PARIS: "Dans un contexte géostratégique qui se dégrade", le Sénat dominé par la droite veut accélérer le rythme des dépenses pour le budget des Armées, tout en restant dans l'enveloppe globale chiffrée par le gouvernement à 413 milliards d'euros sur sept ans.
"Le rythme des dépenses ne correspondait pas à la nécessité de remuscler nos forces armées" sans "perdre de temps", a déclaré jeudi à la presse le président de la commission des Affaires étrangères et de la défense Christian Cambon (LR).
Les sénateurs ont adopté mercredi en commission la loi de programmation militaire (LPM) avec 171 amendements pour "enrichir très substantiellement le texte et en corriger les défauts".
M. Cambon a salué "l'effort conséquent" fait par la France, avec une LPM en hausse de 40% par rapport à la précédente, mais a relevé "des zones de flou".
La modification majeure apportée en commission est le lissage selon une progression plus régulière de la trajectoire budgétaire jusqu'en 2030, qui répond à une demande exprimée également par les députés LR.
Les sénateurs ont prévu une hausse budgétaire de 3,5 mds d'euros en 2024 (contre 3,1 prévus), puis 3,6 milliards tous les ans (au lieu de 3 milliards jusqu'en 2027 et 4,3 à partir de 2028, soit après la fin du quinquennat).
L'accélération doit permettre notamment de revenir sur des décalages de livraison de matériel, des blindés notamment. "Tout ce qui est dépensé rapidement ne sera pas rongé par l'inflation", a souligné M. Cambon. Sur l'enveloppe globale, 30 milliards doivent servir à couvrir l'inflation.
"Nos dépenses militaires doivent rester soutenables pour nos finances publiques", avait insisté le ministre de la Défense Sébastien Lecornu devant les députés.
Christian Cambon anticipe des discussions "âpres" avec le gouvernement sur ce point.
Les sénateurs se sont par ailleurs attachés à "conforter" l'industrie de défense. Ils proposent la mise en place au 1er janvier 2024 d'un "livret d'épargne souveraineté", exonéré d'impôt et de prélèvements sociaux, destiné au financement des entreprises de la défense.
Ils ont renforcé le rôle du Parlement dans le contrôle des actualisations de la LPM ou encore des livraisons d'équipements.
"Le vote de l'Assemblée nationale nous oblige. Il montre une véritable prise de conscience de la nécessité de relever la garde", a affirmé le président de la commission.
L'exécutif espère une adoption définitive avant le 14 juillet.