PARIS: Une perquisition est en cours depuis mardi matin au domicile de Mohamed Sifaoui, co-responsable de la principale association bénéficiaire du fonds Marianne de lutte contre le "séparatisme", a annoncé la commission d'enquête du Sénat, qui devait l'auditionner.
"Il s'avère, que depuis 6 heures du matin, une perquisition est en cours à son domicile", l'empêchant de pouvoir honorer ce rendez-vous, a déclaré Claude Raynal, président de cette commission d'enquête, à l’ouverture de l'audition, en lisant un message de l'avocat de M. Sifaoui.
M. Sifaoui était le directeur des opérations de l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), la bénéficiaire principale du Fonds Marianne (dotation de 355 000 EUR), dont la gestion, controversée, est dans le viseur de la commission d'enquête du Sénat, mais fait aussi l'objet d'une information judiciaire ouverte au Parquet national financier (PNF) pour des soupçons de détournement de fonds publics.
Le Fonds Marianne, doté à son lancement de 2,5 millions d'euros, a été mis en place en avril 2021, après l'assassinat de Samuel Paty, et visait à financer des associations défendant "les valeurs de la République" en apportant, sur les réseaux sociaux, des "contre-discours" à l'islam radical.
Un rapport publié par l'inspection générale de l'administration (IGA) il y a une semaine a dénoncé de nombreux "manquements" de l'association, à la fois dans le processus de candidature, puis dans l'utilisation des fonds. L'IGA a relevé de graves "irrégularités", comme par exemple "des doublements de salaires pour les deux porteurs du projet USEPPM - avec in fine un résultat bien décevant en terme de contenus : 451 communications sur différents comptes, 8 articles sur un site internet.
Après le rapport de l'IGA, Christian Gravel, la patron du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), la structure responsable de la gestion de ce fonds au ministère de l'Intérieur, a démissionné.