Vague d'arrestations en Egypte en plein «dialogue national»

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi (photo, AFP).
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi (photo, AFP).
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Publié le Samedi 10 juin 2023

Vague d'arrestations en Egypte en plein «dialogue national»

  • Ces dernières semaines, le rythme s'est encore accéléré
  • Les prisons sont le nouveau grand chantier du Caire

LE CAIRE: Des fans de foot et des partisans d'un candidat à la présidentielle incarcérés, des militants des droits humains sur liste "terroriste"... L'Egypte poursuit son implacable répression, accusent les ONG, un mois après le début d'un "dialogue national".

Le 3 mai, le matin même de l'ouverture de ce grand raout censé aborder tous les sujets qui fâchent dans le plus peuplé des pays arabes, un journaliste est arrêté, tandis que le monde célèbre la journée de la liberté de la presse.

Hassan Qabbani est finalement relâché et Diaa Rashwan, le coordinateur du dialogue national, assure qu'il s'agissait d'un "problème d'homonymie".

Au même moment, 16 proches et partisans d'Ahmed al-Tantawi, l'unique candidat (pour l'instant) à la présidentielle du printemps 2024, sont arrêtés.

Peu de temps après, la rapporteure de l'ONU pour les défenseurs des droits humains, Mary Lawlor, s'inquiète de la "disparition forcée", pendant 23 jours, du militant Moaaz al-Charqawy, réapparu ensuite devant le parquet de la Sûreté d'Etat, une juridiction d'exception, d'après l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR).

Pour Amr Magdi, de l'ONG Human Rights Watch (HRW), le dialogue national n'apporte "absolument aucun changement".

Le pouvoir, dit-il à l'AFP, "manoeuvre pour faire comme s'il ouvrait un nouveau chapitre mais, en réalité, il essaye uniquement d'améliorer son image."

«Terrorisme»

La preuve, pour les militants des droits humains? Le Caire a réactivé mi-2022 en grandes pompes son comité des grâces présidentielles.

Côté face, il a fait libérer près d'un millier de prisonniers, répètent à l'envi les responsables. Mais, côté pile, dénoncent les ONG, presque "trois fois plus (de personnes) ont été arrêtées dans le même temps".

Ces dernières semaines, le rythme s'est encore accéléré.

Le 22 avril, une vingtaine d'Ultras Ahlawy avaient été arrêtés lors d'un match au stade du Caire. Aussitôt une campagne appelant à boycotter le stade et à brûler sa carte de supporteur est née.

Dans la foulée, au moins 39 fans --dont des mineurs-- ont été "raflés chez eux", selon le Front égyptien pour les droits humains (EFHR) qui indique que la justice d'exception les maintient en détention provisoire pour "terrorisme" et rassemblement "en vue de détruire le stade du Caire".

Les Ultras, centraux dans la "révolution" de 2011 qui a renversé Hosni Moubarak, sont de longue date dans le viseur du régime d'Abdel Fattah al-Sissi. Ils ont été interdits en 2018 et des dizaines d'entre eux jetés en prison.

M. Tantawi, le candidat à la présidentielle connu pour avoir lancé en 2019 au Parlement un retentissant "Je n'aime pas le président", s'inquiète, lui, du sort d'une vingtaine de ses partisans.

Seize doivent répondre d'"appartenance" ou "financement d'un groupe terroriste", de possession d'"armes" et d'"outils de propagande". Et "neuf autres ont été enlevés en route vers (son) bureau au Caire", rapporte-t-il.

Pour M. Magdi, de HRW, il n'y aura "pas d'élections libres" en 2024. En 2018, M. Sissi l'avait emporté haut la main face à un unique concurrent qui lui proclamait son soutien.

"Des gens sont arrêtés pour un post sur Facebook, donc personne ne se sent en sécurité pour mener une quelconque activité politique", dit-il.

Nouvelles prisons modèles 

M. Rashwan, lui, estime qu'"il faut distinguer les cas isolés des phénomènes plus larges" comme le dialogue national ou le comité des grâces présidentielles.

Comme les autorités refusent de donner le nombre de détenus, les ONG tentent de s'appuyer sur d'autres chiffres.

L'EFHR rapporte ainsi que les juges anti-terroristes de la nouvelle prison de Badr (à l'est du Caire) ont étudié, en 2022, 25.034 demandes de prolongation de détention provisoire.

Dans 98,6% des cas, ils ont prolongé de 45 jours la détention "principalement pour des détenus inquiétés pour leur activité politique", assure l'EFHR.

Les prisons sont le nouveau grand chantier du Caire. Fin mars, un cinquième "centre de réhabilitation" était inauguré en grandes pompes.

Ces nouveaux complexes dans le désert --avec bibliothèques, ateliers de couture et usines agro-alimentaires comme l'a constaté l'AFP lors d'une visite organisée par les autorités-- sont censés remplacer les dizaines de prisons vétustes du pays.

Mais, depuis janvier, les défenseurs des droits humains ont recensé la mort de 14 détenus, dont au moins cinq dans ces nouveaux établissements.

La répression touche aussi les ONG.

Le 14 avril, elles ont appris en lisant le journal officiel que, parmi les 81 Egyptiens tout juste ajoutés à la liste des "terroristes", figuraient plusieurs de leurs membres.

Pendant cinq ans, ces derniers ne pourront ni voyager ni accéder à leurs comptes bancaires.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.