RABAT: Le président du parlement israélien a estimé jeudi que son pays "devrait aller vers une reconnaissance" de la souveraineté du Maroc sur le territoire disputé du Sahara occidental, lors de sa première visite officielle au royaume.
"Je l'ai déjà dit et je le redis très clairement en tant que président de la Knesset, Israël devrait aller vers une reconnaissance du Sahara marocain, tout comme l'a fait notre plus proche allié les Etats-Unis en signant les accords d'Abraham. J'ai soutenu et poussé vers cet objectif", a déclaré Amir Ohana durant une conférence de presse à Rabat.
"Il y a actuellement des discussions sérieuses entre nos gouvernements sur cette question, et je crois que le Premier ministre (Benjamin) Netanyahu annoncera sa décision dans un avenir proche", a précisé le responsable israélien en marge d'une rencontre avec son homologue marocain Rachid Talbi Alami.
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est considéré comme un "territoire non autonome" par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif. Depuis près de 50 ans, un conflit y oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger.
Rabat, qui contrôle près de 80% de ce vaste territoire, prône un plan d'autonomie sous sa souveraineté. Le Polisario réclame le référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU, qui avait été prévu lors de la signature en 1991 d'un cessez-le feu, mais jamais concrétisé.
Le Maroc et Israël ont normalisé leurs relations diplomatiques en décembre 2020 dans le cadre des accords d'Abraham, un processus entre Israël et plusieurs pays arabes, soutenu par Washington.
En contrepartie, Rabat a obtenu de Washington la reconnaissance de la "souveraineté marocaine" sur le Sahara occidental.
Le royaume s'efforce d'obtenir également de son allié israélien la reconnaissance de la "marocanité" de cette ancienne colonie espagnole.
Depuis leur rapprochement, la coopération israélo-marocaine --sécuritaire, commerciale et touristique-- se poursuit à un rythme soutenu.
A Rabat, le président du Knesset a appelé à "approfondir et renforcer" cette coopération notamment en ouvrant des ambassades dans les deux pays qui ne disposent que de bureaux de liaisons.
Par ailleurs, le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita s'est entretenu mercredi à Rabat avec le conseiller à la Sécurité nationale d'Israël, Tzachi Hanegbi, selon l'agence de presse marocaine MAP. Les deux responsables "se sont félicités de la dynamique soutenue de renforcement de la coopération" bilatérale, selon MAP.
Toutefois, ce rapprochement tous azimuts se heurte dans une partie de l'opinion publique marocaine à l'accession au pouvoir en Israël de courants ultra-nationalistes, hostiles à tous pourparlers avec les Palestiniens.
Mercredi, une cinquantaine de personnes ont manifesté devant le Parlement à Rabat contre la venue d'Amir Ohana à l'appel du Front marocain de soutien à la Palestine.
Rabat affirme régulièrement son attachement à la cause palestinienne, qui continue de susciter une immense sympathie au sein de la population marocaine.