Sénégal: Baisse progressive des tensions, le bilan passe à 16 morts

Des policiers tirent des gaz lacrymogènes depuis l'arrière d'un pick-up sur des manifestants à Dakar le 1er juin 2023, lors des troubles consécutifs à la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko. (AFP).
Des policiers tirent des gaz lacrymogènes depuis l'arrière d'un pick-up sur des manifestants à Dakar le 1er juin 2023, lors des troubles consécutifs à la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko. (AFP).
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Publié le Dimanche 04 juin 2023

Sénégal: Baisse progressive des tensions, le bilan passe à 16 morts

  • La présence des forces de sécurité un peu diminuée dimanche à Dakar où de nombreux magasins restent fermés
  • M. Sonko donne un bilan de 19 morts parmi les manifestants

DAKAR: La tension retombe progressivement au Sénégal où des coups de moindre intensité ont fait une nouvelle victime samedi, portant à 16 le nombre officiel de morts depuis la condamnation jeudi de l'opposant sénégalais Ousmane Sonko à deux ans de prison.

Les Sénégalais continuent de redouter une arrestation du candidat déclaré pour la présidentielle de 2024. Alors que les camps de M. Sonko et du président Macky Sall se rapportent la responsabilité des violences et des morts, le gouvernement a décidé de couper "temporairement" internet sur les téléphones.

Dans un communiqué de dimanche, le Pastef, parti de M. Sonko, a condamné "la répression meurtrière des forces de défense et de sécurité" et accuse le pouvoir d'utiliser "des milices privées" pour "mater" les populations civiles. Il donne un bilan de 19 morts parmi les manifestants.

Il continue d'exhorter les Sénégalais "à se défendre par tous les moyens et à riposter".

Le gouvernement dénonce pour sa part les "actes de vandalisme et de banditisme", œuvre des partisans de M.Sonko soutenus par des "forces occultes", "des étrangers" venus "déstabiliser le pays" et le "plonger dans le chaos". Il affirme que certains manifestants sont armés. Le ministre de l'Intérieur a annoncé samedi avoir mené quelque 500 arrestations.

La présence des forces de sécurité un peu diminuée dimanche à Dakar où de nombreux magasins restent fermés. Plusieurs quartiers qui avaient connu des accès de violence jeudi et vendredi dans la capitale sont restés calmes samedi.

Le ministère de l'Intérieur a communiqué dimanche sur une "nette baisse des points de tension et des arrestations". "Beaucoup d'activités ont repris hier (samedi) soir et ce (dimanche) matin avec la fin de l'interdiction de la circulation des motocycles", at-il ajouté.

Des poubelles, qui commençaient à s'entasser dans certains quartiers de la capitale, ont été ramassées.

Coupé Internet
Mais le gouvernement a suspendu dimanche internet sur les téléphones "en raison de la diffusion de messages haineux et subversifs", alors que les réseaux sociaux, comme WhatsApp, Facebook ou Twitter, étaient déjà indisponibles.

"L'internet des données mobiles est suspendu temporairement sur certaines plages horaires", dit un communiqué du ministère de la Communication, des télécommunications et de l'économie numérique.

Des manifestations spontanées ont suivi jeudi la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko, candidat déclaré pour la présidentielle de 2024, et condamné à deux ans de prison ferme pour avoir poussé à la "débauche" une jeune femme de moins de 21 ans.

Cette décision le rend pour l'heure inéligible. M. Sonko, populaire auprès des jeunes, crie depuis le début de l'affaire à un complot du président Macky Sall pour l'éliminer politiquement.

Le ministre de la Justice a déclaré que l'opposant pouvait être arrêté "à tout moment". Cette éventuelle arrestation pourrait relancer le cycle de violences.

Ousmane Sonko s'est dit "séquestré" dans sa résidence de Dakar par des forces de sécurité qui empêchent d'approcher. Il n'a pas pris la parole publiquement depuis sa condamnation.

