PARIS: L'ancien ministre Brice Hortefeux est arrivé mardi au tribunal de Paris pour y être une nouvelle fois entendu dans l'enquête sur un possible financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, ont constaté des journalistes.
Après Nicolas Sarkozy et Claude Guéant, Hortefeux a été à son tour reconvoqué par les juges d'instruction qui pourraient, à l'issue de l'interrogatoire, le mettre lui aussi en examen pour « association de malfaiteurs ».
Aujourd'hui député européen, Hortefeux avait été placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté le 1er août 2019, après un interrogatoire au cours duquel il avait fait de longues déclarations liminaires.
Il avait ensuite refusé de répondre aux questions des magistrats dans l'attente de la décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris qu'il avait saisie, comme d'autres avocats de la défense, pour contester la validité de l'enquête. Sa requête a finalement été jugée irrecevable car il n'était pas mis en examen.
Cette nouvelle convocation des juges d'instruction Aude Buresi et Marc Sommerer intervient après l'interrogatoire fleuve de Nicolas Sarkozy début octobre puis celui de Claude Guéant le 2 décembre, conclus par une nouvelle mise en examen pour « association de malfaiteurs » pour les deux hommes.
Cette nouvelle qualification, lourde de sens dans son intitulé, est plus facile à poursuivre jusqu'à un éventuel procès pour les juges, puisqu'elle n'exige d'eux que la démonstration d' « actes préparatoires » au « pacte de corruption » qu'ils tentent de démontrer depuis 2013.
Sarkozy, déjà poursuivi notamment pour « corruption », a ainsi été mis en examen de ce chef pour « avoir laissé » en conscience ses lieutenants Claude Guéant et Brice Hortefeux s'impliquer dans le pacte corruptif soupçonné avec le régime de Mouammar Kadhafi à partir de 2005.
Hortefeux a été accusé par le beau-frère de Mouammar Kadhafi, Abdallah Senoussi, ainsi que par l'homme d'affaires Ziad Takieddine, dont il a longtemps été un proche, de s'être rendu en Libye à au moins deux reprises. Selon ces deux hommes, il y aurait organisé les modalités du soutien accordé par le régime libyen à Nicolas Sarkozy en vue de son élection à la présidence, ce qu'il conteste.
L'ancien ministre affirme s'être rendu une seule fois en Libye en décembre 2005, dans le cadre de ses fonctions, et admet avoir rencontré Senoussi, mais selon lui à l'initiative de Takieddine et sans qu'il soit question d'un quelconque financement.