BRUXELLES: Les ministres des Affaires étrangères de l'Union Européenne ont déclaré lundi que la Turquie n’a pas aidé à résoudre le litige sur les ressources de gaz naturel dans l'est de la Méditerranée, mais ont laissé au sommet européen, qui doit avoir lieu jeudi, la décision sur d’éventuelles sanctions.
Les 27 ministres, chargés d'évaluer les motifs des sanctions économiques contre Ankara, ne sont pas allés au-delà du fait que la Turquie a aggravé les tensions depuis octobre, lorsque les dirigeants de l'UE avaient menacé d'imposer des mesures punitives en décembre.
«Malheureusement, nous n'avons pas vu beaucoup de progrès ou d'amélioration depuis le dernier Conseil européen», a déclaré à la presse le haut diplomate de l'UE Josep Borrell, se référant au sommet du 1 et 2 octobre, lorsque les dirigeants de l'UE ont donné à Ankara le temps de trouver une solution diplomatique. «Nous n'avons pas vu un changement fondamental de direction dans le comportement de la Turquie. Au contraire, la situation s'est aggravée à plusieurs égards», a déclaré Borrell, qui a présidé la réunion.
La Turquie, alliée de l'OTAN et candidate à l'UE, revendique des ressources gazières également contestées par la Grèce et Chypre, un litige qui a attisé les querelles territoriales sur l'île divisée de Chypre, les frontières maritimes avec la Grèce et l’ensemble de la politique étrangère de la Turquie.
Les États de l'UE citent les incursions turques dans des eaux contestées, la décision de rouvrir une partie d'une ville dans un territoire disputé à Chypre, ainsi qu’un différend avec l'Allemagne au sujet d'un embargo de l’ONU au sujet d’armes à destination de la Libye, comme preuves que la Turquie n'est plus un partenaire fiable.
Le président turc Tayyip Erdogan a déclaré que son pays ne «céderait pas aux menaces et au chantage», mais a réitéré son appel à des négociations au sujet des revendications conflictuelles sur les plateaux continentaux et les droits aux ressources énergétiques potentielles.
Le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias, a déclaré sur Twitter que «la position de la Turquie est un défi à l'Union dans son ensemble», contestant ainsi les observations de son homologue turc faites lundi, selon lesquelles la Grèce et Chypre manipulaient l'UE pour agir contre la Turquie.
Les tensions ont éclaté en août lorsque la Turquie a envoyé un navire de recherche sismologique pour cartographier les zones de ressources énergétiques dans des eaux revendiquées par la Grèce, en vue d’éventuelles expéditions de forage.
L'Allemagne, titulaire de la présidence de l'UE pour six mois, détient la clé de la poursuite des sanctions. Elle avait espéré jouer un rôle de médiateur entre Athènes et Ankara, mais avait exprimé son irritation lorsque la Turquie a repris son exploration gazière au large de Chypre en octobre.
«Il y aura une décision au sommet», a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas après la réunion. «Il y a eu des provocations turques répétées. Le sommet de l'UE devra donc décider de la façon de gérer cette situation.»
Le navire turc au centre du différend, Oruc Reis, est rentré au port la semaine dernière, un geste turc salué par l'UE et l'OTAN. Mais le président du Conseil européen, Charles Michel, a averti la Turquie de ne pas jouer «au chat et à la souris» en renvoyant les navires d'exploration au port juste avant les sommets de l'UE, pour les redéployer après leur achèvement.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com