bord duquel se trouvaient "des centaines" de migrants selon des témoignages des rescapés.
Tout en déplorant la perte "tragique" de migrants dans les eaux de la Méditerranée, dont "des enfants", le candidat à la députation sous l'étiquette ND Spilios Kriketos avait affirmé jeudi que la Grèce "ne peut pas tolérer plus de migrants", accusant la plupart d'entre eux de voler, lors d'un entretien sur la chaîne YouTube Kontra.
Ces propos ont soulevé un tollé. Le principal parti d'opposition de gauche, Syriza, les a qualifiés "de récital raciste" et a demandé à la ND d'exclure Spilios Kriketos.
Vendredi soir, la ND a annoncé l'exclusion du député, assurant dans un communiqué que "des opinions telles que celles exprimées par Spilios Kriketos n'ont pas leur place dans notre parti".
"Les déclarations de haine et de racisme ne font pas partie des valeurs du parti", ajoute le communiqué.
L'ancien gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis, au pouvoir durant quatre ans (2019-2023) et dont le parti est en tête des sondages pour les élections du 25 mai, a suivi une politique stricte en matière migratoire et mis l'accent sur "la sécurité" et le verrouillage des frontières.
Des médias et ONG ont à plusieurs reprises accusé la Grèce de procéder à des refoulements "illégaux" de migrants en mer Egée, des critiques rejetés toutefois par l'ancien gouvernement.
"La Nouvelle-Démocratie a mis en œuvre une politique d'immigration stricte mais juste, en gardant les frontières mais en protégeant la vie humaine et en sauvant des milliers de personnes qui étaient en danger en mer", souligne la ND.
L'identification des victimes
De nombreux proches de migrants qui se trouvaient à bord du bateau naufragé, se sont rendus ces derniers jours en Grèce en quête de nouvelles des victimes.
Une cellule pour "l'identification des victimes des désastres" (DVI) a été mis en place au ministère grec des Migrations dans la banlieue sud d'Athènes pour "recevoir les proches des victimes et procéder à des examens de ADN", a indiqué vendredi un communiqué ministériel.
La cellule sera ouverte tous les jours, avec des interprètes en anglais, arabe, pachto et ourdou, selon la même source.
Des membres des familles de victimes et des militants locaux ont indiqué à l'AFP que plus de 120 Syriens se trouvaient à bord du bateau naufragé et qu'un grand nombre d'entre eux sont portés disparus.
Selon un décompte mercredi des autorités grecques, parmi les rescapés figurent 47 Syriens, 43 Egyptiens, 12 Pakistanais et deux Palestiniens.