NOUMÉA: Blocages et barrages routiers se sont poursuivis mardi en Nouvelle-Calédonie où indépendantistes et autorités coutumières kanak s'opposent à la cession de l'usine de nickel de Vale à un consortium local et international.
Les barrages routiers avec branchages, pneus et voitures en feu ont notamment concerné les communes du Mont-Dore et de Païta, dans la banlieue de Nouméa, ainsi que le village de Bourail.
Tenus par des manifestants pour la plupart encagoulés, ils étaient alternativement filtrants ou bloquants, à l'exception de la route à hauteur de la tribu de Saint-Louis au Mont-Dore, infranchissable.
Les accès à l'usine de Vale dans le sud et plusieurs sites miniers de la Société Le Nickel étaient également bloqués. Le gouvernement local a annoncé le déclenchement du Plan particulier d'intervention (PPI) à Vale, installation classée à Haut risque industriel, compte tenu de ces perturbations.
Ces actions sont menées par le collectif « usine du sud : usine pays », et par l'Instance coutumière autochtone de négociations (ICAN) avec le soutien des indépendantistes du FLNKS.
Ils s'opposent à la reprise de l'usine métallurgique de nickel et de cobalt du groupe brésilien Vale par un consortium calédonien et international, mené par le trader en matières premières basé en Suisse, Trafigura.
Ils défendaient une offre concurrente, non retenue par Vale, portée par la Société financière de la province nord (Sofinor) et reposant sur un partenariat entre des intérêts publics calédoniens (56%) et Korea Zinc. Mais lundi soir, le groupe coréen a annoncé qu'il se retirait.
« La Nouvelle-Calédonie perd un industriel de dimension internationale, spécialisé dans l'hydrométallurgie. C'est dommage », a déploré Ulrich Reber, chargé de mission à la Sofinor, qui a toutefois annoncé travailler « sur un plan B avec un autre industriel ».
Dans un communiqué, le collectif a mis en cause « des pressions exercées par le ministère des affaires étrangères français auprès (...) de son homologue coréen », pour que Korea Zinc se retire de ce sensible dossier calédonien.
« On s'en doutait mais ça ne change rien. Trafigura ne mettra jamais les pieds ici et notre mobilisation se poursuit », a déclaré Raphaël Mapou, figure de proue du collectif, lors d'un « sit-in pacifique » devant le commissariat de police de Nouméa où 47 militants étaient en garde à vue après des violences urbaines lundi.
De son côté, le FLNKS a indiqué qu'il « boycottait désormais toutes les réunions avec l'Etat », et notamment la rencontre prévue jeudi en visioconférence avec le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, sur le nickel dans le cadre des discussions sur l'avenir politique de l'archipel.