Russie: l'Eglise dépouille les musées, avec la bénédiction du Kremlin

Photo du sarcophage en argent d'Alexandre Nevski, prince médiéval et héros national, au musée national de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, le 24 mai 2023. (Photo, AFP)
Photo du sarcophage en argent d'Alexandre Nevski, prince médiéval et héros national, au musée national de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, le 24 mai 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 02 juin 2023

Russie: l'Eglise dépouille les musées, avec la bénédiction du Kremlin

  • Si le transfert de ces trésors nationaux à l'Eglise contente les croyants, les experts de l'art dénoncent une démarche politique mettant en péril l'avenir de pièces aussi précieuses que fragiles
  • Le choc arrive mi-mai lorsque le Patriarcat annonce la décision du président Vladimir Poutine de lui céder par décret l'icône de La Trinité d'Andreï Roublev, véritable emblème national datant du XVe siècle

MOSCOU: Ces dernières semaines, les deux principaux musées russes ont annoncé céder deux de leurs artefacts les plus célèbres à l'Eglise, signe de son influence croissante auprès du Kremlin qui compte sur son appui en plein conflit en Ukraine.

Si le transfert de ces trésors nationaux à l'Eglise contente les croyants, les experts de l'art dénoncent une démarche politique mettant en péril l'avenir de pièces aussi précieuses que fragiles.

Le choc arrive mi-mai lorsque le Patriarcat annonce la décision du président Vladimir Poutine de lui céder par décret l'icône de La Trinité d'Andreï Roublev, véritable emblème national datant du XVe siècle.

La plus mystérieuse des icônes russes, dont l'harmonie parfaite attire les foules depuis un siècle à la galerie Tretiakov de Moscou, doit être exposée à partir du 4 juin dans la Cathédrale du Christ-Sauveur, près du Kremlin.

La peinture doit ensuite rejoindre son monastère d'origine de la Trinité-Saint-Serge à Seguiïev Possad, le "Vatican russe" situé à 70 km de Moscou.

Presque au même moment, le célèbre musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg (nord-ouest) annonce céder le tombeau du prince Alexandre Nevski, véritable héros national ayant vécu au XIIIe siècle, au monastère qui l'abritait avant la révolution bolchévique.

"En ce moment géopolitique (...), la valeur sacrale du monument est plus importante que sa valeur artistique", justifie le directeur de l'Ermitage, Mikhaïl Piotrovski.

«Socle» national

Ces dons présidentiels s'inscrivent dans le contexte de l'offensive de Moscou en Ukraine, activement soutenue par le chef de l'Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, un allié de M. Poutine.

En transférant ces reliques à l'Eglise, le président "veut rendre à la Russie son socle", déclare à l'AFP Léonid Kalinine, jusqu'à récemment chargé de l'art religieux au Patriarcat.

Comme il y a plusieurs siècles, les symboles religieux font en effet pleinement partie du conflit.

En avril, lors d'un déplacement dans une région du sud de l'Ukraine occupée par les Russes, M. Poutine offre aux soldats la copie d'une icône dont l'original est expédié dans une église dédiée aux forces armées.

Dans ce contexte, La Trinité de Roublev, avec ses trois anges assis à une table autour d'une coupe commune, devient un symbole de l'unité du pays.

"Contempler La Trinité de Roublev aidait les princes russes à surmonter la discorde du monde", explique à l'AFP Lev Lifshits, 80 ans, auteur de nombreux ouvrages sur l'art russe ancien.

En juillet dernier, cette icône avait déjà été exposée pendant trois jours au monastère de la Trinité-Saint-Serge.

Alliance Kremlin-Eglise

Mais face aux défenseurs de l'art, l'Eglise peut compter sur un atout maître: Vladimir Poutine, qui compte sur l'aide du Patriarcat pour rallier la population en plein conflit avec Kiev.

L'alliance entre le Kremlin et l'Eglise en temps de troubles n'est pas nouvelle: en 1943, malgré l'athéisme officiel, Staline "réhabilite le clergé orthodoxe et rouvre 10 000 églises" en URSS, relève M. Kalinine.

Selon une légende très répandue en Russie, Staline aurait même fait survoler Moscou par un avion transportant une icône miraculeuse, pour unir la nation en guerre contre l'Allemagne nazie.

Dans ce contexte, pour M. Lifshits, le transfert de La Trinité de Roublev à l'Eglise est "politique".

"Cette décision du Kremlin signifie que la situation politique y est perçue comme extrêmement sérieuse", renchérit le politologue russe Guéorgui Bovt.

"Toujours pas de victoire (sur l'Ukraine), l'armée n'est pas de taille, il ne reste plus à Poutine que demander à Dieu de l'aider", comme les souverains d'antan, résume-t-il pour l'AFP.

«Risque» pour les oeuvres

Mais les experts de l'art s'alarment avant tout du danger qui pèse sur les oeuvres transférées à l'Eglise, où les conditions de conservation seront moins professionnelles.

Le transfert de La Trinité de Roublev "risque de la détruire", prévient M. Lifshits. Après l'exposition de l'icône au monastère en juillet, les experts avaient relevé 61 signes de détérioration, malgré la capsule de protection.

Si elle quitte de nouveau son musée, "la prochaine génération ne la verra plus dans son aspect actuel", explique à l'AFP l'experte Lilia Evseeva du Musée des Icônes à Moscou.

La restitution de cet artefact à l'Eglise provoque une mobilisation de l'Académie russe des Sciences: la semaine dernière, une vingtaine de savants ont dénoncé son "état désastreux" rendant "impossible et inadmissible" tout son déplacement.

Signe de la crispation qui entoure ce débat, le prêtre Léonid Kalinine a été brutalement écarté de ses fonctions la semaine dernière, après avoir suggéré d'exposer une copie de La Trinité dans la cathédrale, en attendant qu'une capsule de protection performante soit créée.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.