Décision de justice
Dimanche, le garde des Sceaux, Ismaila Madior Fall a rappelé sur une radio locale que "l'exécution de la décision de la justice incombe au parquet". Or, il a été expliqué que la décision de justice n'était pas encore rédigée.

Il n'y a pas de délai pour l'exécution de la décision de justice mais elle a vocation à être appliquée, at-il dit.

Samedi soir, un des chefs de fil de la coalition de l'opposition, le maire de Dakar Barthélémy Dias, a appelé le président Macky Sall à s'exprimer et à renoncer à une candidature à un troisième mandat.

Après plusieurs déclarations dans lesquelles il affirmerait qu'il ne se présenterait pas en 2024, Macky Sall laisse désormais planer le doute sur une candidature. Ses opposants estiment qu'il finit ses deux mandats légaux.

Les appels à la retenue et au dialogue se sont multipliés ces deux derniers jours, de la part de plusieurs pays, comme la France ou les Etats-Unis, d'organisations internationales et de personnalités sénégalaises, tels que le chanteur Youssou N'Dour ou le footballeur Sadio Mané.


Un enfant meurt chaque jour en tentant de franchir la Méditerranée centrale, selon l'Unicef

Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
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  • Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.
  • Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages.

ROME : Selon un rapport publié mardi par l'Unicef, environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.

L'Unicef se fonde sur le fait que parmi les personnes arrivées sur le sol européen par cette voie migratoire, un sur six est un enfant, pour estimer ce chiffre.

Ce chiffre pourrait être sous-estimé, car de nombreux naufrages passent inaperçus, faute de survivants pour témoigner.

Par ailleurs, sept enfants sur dix voyagent seuls, sans leurs parents, selon l'agence onusienne chargée des enfants.

« Beaucoup d’enfants qui tentent de traverser la Méditerranée centrale fuient la guerre, les conflits, la violence et la pauvreté », indique le rapport, précisant que « plus de la moitié des enfants et des jeunes interrogés déclarent avoir subi des violences physiques et un tiers affirment avoir été détenus contre leur gré ». 

« Les gouvernements doivent protéger les droits et l'intérêt supérieur des enfants (...). Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages : ils accompagnent les enfants lorsqu’ils les traversent », a déclaré Regina De Dominicis, haut responsable de l'Unicef, citée dans le rapport.

L'agence onusienne rappelle que si l’adoption du Pacte européen sur la migration et l’asile devant entrer en vigueur mi-2026 « peut permettre de mieux organiser la gestion des migrations, ce dernier doit être mis en œuvre en parfaite conformité avec les obligations légales de défense de l'intérêt supérieur de l’enfant ».

L'Unicef appelle également à renforcer les opérations de recherche et de sauvetage en mer pour prendre en compte les besoins spécifiques des enfants. 

« À son arrivée, chaque enfant doit immédiatement bénéficier d'une représentation juridique ainsi que de solides mesures de protection. Les mesures de restriction des déplacements ne doivent jamais entraîner la détention d'un enfant dans un centre de rétention, que ce soit lors des procédures de contrôle, de passage des frontières, de demande d’asile ou de renvoi », conclut l'Unicef. 


La Turquie cherche à renforcer son ancrage sur le continent africain

Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
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  • La Turquie cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits.
  • Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

ANTALYA, TURQUIE : La Turquie, qui pousse ses pions en Afrique depuis plusieurs années, cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits, à la faveur notamment du retrait de la France et des États-Unis.

Témoignage des efforts d'Ankara pour consolider son ancrage sur le continent, un forum diplomatique organisé ce week-end à Antalya, dans le sud de la Turquie, a réuni, aux côtés du président syrien Bachar el-Assad, des ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères, ainsi que de nombreux responsables africains, dont le chef de l'État somalien.

« Les pays africains cherchent des alternatives et la Turquie en représente une », a affirmé à l'AFP Eghosa Osaghae, directeur général de l'Institut nigérian des affaires internationales (NIIA), présent à Antalya. 

Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

Selon M. Osaghae, la capacité d'Ankara à combler le vide laissé par la France, dont de nombreuses anciennes colonies se sont détournées ces dernières années, « dépendra en grande partie de l'attrait des offres turques ».

« Nous entretenons avec la France des relations dont nous sommes très fiers, mais la France ne nous empêche pas d'avoir d'autres partenariats », a déclaré à l'AFP Léon Kacou Adom, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, lors du forum d'Antalya.

Le pays d'Afrique de l'Ouest, ancienne colonie française, souhaite collaborer avec la Turquie dans tous les secteurs, notamment le commerce, la communication, la sécurité, l'éducation et la formation, a-t-il souligné.

« Tout cela nous intéresse (...). La Turquie nous fait des offres que nous étudions », a-t-il ajouté.

- « Solutions aux problèmes africains » -

De nombreux pays africains sont confrontés à des menaces sécuritaires, émanant de groupes comme Boko Haram ou les shebab somaliens.

« Si la Turquie peut apporter son aide dans ces domaines, pourquoi pas ? », estime M. Osaghae. « Le point positif est que de nombreux pays africains coopèrent déjà militairement avec la Turquie. Cela peut être la pierre angulaire de l'influence turque », relève-t-il.

La Turquie, qui a proposé en janvier sa médiation entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, a signé ces dernières années des accords de défense avec plusieurs États africains dont la Somalie, la Libye, le Kenya, le Rwanda, l'Éthiopie, le Nigeria et le Ghana.

Ces accords ont ouvert des marchés à l'industrie de défense turque, notamment pour ses drones réputés fiables et bon marché.

« Nous nous efforçons de faire en sorte que l'Afrique trouve ses propres solutions aux problèmes africains », affirme Alp Ay, diplomate turc et représentant spécial d'Ankara dans les négociations entre la Somalie et la région séparatiste du Somaliland.

Selon un haut diplomate somalien, Ankara a joué « un rôle très utile en parvenant à réunir les deux pays pour résoudre ce problème ». « L'Afrique a désespérément besoin de médiateurs », résume pour sa part le politologue nigérian Eghosa Osaghae.

Si la responsabilité du respect de l'accord incombe désormais aux deux parties, la Turquie continuera toutefois de jouer son rôle de facilitateur, souligne le diplomate turc Alp Ay, qui envisage l'avenir avec « espoir ».

Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu avec son homologue somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, samedi à Antalaya.

Au cours de leur rencontre, les deux hommes ont promis d'« accroître la coopération » entre les deux États, selon Ankara, qui dispose déjà d'un droit d'exploration des ressources énergétiques le long des côtes somaliennes. 


Zelensky exhorte Trump à se rendre en Ukraine pour voir les ravages de la guerre

Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
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  • « Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 
  • En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

WASHINGTON : le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté dimanche son homologue américain Donald Trump à se rendre dans son pays pour mieux comprendre la dévastation causée par l'invasion russe. 

« Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 

En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

Cette invitation intervient alors que M. Trump fait pression pour mettre rapidement un terme à ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, les États-Unis ayant engagé des discussions directes avec la Russie malgré ses attaques incessantes contre l'Ukraine.

Washington a également discuté d'une éventuelle trêve avec des responsables ukrainiens.

Cette invitation fait suite à la vive polémique qui a éclaté à la Maison Blanche fin février entre le président ukrainien, M. Zelensky, et le vice-président américain, M. JD Vance, devant la presse.

M. Vance avait alors accusé l'Ukraine d'accueillir des dirigeants étrangers pour faire de la propagande en vue de gagner leur soutien. 

M. Zelensky a nié une nouvelle fois cette allégation et a déclaré à la chaîne CBS que si M. Trump décidait de se rendre en Ukraine, « nous ne préparerons rien, ce ne sera pas du théâtre ». Ce ne sera pas du théâtre. »